Dans l'Antiquité, une liste des dix plus grands orateurs avait été fixée, elle associait des hommes des Ve et IVe s. av. J.-C. et comprenait Antiphon, Andocide, Lysias, Isocrate, Isée, Eschine, Lycurgue, Démosthène, Hypéride et Dinarque. Un ouvrage faussement attribué dès l'époque romaine à Plutarque, intitulé Vie des dix orateurs, apporte des informations biographiques pour chacun d'entre eux. Il s'agit en fait d'une oeuvre composite et collective dont la rédaction s'étend de la deuxième moitié du Ier s. ap. J.-C. à la fin du IIe s. ap. J.-C. La qualité de ces biographies est inégale car celles-ci s'informent souvent à des sources de deuxième main.
La vie de Lycurgue se singularise quelque peu de cet ensemble en puisant à une meilleure documentation. L'auteur s'est visiblement informé à une biographie rédigée par un contemporain de Lycurgue et disciple d'Isocrate dénommé Philiscos. Par ailleurs, un décret cité a pu être confronté à sa référence grâce à sa découverte épigraphique (IG II2 457 et 513), démontrant la fiabilité de la citation.
C'est de cette biographie que proviennent les extraits. Lycurgue, homme d'État athénien vécut entre environ 390 et 324. Ainsi que le démontre le texte du pseudo-Plutarque, il joua un rôle de premier plan entre 338 et sa mort au point qu'on parle d'époque de Lycurgue comme il y eût par le passé un temps de Périclès.
Le contexte politique dans lequel Lycurgue évolue est une période intense pour Athènes et les figures qui dominent le temps le démontrent : il est en effet, à quelques années près, le contemporain de Démosthène, d'Hypéride et de Démade. L'évocation de ces noms nous situe au moment où Philippe II (360/336) impose l'hégémonie macédonienne à la Grèce et où Alexandre (336-323) la conforte. Lorsque Lycurgue occupe le devant de la scène, en 338, le moment est délicat puisque Athènes et ses alliés viennent de subir la défaite de Chéronée qui signe la victoire de Philippe face aux cités. Pourtant Athènes connaît un remarquable redressement dont notre orateur semble être largement l'artisan (...)
[...] Les Athéniens face à Lycurgue Les marques de reconnaissance s'étalent entre le vivant de Lycurgue et sa carrière post-mortem. Toutes marquent l'attachement à l'homme et en font peut-être un symbole. Le premier témoignage de cette reconnaissance intervient en 335 : Lycurgue ne fut pas livré à Alexandre par les Athéniens (l.22-23). Cet épisode survient au moment où Thèbes s'est révoltée, Athènes s'est compromise et après la chute de Thèbes, Alexandre réclama la tête de dix stratèges et orateurs antimacédoniens (dont Charidème, Lycurgue, Démosthène et Hypéride). [...]
[...] Enfin, le titulaire de cette magistrature, comme tout magistrat, a nécessité de rendre des comptes (euthynai) (l. 32-34) en sortie de charge. Cette reddition de compte est déterminante dans le cadre des magistratures financières car elle doit permettre d'évaluer l'honnêteté de l'administration. Lorsque le ps. Plutarque explique que la reddition de comptes se fit au Métrôon et au Bouleutérion, il nous situe dans les lieux réels pour ce type d'opérations de contrôle. Lycurgue exerça cette magistrature 12 années durant exercices de 4 ans) l entre 338 et 324, date de son décès. [...]
[...] L'administrateur à la tête des finances L'action politique de Lycurgue se fit en tant qu'intendant des finances publiques (l. 11). Le terme exact est ho épi tèi dioikèsei préposé à l'administration, l'autre terme générique qui apparaît dans les sources est celui tamias terme dont le sens est équivalent à l'expression précédente. Cette fonction est mal connue, d'autant qu'Aristote, dans l'Athénaiôn politéia, ouvrage qui décrit les institutions d'Athènes du temps de Lycurgue, n'en dit mot. Le texte permet néanmoins de préciser certains aspects. [...]
[...] Migeotte, L'emprunt public dans les cités grecques, Québec et Paris Dans l'Antiquité, une liste des dix plus grands orateurs avait été fixée, elle associait des hommes des Ve et IVe s. av. J.-C. et comprenait Antiphon, Andocide, Lysias, Isocrate, Isée, Eschine, Lycurgue, Démosthène, Hypéride et Dinarque. Un ouvrage faussement attribué dès l'époque romaine à Plutarque, intitulé Vie des dix orateurs, apporte des informations biographiques pour chacun d'entre eux. Il s'agit en fait d'une œuvre composite et collective dont la rédaction s'étend de la deuxième moitié du Ier s. ap. J.-C. à la fin du IIe s. ap. J.-C. [...]
[...] Si le sang a conditionné en partie la carrière de Lycurgue, son éducation ne fut pas non plus sans importance. B. Des études auprès des plus grands Henri Irénée Marrou, dans son histoire de l'Éducation dans l'Antiquité, attribuait deux pères à la paidéia grecque : Platon et Isocrate, les comparant aux colonnes du Temple à la fois opposées et complémentaires. Il se trouve que Lycurgue reçut l'enseignement de l'un et de l'autre à 5). Il fut disciple de Platon qui lui enseigna la philosophie. [...]
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