"L'eau dans le monde arabe : enjeux et conflits" de Georges Mutin

Résumé du document

L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient apparaissent comme la zone la plus menacée au niveau de la disponibilité en eau : 4,3% de la population mondiale ne dispose que de 0,67% des ressources en eau douce renouvelable.
Après une politique de mobilisation de volumes croissants, les conséquences de la sécheresse, de la pollution, et de la croissance spectaculaire des besoins, conduisent aujourd'hui à la mise en place d'une nouvelle problématique dont les mots clefs sont : rareté, pénurie, pollution, et affrontements. L'eau, son usage, son appropriation sont plus que jamais un enjeu dans le monde arabe. L'analyse de celle- ci ne peut donc se limiter à des données purement techniques, car l'eau se présente comme un miroir de la société du monde arabe.
Afin de traiter du sujet la démarche privilégiée ici est géographique, c'est pourquoi les problèmes seront exposés dans un cadre physique précis : le bassin fluvial et le cadre naturel étudié.

Extraits

[...] Le système traditionnel de défense contre les eaux repose sur deux techniques : la construction de digues et l'inondation dirigée Maîtrise des eaux et équipement actuel Les contraintes à surmonter. Les principales contraintes sont : la salinisation très importante et l'alluvionnement qui nécessite d'importants travaux de curage. La construction de nouveaux barrages. On peut distinguer trois étapes : - construction de barrages de dérivation - protection de la plaine des inondations et contrôle des eaux du Tigre et de l'Euphrate assuré - lutte contre l'irrégularité interannuelle et construction de barrages de retenue Un frein à la mise en valeur : la salinisation. [...]

[...] Dans les rapports interétatiques, la tentation est forte pour les pays d'amont d'exercer des pressions, voir des chantages sur les pays d'aval. En Palestine l'eau est un élément fondamental du maintien de la domination israélienne sur la Palestine occupée. Journalistes et hommes politiques rivalisent pour forcer le trait et on évoque, de plus en plus fréquemment, une guerre de l'eau Le Monde Arabe en situation de stress ou de contrainte hydrique peut-il affronter efficacement ces menaces. Ce n'est pas sûr. Il est à craindre que le pire soit à venir ! [...]

[...] L'Etat éthiopien refuse une quelconque politique commune pour l'exploitation des eaux du Nil, ainsi que son statut de fleuve international, et a mis en place une politique d'exploitation unilatérale du Nil Bleu afin d'augmenter considérablement l'utilisation du débit qui n'est pour l'instant que de 0,3%. La position soudanienne. Comme l'Egypte, le Soudan est la recherche de nouvelles disponibilités. Le projet de mise en valeur de la cuvette du Haut Nil en collaboration avec l'Egypte aurait pu constituer une solution. Mais la guerre civile au Sud Soudan a mis fin à sa réalisation car il représentait un projet géopolitique redoutable. [...]

[...] Des réalisations récentes très contrastées. La politique du Maroc peut se définir par le slogan : un million de nouveaux hectares irrigués pour la fin du siècle Le pays compte donc aujourd'hui 85 barrages, mais l'effort va se poursuivre comme le montre ce nouveau slogan : Plus une goutte d'eau à la mer La Tunisie a elle aussi privilégié les grands barrages-réservoirs malgré un potentiel mobilisable faible, mais cet effort soutenu a permis de faire progresser de façon significative les superficies irriguées en grande hydraulique. [...]

[...] Le Liban est de loin, le pays le mieux doté. La Syrie est également assez pourvue en eau. Par contre, les ressources jordaniennes sont très précaires : le pays souffre actuellement d'une pénurie d'eau et la consommation par habitant est très faible (150 l/jour). Israël dispose du réseau national de distribution de l'eau depuis 1964, mais le pays connaît de graves tensions car sa consommation dépasse très largement les ressources dont le pays dispose. C'est toutefois dans les Territoires Occupés que la situation est la plus inquiétante, c'est le pays où les quantités d'eau renouvelable sont les plus faibles. [...]