Dans sa Vie d'Alexandre, Plutarque rapporte les mots du jeune fils de Philippe, qui, apprenant les exploits répétés de son père s'indignait : « Mes amis, mon père prendra tout avant moi et il ne me laissera rien de grand ni de glorieux à faire un jour avec vous. ». Au-delà de la véracité ou non de ces propos, l'auteur met en exergue les ambitions démesurées de gloire qui animent les deux monarques.
Le texte que nous allons étudier est extrait de l'Anabase d'Arrien que l'on peut aussi trouver sous le titre Expédition d'Alexandre. Son auteur est un historien romain de culture et de langue grecque du IIème siècle après J.-C. Bien qu'ayant suivi l'enseignement d'Epictète et embrassé une carrière militaire au sein de l'empire romain, Arrien est essentiellement connu pour être l'historien d'Alexandre.
[...] Toutefois, l'arrivée de Philippe, dans un contexte grave, donne une nouvelle impulsion au royaume. Par des réformes sociales et essentiellement militaires, il parvient à redresser la Macédoine. Il s'illustre par son habileté diplomatique et impose la voix macédonienne dans les affaires grecques. Se dessinent alors les contours d'une politique expansionniste dirigée autour de trois axes (au nord, à l'est et au sud). De circonstances favorables en campagnes victorieuses, Philippe parvient à réunir la Grèce sous l'étendard macédonien. Bien loin de la brute avinée raillée par Démosthène, Philippe s'impose comme un merveilleux stratège. [...]
[...] Nous retiendrons plutôt l'itinéraire et les dynamiques qui conduisent la Macédoine à dominer la Grèce. Dans cette perspective, intéressons-nous au premier expansionnisme macédonien au départ duquel on retrouve l'intrigue de la 3ème guerre sacrée. Rappelons qu'en 357, Thèbes obtient la majorité au Conseil amphictionique de Delphes (organisation assurant l'administration du sanctuaire et pourvue d'une fonction judiciaire dans les affaires religieuses) à la faveur d'une stabilisation des relations entre les différents acteurs thessaliens. Du haut de leur majorité, les Thébains condamnent les Phocidiens, adversaires de Delphes (dont la cité se situe sur le territoire civique de la Phocide) et ennemis traditionnels des Thessaliens et d'eux-mêmes, à une forte amende de 500 talents. [...]
[...] L'irrésistible macédonien peut alors achever la réalisation de ses desseins. Ne se dressent plus qu'Athènes et Thèbes sur sa route, n'évoquant pas même Sparte qui n'intervient quasiment plus dans les affaires grecques. Ainsi, Alexandre consacre la dernière partie de son discours à ces derniers bastions de résistance. Lorsqu'il évoque qu'ils ne cessaient d'épier l'occasion de nuire à la Macédoine (l.19), il se réfère aux multiples différends qui ont entaché les relations entre les deux cités et le royaume depuis des temps bien antérieurs au règne de Philippe. [...]
[...] Il ne manque plus à Philippe qu'à consacrer son hégémonie sur la Grèce. Il impose une garnison à Thèbes et renverse sa constitution au profit d'une oligarchie de 300 individus. Un vent de panique s'empare d'Athènes qui prend des mesures extraordinaires (elle offre la citoyenneté aux métèques et leur liberté aux esclaves qui s'enrôleront dans l'armée). Cependant, la paix, dite de Démade, est conclue avec le Macédonien. Si la Seconde Confédération maritime d'Athènes est dissoute, sa chôra n'est pas envahie. [...]
[...] En outre, Philippe dote sa phalange d'une pique de 5 à 6 mètres en bois de Cornouiller : la sarisse. En plus de conférer au soldat une plus grande mobilité, il lui donne une plus grande capacité d'action. (Notons que Polybe compare cette forêt de lances à un hérisson.). Enfin, constatons dans un dernier point, le vaste phénomène d'urbanisation sur le modèle des cités grecques. Cette information nous renvoie aux lignes 11-12 : il a fait de vous des habitants de cités vous permettant de vivre dans l'ordre, grâce à de bonnes lois et à de bonnes coutumes. [...]
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