Tandis que le Mexique semble se détacher de l'Amérique latine, une révision des frontières géographiques s'impose. Pour définir l'Amérique centrale, il faudrait prendre en compte tous les pays baignés par la mer des Antilles et les eaux du golfe du Mexique. C'est un vaste ensemble morcelé, où l'éclatement politique du continent correspond à l'émiettement de l'archipel antillais : les 7 Etats de l'isthme regroupent 33 millions d'habitants et les 40 îles, réparties entre 20 pays, représentent 32 millions d'âmes. Le grand voisin du nord veille à la sécurité de la « Méditerranée américaine ». Nombreuses difficultés économiques et politiques. La guerre civile des années 80 a touché le Guatemala, le Salvador et le Nicaragua. Les îles de la Caraïbe, désagrégées au fil des indépendances, sont surpeuplées et mal dotées en richesses naturelles. Fragilité structurelle de ces Etats, fractures des sociétés, exclusion des populations défavorisées : Indiens mayas, Noirs jamaïcains…
[...] Pris entre deux mondes, les pays de l'isthme et les Antilles paraissent terriblement fragiles. Ils ont ainsi tout intérêt à précipiter la cadence de leur marche louvoyante vers l'intégration régionale, qui leur permettrait enfin de signer, un beau jour, le traité de libre-échange nord- américain. En effet, si les poussières de la Caraïbe demeurent à la lisière de ce marché commun allant de l'Alaska à la Terre de Feu, l'espace américain risque fort de marginaliser davantage des territoires dont la précieuse centralité n'a jamais banni le caractère périphérique, ultime paradoxe d'un monde qui, après avoir servi de passerelle à la conquête du continent, semble oublié de tous. [...]
[...] Ailleurs, l'armée a multiplié les coups d'Etat, comme au Guatemala régenté par les militaires de 1838 jusqu'en 1985 ! Les dictatures personnelles pullulent : celle de Rafael Trujillo (1930-61) en république Dominicaine, celle de François Duvalier Papa Doc en Haïti (1957-86), persécuteur de l'élite mulâtre. En s'appuyant sur la terreur et le clientélisme, la famille Somoza a pu gouverner le Nicaragua de 1936 à 1979 : hostilité d'un vaste front allant des marxistes aux nationalistes, renversement en 1979, victoire des sandinistes. Ce 1er succès de la guérilla plonge l'Amérique centrale dans une décennie de violence. [...]
[...] La guerre des bananes En 1974, les Etats membres de l'Union des pays exportateurs de bananes (Panama, Honduras, Costa Rica, puis Guatemala et Colombie) imposent plus lourdement les régimes de bananes destinés à l'exportation. Hostilité des compagnies bananières, menace de nationalisation, bras de fer. Finalement, l'impôt est allégé. Il n'en permet pas moins une augmentation des revenus bananiers dans le budget des Etats. La guerre des bananes prouve la dépendance des pays producteurs. Pour la plupart, ils créent alors des organismes chargés de veiller à l'organisation de la production, comme la Comunbana (Commercialisation multinationale de la banane), mais la tutelle nord-américaine est tenace. Quant à la banane française, elle est sous assistance respiratoire. [...]
[...] Malgré les incohérences bureaucratiques, la pop. cubaine a bénéficié depuis 1959 d'une sensible amélioration de ses conditions de vie. Mais le renversement des régimes communistes a privé Cuba d'un grand nombre de ressources (devises, débouchés, crédits). La logique extrémiste de Fidel renforce la pénurie, répression aggravée. Importance de la visite du Pape à Cuba en 1998 (condamnation de l'embargo), le durcissement choisi par Washington tend même à consolider l'autorité du lider maximo. IV. Vers un nouvel ordre régional Depuis la guerre civile, une évolution se dessine, les sociétés se transforment lentement, de nouvelles sources de revenus bouleversent les espaces économiques, la coopération régionale mûrit. [...]
[...] Des terres pauvres Les pays du bassin caraïbe manquent de terres et de richesses naturelles. Grande disparité des sols. Les cendres volcaniques offrent un excellent terrain, comme à la Dominique, où elles supportent de vastes forêts. En revanche, les sols dérivés de calcaires coralliens que l'on trouve à Anguilla et à Antigua sont trop minces pour être cultivés. Tous ces sols sont menacés aujourd'hui par l'érosion et l'épuisement : déforestation pour les plantations et les cultures. Au Guatemala, un tiers des terres est touché par l'érosion. Le sous-sol souffre également d'épuisement. [...]
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