En 1995 se tient à l'IEP de Rennes un colloque sur le thème « Les régions en Europe ». De nombreux auteurs français et étrangers y participent et leur collaboration se poursuit sous la forme d'un ouvrage dirigé par P. Le Galès et C. Lequesne, intitulé Les paradoxes des régions en Europe. Cet ouvrage se constitue de 13 chapitres répartis entre l'étude générale des régions en Europe d'une part et les exemples de plusieurs modèles de régions européennes présentés par des spécialistes d'autre part. La liste de ces pays n'est pas exhaustive, mais permet d'étudier la diversité des politiques régionales mises en place en Europe
[...] Les Länder allemands sont des espaces politiquement autonomes et des espaces politiques. Il n'existe donc pas d'homogénéïté en ce qui concerne la dimension politique des régions, pas plus qu'il n'existe de véritable dimension fonctionnelle des régions qui ont des prérogatives différentes selon les pays de l'UE. Quant à l'économie, la société ou les institutions des régions européennes, on a vu précédemment qu'il était également très difficile de donner une norme valable pour toutes les régions d'Europe. La région européenne semble donc indéfinissable de manière précise. [...]
[...] Il existe des exceptions on l'a vu ; mais elles sont si particulières et avancées que les auteurs se demandent si on peut parler d'exceptions avec pertinence. Parallèlement on assiste à une diminution du phénomène régionaliste, soit parce que les exigences ont été satisfaites, soit parce que l'Etat et les régions s'accordent pour renouer avec une tradition centralisée qui renforce le pays vis à vis du contexte international et protège les régions du climat de concurrence qui s'est développé avec la mondialisation. [...]
[...] Mais l'Europe demeure sous gouvernance polycentrique. Ce que l'on a vu à l'échelle des Etats, c'est à dire de très nombreux réseaux enchevêtrés, s'applique également à l'Europe. Il existe certes des régions très profondément installées, c'est le cas de l'Allemagne Fédérale et à moindre niveau des pays fédéraux ou en voie de fédéralisation que sont l'Espagne ou la Belgique ; mais à l'inverse il existe toujours des Etats très centralisés qui, malgré un processus de régionalisation, n'ont pas encore donné à leurs régions le même statut ou les mêmes prérogatives. [...]
[...] Les auteurs de cet ouvrage ne voient pas l'évolution des régions en Europe d'un œil très positif. Après une décennie de grand élan régionaliste, il semble que le mouvement ait ralenti. Elles sont actuellement extrêmement différentes les unes des autres ce qui empêche la création d'une définition précise ; elles n'ont pas encore de véritable légitimité et n'ont pas su s'imposer dans la pratique. A cela s'ajoute un nouveau paradoxe : le triple mouvement qui relance la régionalisation en Europe (la globalisation, la transformation des Etats, l'intégration européenne) est également un facteur de déstructuration. [...]
[...] Le concept de régions telle qu'il est ici abordé est assez neuf. Au XIX ème siècle, la notion recèle en effet une dimension péjorative, et elle apparaît comme un obstacle à la création de l'Etat Nation. Les gouvernements tentent en France ou en Italie par exemple d'effacer les particularités régionales. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que cette notion apparaît en Europe avec le sens plus neutre qu'on lui connaît aujourd'hui. La régionalisation permet alors de réorganiser le territoire, ainsi en Allemagne où l'on évite la reconstitution d'un Etat fortement centralisé. [...]
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