Géo-épistémologie - Paul Claval (2017)

Thèmes abordés

Géo-épistémologie (2017), Paul Claval, sociologie des sciences, poststructuralisme, astronomie, darwinisme, Durkheim, anthropologie, histoire, géographie classique, nouvelle géographie, Jean Brunhes, Vidal de la Blache, Georges Dumézil, géographie humaniste, théorie de la structuration, Anthony Giddens, théorie de l'acteur-réseau

Résumé du document

L'épistémologie éclaire les géographes sur leurs propres pratiques. La philosophie, les sciences, l'épistémologie au sens précis du terme ou la sociologie des sciences constituent les principales sources nourrissant actuellement l'épistémologie. La philosophie des sciences a trait aux conditions de la connaissance et à l'établissement de la vérité. La sociologie des sciences s'intéresse au contexte de production sociale de la science. Paul Claval montre l'importance de l'apport de la sociologie des sciences dans le cas du poststructuralisme (mouvement queer en géographie, etc.).

Enfin, une autre source d'inspiration de l'épistémologie de la géographie vient des autres sciences. Et l'évolution historique brossée par Paul Claval est remarquable : ainsi, durant l'Antiquité ou à la Renaissance, l'astronomie sert de modèle aux géographes. À l'inverse, au XIXe siècle, l'essor du darwinisme inspire largement la géographie. Celle-ci est donc nourrie par les sciences naturalistes. Mais à la fin du XIXe siècle, beaucoup de géographes ont en fait une formation d'historien. De même, la sociologie naissante (Durkheim) influence grandement la géographie, tout comme l'anthropologie.

Extraits

[...] Quel contexte épistémologique ? Le positivisme : la science progresse en décompose la réalité en faits. Le réel est lui-même sa clef de compréhension (Auguste Comte). C'est dans ce contexte que naissent les sciences sociales. Paul Claval note que ces sciences ont la plus grande révérence pour les sciences déjà existantes (maths mais contrairement à celles-ci, elles n'éprouvent pas le besoin d'expliciter leur démarche, tant celles-ci s'appuient sur l'observation. Aussi, l'étude de l'homme social doit s'appuyer sur un faisceau de discipline. [...]

[...] Cette approche cherchait à dépasser la logique institutionnelle défendue Robert Merton. La connaissance est désacralisée dans cette approche (l'échec scientifique est autant étudié que la réussite). Celui de Bruno Latour se fonde sur la théorie de l'acteur-réseau. Yann Calbérac : Terrains de géographes, géographes de terrain (2010) : une thèse qui revient sur l'importance du terrain pour les géographes en France. Calbérac a mobilisé l'approche de Bruno Latour. Il a noté l'existence d'un habitus des chercheurs associés à un paradigme. [...]

[...] Les outils du géographe sont déconstruits : la carte et le discours. La carte est perçue d'abord comme un outil au service du pouvoir. Ce sont les travaux de Gerard O'Tuathail (1996) qui met l'accent sur cela. Quant aux discours, l'ouvrage majeur est celui de Vincent Berdoulay (Des mots et des lieux. La dynamique du discours géographie, publiée en 1988). Ce Livre propose une analyse du discours des géographes sur l'espace. Les épistémologies du désir La géographie s'empare des questions féministes et sexuelles. [...]

[...] Anthony Giddens est l'un de ses auteurs critiques. Une idée forte de son œuvre est la structuration. Anthony Giddens refuse de donner une primauté à l'homme sur la structure ou le milieu (social et naturel) ou l'inverse. Il propose au contraire « de traiter la production et la reproduction de la vie sociale comme un processus continu de structuration. » L'ouvrage majeur est La Constitution des sociétés. A. Le succès de la théorie des systèmes La théorie des systèmes permet la mobilisation de nouvelles causalités : rôle des feed-back, boucle de rétroactions, etc. [...]

[...] En revanche, l'ensemble est plus dynamique lorsque le tableau se double d'une explication. Il s'agit là du cœur du travail de Vidal de la Blache. C'est le maître de la description explicative. C'est aussi une science de terrain : la géographie ne se fait plus dans les cabinets. Un apport de la géographie classique : l'analyse de situation. C'est un apport de Carl Ritter. L'analyse de situation attire l'attention sur la position relative des lieux et sur les relations et les influences qui en résultent. [...]