Politique d'Eurafrique, domination coloniale, coopération multilatérale, décolonisation, accords de Yaoundé, Paneurope, mythe de l'Eurafrique
Le discours européen quant à l'Afrique a résolument évolué entre les années 1920 et aujourd'hui, en passant d'une perspective de puissance à une affirmation de solidarité.
Résumé chronologique : dans l'Entre-deux-guerres, l'unification européenne est au stade utopique, mais apparaît le concept éminemment politique d'Eurafrique présentant l'Afrique comme un prolongement de l'Europe. Après la Seconde Guerre, s'amorce la phase de transition entre la domination coloniale et la coopération multilatérale, mais les projets envisagés n'aboutissent pas. L'association des colonies d'Afrique noire à la CEE est inscrite dans le Traité de Rome à l'initiative de la France (premier accord contraignant Europe-Afrique), puis la coopération contractuelle est fixée (dans le contexte de décolonisation) entre les Six et les Etats africains par les accords de Yaoundé (1963 et 1969).
[...] Le mémorandum français de 1930 ne reprend aucune de ces vues, mais elles pénètrent les esprits d'une élite française et étrangère qui participe à l'Union Paneuropéenne que Coudenhove réunit à Vienne (on y formule l'idée que la colonisation est la solution au chômage en Europe). Coudenhove reste fidèle à ses idées et lors de la crise algérienne il propose comme solution d'intégrer le Maroc, Tunisie et Algérie à l'Europe. L'Allemagne et l'Eurafrique (Chantal Metzger) Le concept d'Eurafrique est français et pas Allemand. L'Allemagne s'est dotée d'un empire avec réticence, mais après la Première Guerre celle-ci est tenue à l'écart de l'Afrique, ce qui entraîne des difficultés économiques. Après 1926 (admission à la SDN), l'Allemagne s'associe à l'exploitation de certaines cultures dans les colonies françaises. [...]
[...] Jusqu'aux années 60, l'exploitation de l'Afrique est présentée comme remède au déclin européen, qu'il soit économique et énergétique (Comte Coudenhove-Kalergi en 1920 ; affiche américaine New Deal for the Dark Continent de 1957) ou stratégique (création d'un système stratégique eurafricain préconisé par Combaux dans les années 1950 pour stopper Arabes et communistes). Un thème récurrent de l'iconographie est celui de l'Europe lumineuse et rayonnante qui éclairerait le continent noir (avec une dimension mystique parfois très prononcée), ce qui est à mettre en relation avec le très classique projet civilisateur (discours de Bordeaux de De Gaulle de 1947). Si la notion impérialiste d'Eurafrique a aujourd'hui vécu, l'affiche de la Convention de Cotonou (2000) reprend implicitement l'idée de l'Europe-lumière, montrant ainsi des continuités idéologiques. [...]
[...] La CGT, elle, veut ériger le socialisme en Afrique (nationalisations) et créer une OMC dépendante de l'ONU. L'aide financière des syndicats français vers leurs homologues africain est limitée, mais ils sont en compétition pour former des cadres africains. FO voudrait des entités régionales et la CFDT une entité panafricaine (dépassant les conflits de blocs), mais la CGT des organisations nationales de lutte. En tous les cas la domination des syndicats français sur leurs homologues africains est réelle. Négocier avec les rois nègres : l'influence des administrateurs coloniaux français sur la politique européenne de développement (Véronique Dimier) Les administrateurs coloniaux français marquent nettement l'institutionnalisation de la DG8 (direction chargée de la FED au sein de la Commission) : Ferrandi (directeur de la FED 1963-1975) qui parle de ce corps d'administrateurs comme d'une grande famille (travail basé sur les relations interpersonnelles), l'« importe à la DG8 et s'octroie tous les pouvoirs dans la mesure où le traité de Rome définit des objectifs, mais pas des méthodes. [...]
[...] La loi-cadre Defferre est critiquée par La Fédération (dissidence de l'UEF) qui voudrait une fédération d'États autonomes. De son côté la LECE travaille à des propositions en parallèle des négociations autour du Marché commun, pour les faciliter. Le Traité de Rome est bien accueilli par les mouvements. La Fédération condamne le soulèvement algérien et prône une fédération franco- algérienne. Alors que les indépendances se dessinent, l'avant-garde européenne souligne les insuffisances du traité de Rome (problèmes de stabilisation des cours des matières premières, insuffisance des flux de capitaux privés vers l'Afrique, dysfonctionnements dans les dispositions douanières). [...]
[...] Des pourparlers sont entamés en 57, mais tournent court : les Belges ne sont pas disposés à céder, les Français jouent leur prééminence sur le marché européen de l'aluminium. Le projet d'Inga finit par se révéler trop gros, trop cher, et est enterré. Cette affaire montre surtout la rigidité des mentalités nationalisantes et les difficultés à concrétiser l'Eurafrique. Les mouvements ProEuropéens et la question de l'Eurafrique, du Congrès de La Haye à la Convention de Yaoundé (1948-1963) (Jean-Marie Palayret) Il y a deux phases. La 1re est conceptuelle, de réflexion pionnière. [...]
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