Frontière culturelle et lutte contre la secte terroriste Boko Haram : l'expérience des comités de vigilance dans la région de l'extrême-nord Cameroun

Thèmes abordés

Boko Haram, Cameroun, terrorisme, frontière culturelle, comité de vigilance, défense, Nigeria, sécurité locale, maintien de l'ordre, force de défense locale, secte, frontière, zone frontalière

Résumé du document

L'État en Afrique est une greffe des institutions politique et administrative (J. F. Bayart, 1989) qui supportent tant bien que mal de nombreuses dérives institutionnelles et sécuritaires. La dérive sécuritaire corrode la souveraineté de l'État et inquiète la stabilité régionale. Les mesures de lutte contre l'insécurité nécessitent une synergie dans la mobilisation des stratégies. Raison pour laquelle, des mesures locales doivent être privilégiées, ou du moins comptées avec celles nationales ou régionales. L'exemple du phénomène Boko Haram qui sévit dans le bassin du lac Tchad, illustre la transgression des frontières étatiques par un groupe se revendiquant de religieux. Cette transnationalité du phénomène oblige à une mobilisation régionale. Dans cette condition, la politique de lutte interpelle sur la gravité du phénomène et l'importance de la maitrise de l'espace culturel et social local. D'où la place prépondérante des comités de vigilance engagés dans cette synergie de lutte aux côtés de l'administration (État), dans la région de l'Extrême-Nord Cameroun. Il est question dans ce texte de présenter l'implication des comités de vigilance dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Extraits

[...] Les venins des serpents, les dards du scorpion, la sève des cactus et des racines venimeuses constituent les principaux ingrédients du poison. De l'importance des comités de vigilance Les comités de vigilance présentent un rôle, notamment historique, officiel et réel. Primo, dans le registre du rôle historique, les groupes d'autodéfense constituent une force de maintien de la sécurité locale. Il s'agit de répondre à un déficit sécuritaire qui rend la zone vulnérable de toute menace. Au niveau des barricades de contrôle postées sur les axes de circulations, les comités de vigilance procèdent à des fouilles systématiques des passants. [...]

[...] Il arrive que les BIR prennent avec eux un membre de comité de vigilance pour sillonner les endroits à hauts risques. Bref, nous sommes comme les yeux des BIR pour certaines localités. Les comités de vigilance opèrent de jour et de nuit. De jour, leur action consiste à effectuer des patrouilles dans des zones de promiscuité, question de sonder dans les attroupements quotidiens toute forme de comportements et de présences suspectes. Les accents et les traits de caractères culturels sont des déterminants pour détecter toute présence étrange. [...]

[...] Toutefois, ces efforts sont demeurés au stade de conception dans la mesure où aucune réalisation matérielle n'est constatée jusque-là. Les zones telles que Amchidé et Fotokol ne figurent pas dans ce répertoire alors que ce sont des zones d'intense effervescence socioéconomique. En dehors du problème de la démarcation des frontières, les zones frontalières éprouvent des difficultés en termes de l'arrimage de leur train de vie quotidienne à celui du reste du territoire nationale. Dans son programme d'identification des zones frontalières prioritaires, la Commission Nationale des Frontières a prévu le développement desdites zones. [...]

[...] La collaboration de la population locale est fondamentale pour le succès de l'opération des comités de vigilance. D'une moyenne de 5 à 8 membres (cj tableau les comités de vigilance sont disposés en démembrements le long de tous les corridors d'échange et de communication menant dans leur zone d'action. Ils érigent des barricades sur les voies de communication. Dans la zone de Kolofata, d'Amchidé et de Limani, les barricades sont érigées sur les routes menant au Nigeria. Ce sont les routes les plus surveillées. [...]

[...] Saïbou Issa, 2001, conflit et problème de sécurité aux abords du Lac Tchad , thèse de Doctorat PHD, Université de Yaoundé I. Articles et chapitres d'ouvrages Abdouraman Halirou, 2008, Le conflit frontalier Cameroun-Nigeria dans le lac Tchad : les enjeux de l'île de Darak, disputée et partagée , in Cultures & Conflits [En ligne], 72, hiver 2008. Articles du journal ou de revue AFP, 2015, Boko Haram menace le président camerounais dans une vidéo , Le Monde, 08 janvier 2015. Areguema, J., 2016, Boko Haram attaque la brigade de gendarmerie , Œil du Sahel, novembre 2016. [...]