Au travers d'un essai sur la géographie, discipline mal connue et parfois décriée, Armand Frémont nous offre une nouvelle lecture de cette matière, riche et diverse, au coeur de nos civilisations. Longtemps et parfois encore réduit à la simple liste des fleuves français ou aux reliefs du monde, Frémont propose ici un nouveau rapport à la géographie en montrant aux lecteurs son objet, ses principes, le débat qui l'entoure et les grands mouvements qui l'ont parcouru. L'essai est également emprunt d'une forte touche autobiographique nécessaire à la compréhension de cette discipline qui met l'homme au centre ; et la figure du géographe est à ce titre indispensable et est donc largement analysée, décrite et ponctuée d'exemple pour mieux cerner la géographie.
Dans un premier temps, Frémont convoque les outils selon lui indispensables à la géographie : avant-tout un bon géographe, riche d'une histoire et aux nécessaires "pieds crottés". Il faut aussi un outil, la carte qui par la richesse de sa représentation concoure à de nombreux enjeux. Enfin, la "combinaison géographique" : lier entre eux toutes les composantes, les objets, leur mouvement, leur manière d'être ; un raisonnement indispensable à toute bonne géographie.
Partant ensuite d'une différenciation très nette et nécessaire mais pas toujours faite entre géographie scientifique et géographie sensible, Frémont expose la notion "d'espaces vécus" qui l'a fait naître : des espaces fait par les hommes et vus selon leur point de vue, leur sensibilité artistique parfois. Il s'intéresse ensuite aux populations, aux espaces et aux activités de l'homme.
Enfin, s'intéressant à une géographie sociale, il montre comment un système de pouvoir et des inégalités réelles mettent en place un modèle de ségrégation. Enfin, à travers l'engagement des géographes, l'aménagement du territoire et la géographie à l'école, chapitre très engagé et qui donne à l'essai une touche polémique et audacieuse, ce sont les bases séculières de la géographie contemporaine qui sont exposées (...)
[...] En introduisant cette partie par les modèles antagonistes de deux géographes: Reclus et de la Blache, Frémont signale combien cet engagement est nécessaire, qu'elle que soit la thèse défendue. Le rôle du géographe est alors, sans pouvoir être neutre et heureusement de reconnaître, d'analyser et de décrire l'ordre et les désordres du monde. Engagement des géographes, notamment via l'aménagement du territoire mais aussi via l'école, où cette discipline est un enjeu. Chapitre 17 L'ordre du monde. Existence d'un ordre de la nature, fascinant et se traduisant dans le relief, mais aussi le climat, la végétation, les mers et les fleuves. [...]
[...] Pour Frémont, combinaison et système sont des modèles dans l'intellectualisation du territoire géographique. Suite à cet exposé des deux paradigmes importants, l'auteur propose de définir quatre modèles composant les couches très simplifiées de stratification du territoire au niveau géographique: -Espace paléolithique omniprésence de la nature, peu d'intervention humaine, la nature détermine les emplacements de population. -Espace paysan (1500): paysage domestiqué (nature toujours présente), présence essentielle de la "domus", densité moyenne ou élevée. -Espace villes/campagnes (1950) : deux logiques: espace urbain et espace paysan; nouvelle donne, celle des systèmes urbains. [...]
[...] On assiste à une explosion des villes qui tendent de plus en plus à s'élargir, les villes donnent l'impulsion au reste de la société. Paradoxalement, cette extension des villes pose de très nombreux problèmes. Au nord de la population vit en ville. Ce sont des villes de grandes dimensions même si les records appartiennent au Sud. On assiste aussi à un regroupement de petites, moyennes et grandes villes qui forment d'immense mégalopole, les plus grands ensembles urbains du monde, des centres d'implusions. [...]
[...] Frémont expose ensuite un problème philosophique lié à la géographie et qui semble remonter à la nuit des temps. Deux conceptions semblent ainsi s'opposer, d'une part l'homme aurait la géographie de son espace vécu, etc.; et d'autre part il existerait une géographie suffisante à elle-même et " au-dessus" des hommes. Le déterminisme (le marxisme s'y rattache) penche pour seconde conception tandis que la géographie humaniste s'intéresse pour sa part à la première, "le géographe, c'est l'homme lui- même, c'est lui qui produit sa propre géographie. [...]
[...] Mais c'est simplifier le schéma . " L'évidence cependant s'impose d'une ségrégation sociale et spatiale, plus ou moins marquée, au sein même des classes moyennes, mais aussi en rejet des plus pauvres et en repli des plus riches" Nécessité d'une mixité sociale qui reste cependant assez illusoire, la ségrégation au sein des espaces métropolitains est très forte. Ségrégation identitaire: il n'y a pas que les revenus qui comptent, existence aussi d'une ségrégation en fonction de l'appartenance à une culture, selon ses origines, son identité! [...]
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