Ce livre est un paradoxe : un géographe, reconnu, professeur des universités à Rouen, président de l'Association française pour le développement de la géographie et auteur de plusieurs articles dans "Cultures et Conflits" qui déconstruit sa matière et démontrant à quel point ses postulats fondamentaux et ses termes de bases ne sont pas pertinents. Pourtant, Le Monde du géographe, un essai plus personnel que ses contributions dans des ouvrages plus académiques, a dès sa parution en 1997 connu un grand succès et, est cité comme référence dans le petit monde de la géopolitique. Cela s'explique aisément par le fait que l'essai en question a pour sujet la géographie mais flirte également avec l'analyse sociologique, la philosophie, voir la littérature, afin de montrer la prise en compte de l'aspect global que revêt le questionnement sur la pertinence des paradigmes géographiques. En outre, la question posée dans l'accroche de la quatrième de couverture est "qu'est-ce que le monde", ce qui appelle nécessairement à recourir à des notions éparses dans les connaissances de l'auteur.
Le style est donc assez érudit, tantôt plutôt philosophique dans les premiers et derniers chapitres, dans la mesure où il fonde sa réflexion sur des arguments épistémologiques, tantôt très techniques dans les chapitres centraux notamment lorsqu'il évoque des cas concrets en rapport avec des études qu'il a lui-même menées (exemple : le Sahel et plus spécifiquement la Mauritanie p.122-141 Chapitre III Le Territoire). Certains chapitres sont particulièrement didactiques, ce sont à mon sens les intéressants et les plus utiles d'un point de vue géopolitique, ce sont souvent ceux où les sources citées sont principalement des ouvrages de géographie, de géopolitique, et des références aux autres travaux de l'auteur. Ce sont également des textes adaptés de cours magistraux donnés par l'auteur ou d'articles que celui-ci a publié. Cet aspect du livre explique son caractère composite et difficile à résumer.
L'idée centrale est qu'il faut repenser la géographie, car elle est trop prise pour une science exacte, rébarbative, imposée aux élèves qui doivent placer des noms sur des plages de couleur d'un planisphère, sans s'interroger sur la signification de leur geste (...)
[...] Pourtant, Le Monde du géographe, un essai plus personnel que ses contributions dans des ouvrages plus académiques, a dès sa parution en 1997 connu un grand succès et, est cité comme référence dans le petit monde de la géopolitique. Cela s'explique aisément par le fait que l'essai en question a pour sujet la géographie mais flirte également avec l'analyse sociologique, la philosophie, voir la littérature, afin de montrer la prise en compte de l'aspect global que revêt le questionnement sur la pertinence des paradigmes géographiques. [...]
[...] Cet aspect du livre explique son caractère composite et difficile à résumer. L'idée centrale est qu'il faut repenser la géographie, car elle est trop prise pour une science exacte, rébarbative, imposée aux élèves qui doivent placer des noms sur des plages de couleur d'un planisphère, sans s'interroger sur la signification de leur geste. En effet, attribuer un nom à un espace signifie, bien souvent, le qualifier en dehors de toute rationalité. L'Amazonie est parfois surnommée enfer vert par les géographes, ce qui d'emblée inclus une connotation négative dans l'approche de l'espace en question. [...]
[...] On retrouve cette idée dans 2 chapitres, mais la question reste ouverte. A vrai dire, il ne s'agit pas qu'une interrogation en l'air, car l'objectif qu'il garde en tête c'est la transmission aux jeunes générations de cette idée de ce qu'elle l'Europe, non pas en remettant en cause son existence réelle mais par la définition de ce qu'est de l'Europe, former des citoyens. Il est difficile de résumer ce livre, comme je l'ai dit précédemment, parce qu'il donne l'impression d'une juxtaposition d'articles par moment, tout en gardant toujours un lien avec le propos général. [...]
[...] Les questions qui viennent alors à l'esprit sont : qu'est ce que l'on représente ? Et surtout à quoi ça sert ? Chercher à comprendre la façon de penser des populations que l'on étudie c'est bien, mais cela revient au problème de l'anthropologie urbaine et de sa difficulté à rester dans le domaine géographique : il n'y a pas la même rigueur géographique et pourtant subsiste l'ambition de peser sur les décisions des pouvoirs publics en tant que science exacte. [...]
[...] Bilan : Ce livre est à consommer avec modération en raison du style qui varie de l'épistémologie avec des références qui effectivement traduisent une certaine frustration de l'auteur de ne pas être un grand écrivain (il aurait fait une khâgne que ça ne m'étonnerait pas) aux aspects techniques qui nécessitent une grande concentration, des notions de géographie, de géopolitique et si possible d'être familiarisé avec les problèmes majeurs des régions dont il traite. [...]
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