Le 16 janvier de l'an 27 avant notre ère, après avoir éliminé chacun de ses rivaux, Octavien fils adoptif de Jules César se voit décerné par le Sénat romain le titre d'« Augustus ». L'Empire romain est né. L'ensemble des terres conquises est réorganisé, et la Gaule transalpine devient une province sénatoriale : la Narbonnaise. En effet, après avoir séjourné dans la ville de Narbo Martius fondée un siècle plus tôt, l'empereur Auguste fait de Narbonne la capitale de sa nouvelle province gauloise, bénéficiant ainsi de la primauté face aux autres civitates de la région. De ce fait, en l'année 11 après J-C, la ville rend officiellement un culte à l'empereur et sa plèbe fait ériger un autel de marbre sur le forum. Ses inscriptions, qui constituent le document de ce commentaire, consistent non-seulement en un règlement du culte rendu en l'honneur d'Auguste, mais aussi en une dédicace destinée à l'empereur même. Faisant office de véritable « placard », cet autel situé sur la place publique majeure d'une civitas romaine, le forum, s'adresse à l'ensemble de la population narbonnaise, de sorte que nul ne soit censé ignorer ses prescriptions. De pair avec la naissance de l'Empire romain, apparaît donc le culte du grand pontife qu'est l'empereur, lui accordant un caractère sacré en plus de son statut de princeps senatus. Ainsi, Auguste premier empereur des romains, amorce ce processus cultuel consacrant la supériorité de ce personnage, et ce jusqu'aux derniers instants de l'Empire.
Face à la genèse d'un véritable numen impérial, nous pouvons nous demander en quoi l'autel de Narbonne est-il représentatif du phénomène de divinisation des empereurs romains à partir d'Auguste ? Afin d'apporter une réponse à cette interrogation, nous allons en premier lieu nous pencher sur l'incidence d'un tel procédé sur la vie publique, avant d'étudier les aspects propres au culte d'Auguste et d'examiner en dernier lieu les liens de fidélité entre le peuple et son Imperator (...)
[...] L'autel certifie le dévouement des Narbonnais à rendre un culte perpétuel à son numen (l. et réaffirme sa loyauté. Ainsi, si à première vue, l'autel est destiné à communiquer ses recommandations à la population narbonnaise, il est également destiné à flatter l'œil de l'Empereur. Mais le culte impérial suit une logique personnelle poussée. Il est important de noter que les trois événements qui justifient des cérémonies sont calqués sur la vie-même de l'Empereur, à la manière (si l'on ose l'anachronisme) des fêtes religieuses chrétiennes basées sur la vie de Jésus. [...]
[...] Elle est d'autant plus une étape majeure de la Via Domitia, qui reliait l'Italie à la péninsule ibérique en passant par la Gaule, et le point de départ de la Via Aquitania, en direction de Bordeaux. Auguste en personne a séjourné dans la ville de Narbonne au début de son règne, afin d'y recenser les Gaulois. Il fait d'elle, la capitale de la nouvelle province sénatoriale. Dès lors, Narbonne profite d'une aura exceptionnelle, et ainsi d'un statut privilégié face aux autres civitates de la Narbonnaise. Elle prospère, et devient un grand port de la Méditerranée. En dépit des ressources de la ville, son essor s'explique facilement par la bénédiction accordée par l'Empereur. [...]
[...] La particularité du culte de l'Empereur est qu'il réunit l'ensemble des couches sociales composant la société narbonnaise. La condition semble être mise de côté afin que les hommes puissent se réunir et célébrer la personnalité impériale, commune à tous. Plusieurs catégories sont énumérées dans les inscriptions : les colons romains vont ainsi de pair avec les domiciliés indigènes, tout comme les chevaliers patriciens et les plébéiens. Les anciens esclaves affranchis jouissent aussi du droit de participer aux festivités. Une autre particularité se dégage du culte établi à Narbonne : la plèbe, en désignant trois chevaliers et trois affranchis afin d'immoler une victime et de fournir vin et encens, oppose deux catégories sociales nettement opposées. [...]
[...] Mais encore, la veille des calendes de juin se transforme aussi en cérémonie puisqu'en ce jour [ il adjoignit des juges plébéiens aux décurions Le fait que des fêtes publiques soient basées sur la vie d'Auguste démontre qu'elle régit la liturgie du peuple. L'Empereur est plus que le régisseur de la vie publique de la société : il devient un élément comparable à ceux qui composent le panthéon romain. L'importance du culte d'Auguste à Narbonne s'explique par une attache particulière entre les deux identités. La ville a pu bénéficier d'une certaine faveur de la part de l'empereur (rappelons qu'il l'a faite capitale de la nouvelle province). De ce fait, Narbonne tente de faire perdurer ce contact en lui vouant naturellement un culte. [...]
[...] L'ensemble des terres conquises est réorganisé, et la Gaule transalpine devient une province sénatoriale : la Narbonnaise. En effet, après avoir séjourné dans la ville de Narbo Martius fondée un siècle plus tôt, l'empereur Auguste fait de Narbonne la capitale de sa nouvelle province gauloise, bénéficiant ainsi de la primauté face aux autres civitates de la région. De ce fait, en l'année 11 après la ville rend officiellement un culte à l'empereur et sa plèbe fait ériger un autel de marbre sur le forum. [...]
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