Le septième objectif du millénaire pour le développement prévoyait en 2000 de réduire de moitié d'ici 2015 le pourcentage de la population n'ayant pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable salubre. Le défi et l'enjeu sont de taille puisqu'en 2000, 300 millions d'Africains n'avaient pas accès à l'eau potable, soit plus d'un quart de la population totale. Or le manque d'accès à l'eau potable est un problème majeur de santé publique: toujours en 2000, l'espérance de vie en Afrique n'était que de 41 ans et bien des maladies ont pour origine la consommation d'une eau contaminée. Enjeu supplémentaire, celui de la qualité de la vie : la corvée d'eau représente une fatigue quotidienne pour les femmes et les enfants faite de longues attentes et parfois de conflits autour des points de ravitaillement.
L'eau ne manque pourtant pas en Afrique subsaharienne, contrairement à ce que l'on pourrait d'abord penser. Bien que les disponibilités puissent être problématiques dans certaines zones (région sahélienne, corne de l'Afrique ou Afrique australe) et que des problèmes de pollution existent dans les villes, les quantités d'eau sont comprises en moyenne entre 2200 et 700 000 mètres cubes d'eau par personne et par an soit autant ou plus qu'en Europe. En République du Congo, par exemple, les ressources s'élèveraient à 222 km3/an (eau renouvelable interne) et grâce à deux barrages, celui du Djoué et celui de Moukoukoulou, le pays dispose d'une réserve de 9 millions de mètres cubes pour l'approvisionnement en eau. En revanche, la situation est tout à fait inverse s'il on parle non plus simplement d'eau mais d'eau potable. La question de l'eau se pose donc plutôt en terme de répartition, d'infrastructures et d'accès qu'en terme de disponibilité des ressources.
L'accès a l'eau est par conséquent tant un enjeu de santé publique et de qualité de la vie que d'intégrité et de gestion urbaine. Nous tenterons ainsi de retracer cette évolution gestionnaire et de dresser un tableau des différents modes d'approvisionnement en eau potable. Nous nous interrogerons sur les relations qui existent entre l'accès à l'eau potable et le phénomène de fragmentation urbaine observée dans les villes d'Afrique subsaharienne, notamment afin d'élucider ce paradoxe d'une diversification de l'offre aidant à l'unification de l'accès à un service.
[...] En Afrique du Sud particulièrement, les citadins ne conçoivent que le robinet à domicile comme un accès à l'eau potable acceptable en ville ce qui limite la possibilité d'une délégation de la gestion de l'accès à l'eau à des revendeurs privés27. C Décentralisation et participation communautaire. Les nouvelles politiques d'accès à l'eau potable ne s'arrêtent pas à la marchandisation et à la différenciation de l'offre et des opérateurs privés. Soutenues par les organisations internationales prônant la bonne gouvernance elles mettent également en avant le principe de décentralisation et de participation des usagers à la bonne gestion du service, de l'entretien et du contrôle des installations d'accès à l'eau potable. [...]
[...] Ainsi la fragmentation urbaine est plus importante dans les villes petites et moyennes alors que les grandes villes parviennent à la réduire48. C Endogestion et archipellisation urbaine. Prévues pour accroitre l'accès à l'eau potable dans les villes d'Afrique subsaharienne, les nouvelles politiques de gestion risquent surtout de faire naître des fractures urbaines supplémentaires au sein même des villes entre des systèmes de desserte compartimentés et gérés localement uniquement soit un accroissement de l'archipellisation et de l'endogestion. La ville archipel peut être définie de deux manières. [...]
[...] L'eau ne manque pourtant pas en Afrique subsaharienne, contrairement à ce que l'on pourrait d'abord penser. Bien que les disponibilités puissent être problématiques dans certaines zones (région sahélienne, corne de l'Afrique et Afrique australe, voir figure et que des problèmes de pollution existent dans les villes, les quantités d'eau sont comprises en moyenne entre 2200 et mètres cubes d'eau par personne et par an soit autant ou plus qu'en Europe (voir figure 1). En République du Congo, par exemple, les ressources s'élèveraient à 222 km3/an (eau renouvelable interne) et grâce à 1 FAO deux barrages, celui du Djoué et celui de Moukoukoulou, le pays dispose d'une réserve de 9 millions de mètres cubes pour l'approvisionnement en eau2. [...]
[...] Les réunions s'espacent dans le temps jusqu'à être tout bonnement supprimées et les cahiers de compte ne sont pas tenus. Les membres des comités de responsabilité d'un plus haut statut social que les autres se répartissent les responsabilités selon leur rang social et accaparent les décisions. Celles-ci sont d'ailleurs prises selon les critères d'une économie affective plutôt que selon une logique purement marchande. La corruption et une gestion patrimoniale, c'est-à-dire fondé e sur le clientélisme et l'obtention d'avantages pour sa parentèle, sont alors très courantes36. [...]
[...] La faillite des politiques publiques, locales ou nationales, de gestion de l'accès à l'eau s'est manifestée de plusieurs manières. Les déficits publics causés par une politique d'État providence ont eu pour conséquence un mauvais entretient des installations, notamment des bornes-fontaines publiques afin de pousser au branchement individuel et de revenir sur la gratuité de l'eau ce qui exclue les plus pauvres d'un accès à l'eau potable. Toujours à cause de ces déficits, le manque de demande solvable a limité l'extension des réseaux ce qui démontre qu'une gestion publique ou privée fait face à des difficultés analogues. [...]
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