En 2002, la Côte d'Ivoire se retrouve brusquement coupée en deux par une ligne de front entre le nord et le sud, ligne qui s'installe en ligne de séparation. Cette scission du pays intervient dans un contexte de crise exacerbée, dont les racines remontent à bien des années auparavant et qui a peu à peu gangrené la société ivoirienne dans son ensemble. Pourquoi et comment le pays en est-il arrivé à cette situation extrême ?
C'est à ces questions que tente de répondre Christian Bouquet dans son ouvrage, Géopolitique de la Côte d'Ivoire, paru en 2005, aux éditions Armand Colin. L'auteur brosse un tableau de la situation actuelle du pays, en mettant en avant les éléments qui peuvent expliquer cette déliquescence. Il suit une progression thématique, en évoquant tout d'abord les étapes du repli identitaire puis en analysant les facteurs de désagrégation.
Commençons, comme le fait l'auteur, par exposer la situation géographique et les éléments objectifs de la Côte d'Ivoire. Le pays se situe en Afrique subsaharienne et correspond en fait à une plaine de près de 322 000 km², dont les frontières ont été fixées en 1960. La Côte d'Ivoire compte, selon le recensement conduit en 1998, plus de 16 millions d'habitants et a pour capitale économique la ville d'Abidjan. Une des ses particularités est qu'elle est constituée de nombreuses ethnies, qui forment quatre grandes entités réparties géographiquement.
[...] La capitale est fixée à Abidjan en 1933. Pendant la période de colonisation, le pays connait une économie de traite, c'est-à- dire que les travailleurs ivoiriens sont réquisitionnés par les colons pour cultiver des superficies pour eux. Cette époque de traite administrée fut marquante, puisque les autorités coloniales entrèrent en conflit avec les autorités coutumières et méprisèrent de nombreux droits humains. Il y eut aussi des déplacements de population vers les zones d'exploitation du bois et du coton. Après que la liberté fut rendue à tous les planteurs, la présence étrangère reste néanmoins prépondérante, à la tête des grandes compagnies d'exploitation. [...]
[...] La situation dégénère en Côte d'Ivoire à la suite de l'élection présidentielle, qui a eu lieu dans le flou le plus total. Les deux candidats (Robert Gueï et Laurent Gbagbo) se déclarent tous les deux vainqueurs ! Les militants du RDR manifestent pour la tenue de nouvelles élections, à l'issue desquelles Gbagbo est élu président. S'en suit un véritable charnier. Au lendemain de ces élections, la France décide de reconnaitre Gbagbo, alors que l'opinion internationale jugeait la consultation illégitime. Selon Christian Bouquet, c'est au nom de la solidarité socialiste que la couverture française réapparait. [...]
[...] Néanmoins, ces différentes cultures deviennent prospères et apportent à la Côte d'Ivoire une certaine aisance. Ainsi, sous Félix Houphouët-Boigny, on assiste à un afflux de capitaux. Le président a en effet opté pour ce qu'il appelle le capitalisme africain Il utilise cette manne pour assurer à la jeunesse ivoirienne une meilleure formation, afin de pouvoir s'émanciper de la supériorité intellectuelle (tout du moins de formation) des anciens colons. De plus, il pratique une politique de redistribution sociale et régionale et de développement socio-économique pour les plantations et les zones de savane (en faveur de la canne à sucre et du coton). [...]
[...] On a alors assisté à de larges pratiques de corruption et de détournement des aides internationales. Comme cette aide transitait par des ONG pour plus de sureté, des associations furent créées dans cet unique but. On les appelait les associations lucratives sans but Toutes ces pratiques donnèrent une mauvaise image du régime démocratique. La prégnance des pratiques coutumières est également visible au sein de la vie politique et de son fonctionnement actuel. La vie politique a ainsi été fortement ethnicisée. [...]
[...] Quelle nation pour la Côte d'Ivoire ? La question de la possibilité même de l'existence d'une nation en Côte d'Ivoire se pose. Christian Bouquet consacre lui-même un chapitre entier à l'étude de cette question centrale pour comprendre la situation actuelle. Ainsi, pour constituer une nation, il faut un territoire et un ensemble géopolitique, basé sur une langue et une histoire communes. A la seule lecture de cette définition, on se rend aisément compte que le cas ivoirien y est très mal adapté. [...]
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