Evoquer la notion d'organisation de l'espace mondial est aujourd'hui d'actualité en raison de l'assez récente internationalisation et mondialisation des flux qui s'est opérée.
Si la notion d'espace mondial est assez floue, lui trouver une organisation l'est encore plus. On peut en effet se demander de quelle organisation (et même de quel monde) il est question. Est-ce celle des hommes, des industries, des capitaux, des idéologies ?
Dans un contexte actuel de mondialisation, il semble envisageable de restreindre l'analyse de l'organisation de l'espace mondiale à celle des flux ; ce qui par extension nous amène à considérer les itinéraires de ces flux, puis les réseaux ainsi formés et leurs nœuds : des pôles.
Se fondant sur cette démarche, l'étude portera en premier lieu sur les éléments d'organisation de l'espace mondial, puis à l'inverse sur ceux ayants un effet néfaste sur cette organisation. Enfin, l'étude d'une forme spécifique d'organisation, la désorganisation, achèvera l'analyse, permettant de déterminer si l'espace mondial est ou non organisé.
[...] L'exemple des organisations dites régionales est à ce titre révélateur. Celles-ci, telles que l'ALENA, l'ASEAN ou encore l'Union Européenne, sont, comme le montre la carte, résolument tournées vers leur continent, établissant un marché commun, une disparition des frais de douanes à l'intérieur ou encore un tarif douanier de l'extérieur de l'organisation commune. En se concentrant sur le commerce avec les autres Etats-membres, on pourrait penser que ces Etats se détournent finalement du commerce mondial, privilégiant leurs partenaires économiques régionaux, aboutissant à une certaine œuvre de désorganisation de l'espace mondial, il n'en est cependant rien. [...]
[...] Le mode de représentation correspondant le mieux aux caractéristiques de l'espace mondial aujourd'hui est celui qui se base sur le principe d'insularité. Les continents, les Etats, les organisations régionales sont alors des îlots extravertis, tournés vers l'extérieur, vers les échanges, créateurs de flux. On peut donc bien parler d'un espace mondial organisé par les flux, cependant, comme nous l'avons vu, les modélisations possèdent des limites et ne sont pas des modèles universels, applicables en toute situation. Le géographe se doit donc d'analyser les formes de perturbation de l'organisation de l'espace mondial. [...]
[...] Pour aller plus loin, on peut également noter l'initiative de création d' euro-régions (par exemple l'Arc atlantique) pour une meilleure compétitivité au niveau mondial et donc une meilleure intégration des flux qui structurent l'espace mondial. Cet espace mondial, s'il possède donc une organisation, doit pouvoir se référer à une modélisation particulière. Parmi celles-ci on peut noter la modélisation de type centre-périphérie. Faisant fi des discontinuités spatiales, celle-ci organise l'espace mondial autour d'un centre (les Etats- Unis actuellement, et plus globalement la Triade) autour duquel gravitent différents Etats ou régions, plus ou moins bien intégrés aux échanges qui se font avec le centre. [...]
[...] Ces considérations ne doivent pas néanmoins nous faire perdre de vue notre objectif qui était de définir si l'espace mondial peut être considéré comme organisé. Nous avons notamment pour cela mis en avant l'importance des flux dans le monde actuel, expliquant le rôle prépondérant du réseau dans l'organisation de l'espace mondial. Prépondérance relativisée par toutes les perturbations locales qui gênent l'affirmation d'un monde totalement organisé. Enfin, l'exposition de la notion de délocalisation a permis de révéler qualités et défauts d'une modélisation insulaire de l'organisation de l'espace mondial. [...]
[...] Ainsi, donc, les intérêts locaux se révèlent être plus ou moins une sorte de nuisance à l'intégration pleine et entière de chaque région à une organisation mondiale. On retrouve là encore des problèmes propres aux nations de la vieille Europe qui par des privilèges économiques acquis au cours des siècles ne sont plus à même de concurrencer de nouveaux pôles qui ont émergé avec la décolonisation et la propagation des idées capitalistes. On voit donc bien qu'une organisation, si elle est fiable à l'échelle locale, régionale voire nationale, ne l'est pas forcément dès lors que l'on passe à l'échelle mondiale. [...]
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