Les frontières aujourd'hui
[...] En fait, les zones de peuplement romaines et barbares sont emboitées. Cette proximité s'est traduite par l'alliance de ces peuples Barbares avec Rome lorsque cette dernière fut assaillie de toute part par des Barbares venus d'Asie et d'Europe Orientale un siècle plus tard. Ce modèle frontalier antique peut certainement être transposé à nos réalités contemporaines. Les régions transfrontalières sont étroitement interconnectées même si leur attachement à la métropole reste très grand. Les programmes européens comme EUROREG renforcent ce phénomène à l'œuvre dans tout le monde : la zone Tijuana-San Diego en Amérique, le Triangle d'Or en Asie, la frontière entre le Bénin et le Nigéria en Afrique Les frontières linéaires interruptrices deviennent des aires d'échange, symbole de continuité entre les différents Etats. [...]
[...] Les frontières s'y sont effacées par étapes successives. Les Européens se sont d'abord séparés de leurs barrières douanières puis se sont lancés dans une course à l'unification des normes pour faciliter les flux de biens, de services, de personnes et d'informations. Aujourd'hui, l'Union Européenne finance des projets originaux qui visent à revisiter l'idée de frontière avec un œil plus ouvert et plus international. Ainsi, le musée de la douane de Vilnius en Lituanie propose de montrer à son visiteur : l'histoire de la surveillance des frontières économiques du pays et l'évolution du fret marchand aux frontières de l'Etat. [...]
[...] La frontière est instituée afin de donner sens à l'Etat. Néanmoins, la diminution régulière des durées de trajets, les migrations transnationales massives ou encore les moyens de communication plus performants bousculent la signification première du concept de frontière. Désormais la tendance à l'isolement se ralentit. Un nouveau modèle de frontière semble s'imposer : la frontière africaine. Le géographe Serge Lima en analyse les principales caractéristiques à travers l'étude du peuple Nzema. La frontière, à l'image de la Frontier est un espace de mobilité et d'échange. [...]
[...] Autrefois, la frontière était ce mur qui nous séparait de nos voisins mais voici qu'aujourd'hui elle est érigée par beaucoup comme un pont unificateur, à l'instar du géographe Christophe Raffestin, qui juge que celle-ci est devenue couture plutôt que coupure Dès-lors, quel sens peut-on donner à la frontière aujourd'hui ? Il convient tout d'abord de s'intéresser de plus près à la conception traditionnelle de frontière afin de constater dans quelle mesure cette notion, entre rupture et trait d'union, se redessine et se transforme sous l'impact des évolutions protéiformes de notre monde contemporain. La frontière est avant tout un construit sociopolitique séparant deux entités Ambiguë, la frontière l'est par définition et par étymologie. Autant qu'elle sépare, la frontière réunit. La frontière est donc une notion, un concept pluriel et paradoxal. [...]
[...] A travers cet exemple, nous voyons donc à quel point la frontière est toujours un outil qui structure et façonne l'espace mondial, aussi mondialisé soit-il. Si l'homme par essence est enclin à dépasser l'ensemble des frontières qui lui sont fixées, il continue également à avoir besoin de se sentir solidaire d'un territoire. Au IIIe siècle après Jésus Christ, les Romains ont bâti à leur frontières un ensemble original, le limes. Ce limes consiste en une zone militarisée et colonisée de façon discontinue où les relations humaines et commerciales avec les Barbares de l'autre côté de la frontière sont extrêmement riches. [...]
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