Le texte, ici présenté évoque la rencontre de ceux que l'on appellera « les amants du Nil ». Il s‘agit d'un extrait des Vie Parallèle de Plutarque.
Plutarque est né à Chéronée en Béotie vers 06 après Jésus-Christ, il est mort vers 125. C'est un philosophe de la Grèce antique, que l'on peut ranger dans le moyen-platonisme. Durant sa vie, Plutarque écrit de nombreux ouvrages.
Le texte qui nous est ici présenté est issu d'une autre de ses œuvres intitulées Vies parallèles des hommes illustres, dans laquelle il rassemble 50 biographies, dont 46 présentées par paire, en opposant un grec et un romain célèbres (par exemple Alexandre le Grand et César). On date ces biographies entre 100 et 110 après Jésus-Christ. La biographie de Marc Antoine en fait partie, mise en parallèle avec celle de Démétrius I°, roi de Macédoine du IV° siècle avant Jésus Christ. Plutarque tient ses informations de sa famille, étant donné qu'il n'est pas contemporain des faits. L'objectif de Plutarque est à chaque fois de dégager le portrait moral plutôt que de rapporter les événements politiques de l'époque.
[...] Mais elle refusa et l'invita à monter dans son bateau ; Antoine, conquis par son charme, la suivit docilement. Elle avait tout préparé de faon si magnifique C'est sûr de son effet que la reine osa lui répondre qu'elle attendait la première l'honneur de sa visite. Renforçant ainsi sa position dominante. Le lendemain, Antoine, l'invita à son tour essayant de la surpasser en luxe et en éclat ; mais il fut inférieur en tous et dut s'avouer vaincu, se moquant lui-même de la médiocrité de son festin »ligne 18 à 20. [...]
[...] Mais Cléopâtre remettait, sachant bien que l'attente accroîtrait le prix de sa venue et enflammerait les désirs du Romain. Celui-ci écrivit lui-même plusieurs fois pour la presser. Cléopâtre céda enfin, non sans avoir prélevé sur son trésor et fait porter à bord de son vaisseau de magnifiques présents dans le but de faire une entrée remarquée. Elle arriva tranquillement en bateau, naviguant sur le Cydnus, dans un vaisseau dont la poupe était en or, les voiles pourpres et les rames d'argent . [...]
[...] A l'époque d'Alexandre le Grand et de ses successeurs immédiats, c'était la valeur guerrière qui qualifiait le souverain ; ce qui n'empêchait pas l'exaltation et l'immodestie de faire partie intégrante du comportement du roi, comme le remarque Plutarque dans la vie de Démétrios (qui est mise en parallèle avec celle d'Antoine). C'était en revanche l'excès de faste qui était devenu constitutif de la fonction et du charisme du souverain. Ce luxe inimitable atteignit son paroxysme sous le règne de Cléopâtre. La reine ne quittait pas Alexandrie sans ses trésors qu'elle faisait charger sur ses navires. [...]
[...] Le texte évoque donc la rencontre de Marc Antoine, un Romain né en 83 avant Jésus Christ, tribun de la Plèbe en 49 et consuls en 44 avec la reine Cléopâtre VII d'Egypte, né en 69 à Alexandrie. Cléopâtre est la fille de Ptolémée XII, roi d'Egypte et d'une concubine, cette bâtardise n'handicape pas Cléopâtre, mais au contraire cultive le mystère de ses origines. Elle accède au trône d'Egypte en 46 grâce au mariage réalisé avec son frère, car dans la tradition égyptienne une femme ne peut gouverner seule. Antoine et Cléopâtre se rencontrent en 41 avant Jésus-Christ dans la ville de Tarse. [...]
[...] Si Cléopâtre est une séductrice, ce n'est pas malgré elle. Bien au contraire, Dion Cassius, un historien antique, en fait une excellente actrice, en pleine possession de ses moyens, utilisant la séduction comme une arme pour parvenir à ses fins. C'est que la reine est avant tout démesurément ambitieuse et insatiable. Nous savons qu'elle a une présence forte et du charme, qu'elle dégage une puissante séduction et que cela est complété par une voix ensorcelante ainsi qu'un esprit brillant et cultivé[]. [...]
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