Au 19e siècle, les romans naturalistes d'un Zola ou d'un Dickens renvoient une image passablement négative du phénomène urbain, la ville étant dépeinte comme le catalyseur de biens des maux de la modernité, qui font de la ville un espace avant tout défavorable à des conditions de vie saines et, partant, à un état de santé correct, en témoigne par exemple l'alcoolisme consécutif à la misère ouvrière dans L'Assommoir. Toutefois, un rapide aperçu des paysages et des conditions sanitaires urbaines actuelles parait plaider en faveur d'une relativisation de ces jugements schématiques et par trop simplificateurs (...)
[...] Ainsi, les villes engendrent une certaine discrimination sanitaire, étant par nature des territoires aux populations elles-mêmes hétérogènes. Toutefois, les villes peuvent elles-mêmes renforcer ces logiques, de par l'aménagement de l'espace sanitaire : l'offre de santé sera alors d'autant plus favorable que la ville est dynamique et attractive, et se répandra de façon différenciée au sein de la ville en fonction, souvent, du pouvoir d'achat disponible de telle ou telle zone Ainsi, en France, le centre et les banlieues ou périphéries éloignées sont plus favorisées sanitairement que les banlieues proches. [...]
[...] Les villes ne sont toutefois pas elles-mêmes homogènes sur ce point, dans la mesure où les habitats pavillonnaires sont moins exposés à de telles nuisances que les zones urbaines sensibles par exemple. En outre, des risques sanitaires dus aux concentrations industrielles ou de centrales planent sur les villes, même si celles-ci, dans les pays développés du moins, tendent à rejeter le plus loin possible de telles activités, par conscience environnementale entre autres Pour autant, tel n'est pas le cas dans maintes villes du Tiers Monde ; et de fait, la proximité des populations denses et d'usines à risque peut s'avérer catastrophique sur le plan sanitaire. [...]
[...] De plus, au cœur des villes, les populations ne sont pas toujours confrontées aux mêmes risques sanitaires, notamment en fonction de leur statut socio- économique. Ainsi, l'implantation, en ville, d'un aéroport, entraîne des dévalues immobilières et la fuite des populations aisées vers des territoires moins vecteurs de nuisances, laissant la place à des populations plus pauvres ; de même, en Inde, ce sont els moins aisés qui jouxtent les décharges Par ailleurs, les citadins des pays développés ne sont pas exposés aux mêmes dangers sanitaires, comme l'a montré la canicule de 2003 en France, où l'impact du statut socio-économique a beaucoup influé sur la mortalité. [...]
[...] Un autre avantage des villes au niveau sanitaire réside dans le développement souvent plus fort de l'alphabétisation (écoles plus nombreuses et accessibles ) ; or celle-ci est un gage de plus grande sécurité sanitaire. Par exemple, des programmes d'hygiène corporelle contribuent à faire reculer les épidémies cholériques, aux conséquences toujours désastreuses dans les espaces de concentration humaine si les règles les plus élémentaires de l'hygiène ne sont pas respectées ; les moyens contraceptifs sont aussi plus accessibles par des populations éduques ; l'apprentissage de règles simples peut également entraîner le recul de gîtes larvaires fort fréquents dans les silles, souvent par ignorance. [...]
[...] L'amélioration qualitative de la situation sanitaire des villes requiert une approche globale, systémique de développement, seule à même de réduire le fossé persistant et profond qui sépare les plus avantagés socialement et sanitairement et les plus démunis. [...]
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