Christian Bouquet est professeur de géographie politique et du développement à l'université Michel de Montaigne (Bordeaux 3). En tant que géographe, il définit ses champs d'études par la mondialisation et le développement, les programmes de développement, la géographie électorale de la Côte d'Ivoire et la géopolitique africaine. C'est un spécialiste de cette dernière qui a fait carrière dans les ambassades de France pendant plus de trente ans, notamment en Afrique subsaharienne.
C'est l'une de ses affectations à l'ambassade d'Abidjan qui lui permet de rendre compte ici de la crise ivoirienne. Outre cet ouvrage, il est l'auteur de nombreuses publications depuis 2000 sur la Côte d'Ivoire ou l'Afrique en général dans les revues spécialisées telles les Annales de Géographie ou Géopolitique africaine pour laquelle on peut citer Etre étranger en Côte d'Ivoire : la nébuleuse « Dioula » (nº9, janvier 2003, p 27-42).
[...] Sous la junte militaire, une nouvelle constitution est adoptée par référendum le 23 juillet 2000. L'auteur parle alors de marché de dupes puisque de la population est analphabète et que seul un parti appelait à voter non, il s'agissait du RDR de Alassane Dramane Ouattara, exclu du paysage politique par un article sur l'éligibilité qui impose des ascendances drastiquement ivoiriennes. Mais les échéances politiques seront nombreuses durant l'année suivante. Dès le 22 octobre 2000, les présidentielles sont remportées par Laurent Gbagbo du FPI alors que la nouvelle constitution a permis l'élimination préventive de tous les concurrents à l'exception de Robert Gueï qui s'est semble-t-il accordé avec le vainqueur. [...]
[...] Un gouvernement d'unité nationale y est défini, mais la lenteur d'exécution des accords par Laurent Gbagbo incitent les rebelles à quitter le gouvernement puis l'intégralité des partis hormis le FPI à organiser une grande manifestation le 25 mars 2004 qui sera réprimé de façon sanglante par le pouvoir. S'installe ensuite une relative stabilité des deux blocs qui disposent chacun de leur propre organisation. Pour définir le changement depuis Félix Houphouët-Boigny, l'auteur parle du passage d'une dictature tranquille à une anarchie violente. On peut se demander ce qu'est devenu l'héritage politique du Vieux Où en est-on ? [...]
[...] Il considère donc la géopolitique comme l'analyse des rivalités de pouvoir (de toute sorte) sur du territoire et sur les hommes qui y vivent L'adaptabilité de deux concepts occidentaux est mise en cause : celle de la nation et de l'État. Dans un premier temps, l'on découvre donc le parcours historique ivoirien entre 1993 et 2005 (date de parution de l'ouvrage). On peut penser que la crise ivoirienne découle du même contrecoup du colonialisme que la plupart de ses voisins africains. C'est en partie vrai, mais la situation est plutôt stable jusqu'au mois de décembre 1993 où Félix Houphouët-Boigny meurt. [...]
[...] Ceci est dû principalement à la distribution ethnique extrêmement diversifiée. Le poids des étrangers dans le pays de la population) est renforcé par leur présence ancienne, parfois datant de la période précoloniale, mais le plus souvent de la colonie française. De plus les Burkinabés, plus que majoritaires chez les étrangers, sont quasi en totalité musulmane à l'inverse des ethnies ivoiriennes de souche pour la plupart catholiques ou animistes, ce qui donne en plus un caractère religieux aux tensions. Enfin, il existe également des mouvements migratoires importants d'ivoiriens du nord vers le sud et le travail dans les plantations : ce nationalisme coutumier est ainsi exacerbé par la présence d'ivoiriens allogènes. [...]
[...] Le PDCI, le FPI, l'UDPCI (créée par Robert Gueï) ainsi que le RDR y obtiennent des avancées. Même si un certificat d'éligibilité sera bel et bien accordé à Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo retarde la distribution des nouvelles cartes d'identité et fausse donc les départementales du 7 juillet 2002 par un empêchement ciblé sur les populations étrangères favorables au RDR. Au vu des résultats de ce scrutin et des municipales à enjeu uniquement urbain, le RDR apparaît comme le grand favori des échéances présidentielles et législatives de 2005 si celles-ci sont conduites de façon équitable. [...]
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