Marc Dufumier, agriculture industrielle, réformes agraires, sécurité alimentaire, Chine agricole, développement intensif
Professeur d'agriculture comparée à l'Institut national agronomique, Marc Dufumier se livre à de fréquentes tournées dans les campagnes du Sud, et ses observations s'enrichissent de références à l'histoire, même ancienne, et à une riche documentation. Les paysans des tiers mondes de quatre continents forment la moitié de l'humanité, pour longtemps encore. Les trois quarts d'entre eux travaillent avec des outils manuels et il est absurde d'envisager la généralisation au monde entier du modèle occidental d'agriculture industrielle. Les "révolutions vertes", tant vantées, sont elles-mêmes mises en doute, particulièrement quant à leurs retombées sociales. La nécessaire promotion de « l'agriculture paysanne au service du plus grand nombre » se décline en protectionnisme bien pensé, réformes foncières efficaces, régulation intelligente des mesures techniques. Nous proposons ici de ficher les trois chapitres généralistes d'un ouvrage très dense (chapitres I, XV et XVI), et de reprendre les exemples les plus facilement réutilisables parmi les treize analysés par l'auteur.
[...] Les défrichements entraînent des risques d'abrasion accélérée pour les sols. De même l'explosion après les années 1960 de l'utilisation d'engrais et de produits phytosanitaires entraîne une pollution des fleuves, des nappes phréatiques puis donc des mers. Enfin, soulignons avec l'auteur la place centrale de l'eau et de sa répartition dans les inégalités alimentaires. L'Amazonie regroupe de la population mondiale pour des eaux de surface, alors que l'Asie en a pour de la population mondiale ! La plupart des 800 millions de sous-alimentés (aujourd'hui selon le rapport FAO 2008 ils sont 925 millions) habitent dans des zones de stress hydrique. [...]
[...] Les populations indiennes n'ont pas réussi à récupérer leurs terres ancestrales, et vont vers les villes où pourtant le chômage fait des ravages. D'où l'exil. Chapitre XV : Diversité des évolutions agraires. Il faut bien sûr souligner la grande diversité des tiers mondes, de leurs adaptations agricoles au monde globalisé, selon des critères socio- économiques et des modalités propres à chaque milieu. Il n'y a aucune fatalité de la misère et de la faim, juste une vulnérabilité plus ou moins grande face à la concurrence des pays plus anciennement industrialisés. [...]
[...] Il arrive que les exportations de riz et de maïs ne suffisent pas à compenser le manque de blé, et parfois même qu'il faille importer l'une ou l'autre de ces céréales. Cette concurrence ville/campagne s'exprime également pour la question de l'eau, notamment en Chine du Nord, semi-aride, où 300 millions d'hommes vivent. Un manque d'entretien du réseau hydraulique est la marque de la fin des efforts collectifs au profit des investissements individuels, depuis la libéralisation de l'agriculture. Donc l'extension des cultures est en conflit avec l'urbanisation, et l'intensification rencontre des problématiques environnementales (eau, mais aussi érosion et salinisation des sols). [...]
[...] Cette surcharge démographique transparaît clairement au travers des grands mouvements migratoires vers le Nord. Pour l'auteur il faut donc nécessairement allier un développement de la productivité, à l'aide de l'instauration de conditions socio-économiques favorables, avec un contrôle démographique pour tenter de contenir les taux de fécondité. La hausse de la productivité doit se faire selon des modalités différentes dans chaque zone. Là où de grands espaces restent inexploités et où les populations restent peu denses, il est facile d'élargir les cultures par la moto-mécanisation, ce qui entraînera certainement une baisse des rendements à l'hectare (de moins bonnes terres étant mises en culture), mais une hausse considérable de la productivité humaine. [...]
[...] D'où l'organisation même de l'ouvrage, qui sur la base de considérations générales développe treize exemples particuliers afin d'en dégager à chaque fois des leçons qui ne peuvent s'appliquer chez le voisin, ce qui prouve la grande diversité des Tiers Mondes de ce point de vue. Mais ce développement ne doit pas entraîner des dégradations environnementales irréversibles. Ainsi la peur d'une disparition des forêts tropicales, d'une raréfaction des eaux disponibles, d'une érosion des sols à grande échelle, pousse à s'interroger sur la capacité des écosystèmes à répondre à des besoins humains exponentiels, surtout dans des zones où il semble laborieux d'augmenter suffisamment la production à l'hectare. [...]
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