Caton l'Ancien, XX 1-8, Plutarque, source romaine, Oeuvres morales, valeurs de la famille romaine, époux et père, paterfamilias, biographie antique, domus, domaine privé
La personnalité de Caton l'Ancien est source de désaccord chez les auteurs antiques. Si Cicéron le voit comme un vieillard tendre et de bonne compagnie dans son "De senectute", et comme le souligne l'évêque de Saint-Denis dans "L'information littéraire" : "Cicéron l'a apprivoisé, domestiqué, humanisé, idéalisé, sophistiqué", Plutarque lui n'a pas allégé ni affadi ce personnage dont la nature est en réalité beaucoup plus rude. Plutarque est un historien, penseur et moraliste romain d'origine grecque puisqu'il naquît vers 46 après Jésus-Christ à Chéronée en Béotie d'une famille riche et cultivée, puis mourut aux alentours de 125 après Jésus Christ.
Se limiter à sa seule condition d'historien serait omettre une énorme partie du travail de Plutarque représentant un ensemble de traités de morale, de pédagogie, de psychologie et de critique littéraire rassemblés en les "Moralia" (Œuvres morales). Son travail historique se retrouve quasi essentiellement dans "La vie parallèle des hommes illustres", compilation de cinquante biographies dont quarante-six marchent par paire, c'est-à-dire qu'il oppose les vies d'un Grec et d'un Romain célèbres.
[...] Aussi, Plutarque est postérieur à la vie de Caton l'Ancien, dont on estime qu'il vécut probablement de 234 à 149 avant Jésus Christ. Donc l'auteur vécut sous l'Empire tandis que Caton l'Ancien était un homme de la République. En effet Caton l'Ancien (pour le différencier de son arrière petit-fils Caton d'Utique) ou encore Caton le censeur, fut un brillant homme politique, soldat pendant la 2ème guerre punique avant de franchir toutes les étapes du cursus honorum, ainsi qu'un écrivain romain. [...]
[...] Néanmoins s'il est un trait de sa personne moins discuté que les autres, c'est bien son fort attachement à la vertu et aux anciennes valeurs romaines. Ainsi nous en étions arrivés à nous poser la question de savoir en quoi Plutarque, à travers le portrait de Caton l'Ancien, s'attachait t-il à illustrer les vertus du paterfamilias, et plus encore de la famille, si conformes à la tradition romaine. Cela passe donc par l'accent mis par Caton l'Ancien au cours de sa vie sur son comportement dans le domaine privé, avec sa famille. [...]
[...] - PLUTARQUE, Vies. Aristide-Caton l'Ancien, Philopoemen-Flamininus, Tome V. Paris : Les Belles Lettres pages. - LACAM, Jean-Claude, La République romaine. Des années d'or à l'âge de sang. Paris : Ellipses pages. - MOREAU, Tiphaine et VAUGHAN, Géraud fiches d'histoire romaine, 2ème édition. [...]
[...] Toujours est-il que l'on observe la volonté chez Caton l'Ancien de transmettre lui-même à son fils son savoir et l'histoire de Rome. Par là, il souhaite parfaire son éducation et donner à son fils un maximum de clés pour devenir un grand homme. En outre, mis à part la transmission du savoir et l'entretien sportif, Caton l'Ancien veille à inculquer les valeurs de la société romaine en se conduisant convenablement avec son fils. Dans ce cadre il évitait ( ) tout propos malséant en présence de l'enfant ligne 19, et pour accentuer cette idée de bonne conduite, Plutarque nous précise même lignes 19-20 : avec autant de soin qu'il l'eût fait en présence des vierges consacrées que l'on nomme Vestales Les Vestales sont au nombre de six, ce sont les prêtresses de la déesse Vesta, déesse du foyer public qui incarne l'Etat romain. [...]
[...] L'éducation donnée à son fils ainsi que ses rapports et ses principes conjugaux y sont dépeints. Dès lors en quoi Plutarque, à travers le portrait de Caton l'Ancien, s'attache t-il à illustrer les vertus du paterfamilias, et plus encore de la famille, si conformes à la tradition romaine ? Pour répondre à cette question, il conviendra d'étudier dans un premier temps la vision sacrée et primordiale de la famille qui nous est livrée dans cet extrait, puis nous verrons la place spécifique de la femme dans la maison, avant de s'atteler à l'étude de l'éducation donnée par Caton l'Ancien à son fils. [...]
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