Apologétique, Tertullien, pouvoir impérial, christianisme, religion romaine, religion traditionnelle, religion universelle, dieu
L'apologétique de Tertullien, écrite en 197, dont est issu notre extrait, s'inscrit dans la lignée de ces textes théologiques. À l'époque de sa parution, nous sommes au tout début du règne de Septime Sévère, qui, tout comme ses prédécesseurs Marc-Aurèle et Commode - du moins, au début de son règne -, applique les termes du rescrit de Trajan. Selon ce rescrit, être arrêté comme chrétien, l'avouer et refuser d'abjurer sa foi est passible de la peine de mort. Cependant, dans le même temps, la nouvelle religion commence tout de même à inspirer un certain respect ; les premières églises ont été érigées, sûrement grâce à la conversion de familles patriciennes qui n'hésitent pas à effectuer des donations de terrains et de biens. En quoi l'apologétique de Tertullien porte-t-il à la perfection les idées des apologistes ?
[...] Par là, on voit transparaître d'ailleurs une fois de plus le désir de jeter le discrédit sur les Romains adeptes de la religion de l'empire. En effet, il accuse les honneurs rendus par les autres romains d'être « mensongers » et qualifie la religion chrétienne de « sincère ». Ce qui revient donc à accuser les Romains d'hypocrisie. D'ailleurs, la seconde partie du paragraphe 35 est directement une contre-attaque envers les détracteurs de la religion chrétienne : c'est ce que nous allons aborder à présent. Tertullien a défendu la religion chrétienne ; mais il a aussi plusieurs fois critiqué les païens. [...]
[...] Par là, Tertullien met donc en lumière une des nombreuses contradictions des romains adeptes de la religion traditionnelle ; ils sont censés être frugaux dans leurs appétits, mais ils sont adeptes des orgies et autres formes de débauche. En cela, ils ne seraient pas les meilleurs, ni les plus fidèles citoyens de l'empereur. Ils seraient même plus les félons ; en effet, Tertullien nous rappelle dans ce même paragraphe que ce ne sont pas les chrétiens qui complotent contre l'empereur, mais plutôt les romains attachés attachés à la religion traditionnelle. [...]
[...] Le titre d'Augustus signifie, par définition, « le plus illustre » ou encore « vénérable ». Ainsi, selon les Romains, être divinisé ajoute à la grandeur d'un empereur. Tertullien doit donc également contrer cet argument. Il rappelle donc qu'être un empereur, c'est être déjà le plus grand des hommes. « Il lui suffit d'être appelé empereur ; c'est aussi un grand nom que celui-là, car il est donné par Dieu ». Il rappelle également qu'Auguste, le premier des empereurs, a refusé la divinisation de son vivant et n'a pas renié sa condition humaine. [...]
[...] Nous sommes en effet à la fin du second siècle, le christianisme n'est plus, comme au départ, la religion des esclaves et des gens les plus humbles : des familles patriciennes et autres gens d'importance sont désormais convertis à cette religion. Il cite que les chrétiens sont présents dans « les villes, les îles, les postes fortifiés, les municipes, les bourgades, les camps eux-même, les tribus, les décuries, le palais, le sénat, le forum ». Ainsi, Tertullien fait comprendre à son lecteur que si les chrétiens n'avaient pas le pacifisme pour premier principe, l'empereur serait probablement déjà renversé. [...]
[...] Il souligne là l'absurdité que constitue le fait de les combattre. De plus, cela conforte une idée qui était déjà présente dans le paragraphe 34 : les chrétiens sont libres vis-à-vis de l'empereur, car ils n'ont qu'un seul maître qui est dieu. Mais suivre la volonté de Dieu impliquant de servir celui qui représente l'autorité sur terre, il ne leur viendrait donc pas à l'esprit de se rebeller contre l'empereur. En acceptant l'existence des chrétiens, l'empereur, bien loin d'affaiblir son pouvoir, devrait au contraire le renforcer, puisque tous les chrétiens de l'empire lui offrent une soumission volontaire, qu'il n'a pas besoin d'obtenir par la force. [...]
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