La province de Tucuman est une région que connaît bien l'auteur de cet article, Philippe Laymond. Il a fait sa thèse sur le Grand San Miguel de Tucuman, et a récemment publié un livre sur le thème des inondations du Rio Sali. L'auteur a donc étudié précisément cette région, notamment dans le cadre de l'organisation de l'espace et des problèmes environnementaux. Sa bibliographie est bien fournie pour un tel article (une vingtaine de livres proposés pour un article d'une vingtaine de pages), d'autant plus que pour chaque citation ou chaque thèse empruntée, Laymond précise l'auteur qu'il a utilisé (ce qui est pratique pour le lecteur s'il veut faire des recherches sur un de ces thèmes précis). L'enjeu de cet article est, à partir du constat d'une très forte inégalité dans la répartition du peuplement, d'expliquer l'origine d'une telle situation. L'auteur met ainsi en relation la mise en valeur du territoire et l'organisation du peuplement.
[...] Elle a gagné la plaine chaqueña par une avancée de la frontière agricole des grandes cultures depuis l'Est du pays, grâce à des aménagements hydrauliques permettant l'irrigation. Il s'agit d'immenses exploitations de centaines voire de milliers d'hectares, qui cultivent des céréales ou des oléagineux. Cette activité toutefois engendre peu d'industries de transformation des produits sur place, et elle emploie peu de main-d'œuvre. Ainsi, elle ne constitue pas une source de diversification pour les travailleurs qui perdent leur emploi dans le domaine de l'activité sucrière. La solution adoptée par ces derniers est la fuite vers les villes. [...]
[...] Quant aux photos, elles permettent de rendre plus vivants les propos de l'auteur, et le lecteur peut ainsi mieux se représenter les paysages de cette région, c'est pourquoi une illustration concernant la partie sur la période pré-hispanique aurait été la bienvenue. Mais l'essentiel de la mise en valeur de ce territoire est de toute façon clairement démontré au final, et les différentes phases qui marquent cette mise en valeur sont d'autant plus intéressantes qu'elles se retrouvent plus ou moins dans tous les pays d'Amérique du Sud, avec les grands empires amérindiens, puis la phase coloniale, et finalement l'exode rural ainsi que l'essor des pays d'Amérique du Sud dans le domaine de l'agriculture à l'échelle mondiale. [...]
[...] Cette activité a permis de créer des agro-industries sur place, embauchant la main-d'œuvre qui ne trouvait plus d'emploi dans l'activité sucrière en déclin. Ainsi personnes travaillent dans le secteur du citron, et la province de Tucuman constitue 75 à 90% de la production de citrons du pays ! Elle occupe désormais une grande partie du piémont comme le montre la figure 6. Le problème cependant est de type environnemental, la plantation de vergers engendrant un ravinement des sols plus important que celui des champs de canne à sucre, ce qui augmente le risque d'inondation lié aux crues des torrents. [...]
[...] L'activité sucrière est indissociable du réseau ferré : une ligne principale longe le piémont, et des tronçons privés rejoignent les exploitations sucrières pour assurer le transport des cannes à sucre. Les fronts pionniers de colonisation vers le Sud et l'Est se sont faits avec le développement du réseau ferré. Ce dispositif linéaire est renforcé depuis 1940 par le réseau routier avec la route 38. Enfin, les sucreries ont été à l'origine du développement des canaux et des réseaux électriques et téléphoniques. Ainsi, l'activité sucrière explique pour beaucoup l'organisation du peuplement actuel, et a permis la modernisation de la région. [...]
[...] Donc malgré de nouveaux types de mise en valeur du territoire, ceux-ci ne modifient pas réellement l'organisation du peuplement : la concentration de la population sur le piémont reste manifeste. Pour répondre à la question initiale de l'article, ce sont donc les facteurs productifs et commerciaux qui ont déterminé cette organisation du peuplement, dans le cadre d'un processus chronologique. Les enjeux pour la province de Tucuman résident désormais dans la diversification des activités, le désenclavement de certains espaces, la diminution des inégalités sociales (nous avons parlé des haciendas ou des grands propriétaires sucriers), et la protection de l'environnement. [...]
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