L'étude géographique de l'industrie et des activités industrielles peut se faire selon deux approches : une approche sectorielle, qui privilégie l'étude des diverses branches d'activité, une approche spatiale, qui privilégie l'étude des relations d'interdépendance entre l'activité industrielle et l'espace géographique.
Le présent ouvrage se préoccupe en priorité de l'approche spatiale. Il vise à apporter des éléments de réponses à trois questions étroitement liées :
- quelle est l'importance de la dimension géographique dans l'activité industrielle et dans les stratégies d'entreprises ?
- comment fonctionne l'espace industriel ?
- comment l'industrie organise-t-elle et structure-t-elle l'espace géographique ?
S'adressant à des étudiants non spécialistes, cet ouvrage met l'accent sur l'étude des processus qui permettent de comprendre l'évolution contemporaine de l'industrie et de sa géographie ; il ne faut donc chercher ici ni étude exhaustive, ni apports informatifs détaillés sur les diverses branches d'activité.
[...] L'espace géographique, en tant que tel, est alors devenu une véritable dimension stratégique. L'influence de l'innovation et des technologies nouvelles sur l'espace géographique dépend de plus en plus fortement des possibilités d'accès des entreprises à l'information et des possibilités de diffusion territoriale de l'innovation. Dans le nouveau modèle de développement et dans le nouveau système de production, ces possibilités contiennent l'efficacité des entreprises, l'attractivité des collectivités locales, la capacité des pouvoirs publics à lutter contre les déséquilibres régionaux. Par ses implications sur l'évolution des contenus qualitatifs des milieux, l'innovation est un moteur essentiel de la dynamique des espaces géographiques. [...]
[...] Deux grandes politiques territoriales sont alors mises en œuvre: l'une consiste à favoriser la mobilité spatiale des capitaux, donc celle des investissements industriels, pour rapprocher les emplois de la population; l'autre vise à susciter la décentralisation des activités industrielles au profit des régions périphériques et des régions en crises. Au cours des Trente Glorieuses, l'expression géographique de la mutation industrielle ne se limite donc pas aux seules délocalisations opérées au bénéfice du tiers monde dans le cadre de la division internationale du travail. [...]
[...] La concentration technique conduit tout à la fois au regroupement spatial des activités ainsi qu'à une plus grande intégration des divers stades d'une même chaîne. A l'égard de l'espace géographique, la concentration technique suscite une autre interrogation: quelle est l'influence de la taille de l'établissement sur ses possibilités de localisation? Les sites capables d'accueillir les petites unités sont nombreux mais plus la taille de l'entreprise augmente, plus les contraintes s'accumulent: surface disponible ou main-d'œuvre ou équipement de transports ne sont souvent pas suffisants. Il ne faudrait, cependant, pas réduire la géographie de l'établissement à l'étude des rapports entre concentration économique et concentration technique. [...]
[...] La chose s'exprime en particulier dans le domaine des relations établies entre les politiques choisies et la nature de la demande. Les politiques d'accompagnement répondent à une demande exprimée, donc connue et quantifiable; elles permettent de répondre à la pression du quotidien et correspondent le plus souvent à des perspectives développées sur les courts et moyens termes. Les politiques d'entraînement, qui visent à susciter l'apparition d'une demande dans le futur et de mettre dès à présent les moyens pour pouvoir y répondre, se développent nécessairement sur le long terme et comportent un niveau d'incertitudes et de risque bien plus accusé. [...]
[...] Avec la crise du fordisme, la dimension géographique a donc connu des changements considérables. Devenu milieu socio-économique, l'espace local, espace des proximités, est celui des relations de synergie et d'influence directe des externalités de services; c'est aussi l'espace des solidarités immédiates pour les activités innovantes. La région, au sens de sous- ensemble de l'État-Nation, semble être l'échelle privilégiée des réseaux - de sous-traitante comme de partenariats ou d'innovation c'est un niveau où les proximités physiques jouent encore un grand rôle. [...]
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