Kurdistan de Barzani, Irak, Saladin, dynastie ayyoubite, Jérusalem, tensions sécessionnistes, missions d’inspection de l’ONU, al Qaïda, Etat Islamique (EI), Califat
Dans le passé des kurdes avaient joué un rôle favorable, voire et décisif, dans la région arabe. Ce fut particulièrement le cas de Saladin, personnage historique qui avait amorcé la débâcle des armées européennes au Royaume de Jérusalem (1). Ces armées (que l'on désigne par l'appellation "les Croisés" signifiant "les jihadistes") doivent en effet leurs premières défaites à ce Kurde arabisé, qui avait été détaché par l'émir turc Noureddin pour appuyer la dynastie fatimide d'Egypte contre les Croisés. La tâche fut accomplie par Saladin non sans renverser le calife, pour faire émerger sa propre dynastie ayyoubite (du nom de son père Ayyoub). Après cette série de victoires musulmanes, une nouvelle Expédition récupérait Acre et Richard Ier d'Angleterre s'imposait face à Saladin dans la Cité d'Arsouf en 1191. En fin de compte, les deux monarques scellaient un accord permettant aux pèlerins chrétiens d'accéder à Jérusalem.
[...] Dès 2011, les seconds ont pris le parti de défendre l'intégrité de la Syrie contre les prétentions de l'EI. Les succès engrangés par les combattants du PYD, au prix de milliers de morts et de disparus, enlevés par l'EIIL, ont permis de chasser les jihadistes de leur région et de nouer avec l'armée syrienne une solide alliance, allant même jusqu'à répéter inlassablement leurs volonté de préserver leurs liens indéfectibles avec la Syrie . Notamment, les soldats de l'armée irakienne, composée en partie de sunnites, s'étaient retirées sans combattre de certaines régions sunnites du nord et du centre. [...]
[...] Suspectant un pacte plus ou moins tacite de non agression entre les Peshmergas et l'Armée Islamique, le Premier Ministre Nouri al-Maliki affirmait que la capitale du Kurdistan Erbil était devenue un centre de commandement pour l'Etat Islamique, provoquant l'ire des autorités kurdes, qui n'avaient alors certainement pas prévu les assauts de l'EIIL sur d'autres villes du Kurdistan. Cette fâcherie s'arrangeait en effet rapidement lorsque l'EI s'empara de plusieurs villes tenues par les Kurdes, dont Sinjar et Zoumar près de la frontière syrienne. Le 6 aout 2014 marquait donc le début d'une (véritable entente entre Bagdad, les Peshmergas d'Erbil et Washington. [...]
[...] L'occupation du pays par l'armée américaine et l'attribution de privilèges à la majorité chiite avait frayé la voie à une guerre d'usure dans la province de Ninive, au nord de l'Irak. Ces affrontements souvent très violents entre rebelles sunnites et forces gouvernementales s'amplifieront en 2012 quand des éléments de l'EIIL, groupe dissident d'al Qaïda, étaient allés s'occuper du conflit de l'autre côté de la frontière, ce qui lui avait permis d'occuper rapidement de larges pans de territoires syriens. Son succès est total car peu à peu, les groupes rebelles font allégeance à l'Etat Islamique (devenu un "Califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak) accumulant les victoires. [...]
[...] Des liens étaient créés par les GI's avec les tribus sunnites pour lutter efficacement contre al Qaïda. Des relations stratégiques et économiques étaient également établis avec les dirigeants kurdes, qui avaient les mains libres pour contrôler le nord de l'Irak, riche en pétrole. La Constitution de 2005 après Référendum établissait un fédéralisme source de balkanisation : par convention, le président sera kurde, qui par ailleurs facilitait la démarche du Kurdistan autonome en vue d'obtenir davantage de territoires. Le Premier ministre sera chiite et les privilèges accordés à sa communauté radicalisera des sunnites s'estimant abandonnés. [...]
[...] Pour ce qui est de l'autorité kurde, qui semblait travailler en solo malgré l'occupation de sa plus grande vile par les jihadistes, allant jusqu'à ignorer les appels à l'aide du gouvernement de Bagdad, son changement de cap est surtout à porter au compte des dernières conquêtes de l'EIIL. Cette prise de conscience est-elle pour autant un gage d'alliance retrouvée ? l'avenir nous le dira. On en retient aussi un contraste étonnant entre le Kurdistan irakien autonome et les Kurdes syriens sur le plan des options militaires et des orientations d'avenir. [...]
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