La Méditerranée carrefour, la Méditerranée contrastée et fragmentée, se présente comme une image cohérente, comme un système où tout se mélange et se recompose en une unité originale virtuelle. Cependant, deux Méditerranées s'affrontent.
La Méditerranée est une expression simplifiée pour désigner un monde, un monde aux limites floues, aux définitions contradictoires et arbitraires. La culture par la littérature et les arts en a restreint le champ, et l'économie l'a élargi à une dimension universelle.
Outre la biogéographie, les activités économiques, les migrations humaines, les villes et leurs hinterlands, les divisions politiques conflictuelles obligent à prendre comme base d'analyse l'ensemble des pays méditerranéens, au nombre de 18.
Cependant, les analyses et les statistiques qui prennent en compte la population et l'économie des pays entiers sont fallacieuses : il faut adopter face à cet espace une géométrie variable et le considérer avant tout comme un objet géopolitique, lieu de conflits, de fractures.
[...] Qui commande en Méditerranée? Durant la 2nde moitié du XXème siècle, la Méditerranée subit sa plus grande fracture de son histoire, opposant définitivement sud et nord. Cette fracture transversale secoue le sud et le fragmente, créant des réflexes de repli, d'isolement, de nationalisme et engendrant une instabilité. Dans le nord, la construction européenne a soudé France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce. Au sud, la plupart des Etats ne parviennent ni à réaliser une stabilité politique intérieure, ni à réaliser des accords internationaux. [...]
[...] Dans l'ensemble des pays méditerranéens, plus de 60% des habitants sont citadins. Les villes méditerranéennes sont pour la plupart des villes portuaires et sont devenues des villes industrielles. Avec le gonflement de leur population, elles sont devenues des organismes complexes. N.B. Les grandes villes méditerranéennes de plus de 2 millions d'habitants : Le Caire Istanbul Alexandrie Alger Athènes Naples Casablanca Rome Ankara Tel Aviv Damas Tripoli Izmir Barcelone On peut rajouter Tunis, Beyrouth et Alep qui sont proches du seuil de 2 millions d'habitants. [...]
[...] L'essentiel du trafic est donc transméditerranéen. Le canal de Suez a enregistré en 1997 le passage de 300 millions de tonnes. Son élargissement et son approfondissement permettent désormais le passage de navire de tonnes. Actuellement, ce n'est plus le pétrole (oléoduc Suez-Méditerranée) mais les porte-conteneurs qui assurent l'essentiel du passage, rééquilibrant le trafic dans les deux sens. Le minerai de fer et le coke métallurgique approvisionnent les complexes sidérurgiques (Fos, Tarente) dans des trafics transméditerranéens. En revanche, le transport des grains alimente de plus en plus un courant nord- sud, avec l'Algérie et l'Egypte comme principaux importateurs. [...]
[...] En particulier, ces conflits concernent les problèmes d'eaux territoriales, de détroits, de plateau continental et de zones économiques exclusives. En principe, la limite des eaux territoriales est fixée à 12 milles marins (20aine de km). Dans cette zone, l'Etat côtier dispose du droit de contrôle douanier, sanitaire, fiscal et d'immigration, et de pleine compétence pour l'exploitation et la protection des ressources marines. Au final, le 1/3 de la surface totale est sous juridiction directe des Etats. Le passage des détroits est régi par la convention de Montreux (1936). [...]
[...] En termes de PNB par habitant, la Méditerranée européenne pèse 5 fois plus que les PSEM. Les PNB par habitant : France Italie Espagne Grèce Israël $ (exception parmi les PSEM), Turquie 3100 Egypte 1300 Maroc 1200 $ La dissymétrie est flagrante entre nord et sud, et considérée comme dangereuse à terme. Aussi, il existe des dispositifs d'aide multilatérale ou bilatérale, mais cette aide se révèle modeste : la Méditerranée est loin d'être une destination prioritaire de l'aide européenne. VI. [...]
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