Dans le contexte d'un mouvement de concentration de la population dans les métropoles, à l'œuvre en Europe comme dans le monde entier, les villes de espaces riverains de la Baltique apparaissent, certes, toujours d'un rayonnement modeste, mais sont pour la région d'indéniables pôles de croissance : comme d'autres capitales européennes, Stockholm, Copenhague ou encore Riga concentrent les populations les plus qualifiées, les capitaux, les activités de pointe à forte valeur ajoutée, les échanges, les pouvoirs de commandement à échelle régionale, les fonctions essentielles de centralité.
A l'heure de la mondialisation, qui se traduit notamment par des processus de régionalisation et de coopération supranationale, les villes des espaces riverains de la Baltique sont les centres d'impulsion de l'intégration européenne de cet espace septentrional : ainsi se développent des regroupements communautaires en réseau, dont l'un des plus fameux exemples est l'union des cités baltiques (UCB). C'est que les enjeux des espaces riverains ont été redéfinis depuis la chute de l'Union soviétique en 1991 et l'ouverture de la façade orientale et méridionale de la Baltique aux logiques occidentales et atlantiques.
[...] La croissance des villes riveraines et la promotion de leur site et leur histoire sont des plus ambivalentes. Certes au Danemark, le poids des archipels, des détroits, est nuancé par la tradition rurale originale dont fait preuve la façade ouest du Jutland, dont les ports, Esbjerg, Ringkobing, Hojer, sont remarquablement connectés aux campagnes. La trame urbaine y est ainsi originale, fondée sur un semis de petites villes, et de gros bourgs dont l'ampleur modeste témoigne de la singularité de l'urbanisation nordique. [...]
[...] Ce véritable projet d'intégration territoriale est passé par l'essaimage jusqu'aux confins de la Nordkalotten d'un maillage urbain dispersé, réduit parfois à quelques centaines d'habitants, mais partout présent. Cette politique volontariste y a favorisé l'égalité des accès aux services élémentaires, aux écoles, hôpitaux, installations sportives, voire en fait les bases de nouveaux sites technologiques intégrés afin d'y maintenir les populations, tel Jokkmork, commune de 2 habitants au au nord de la Suède, présentant pourtant un haut PIB grâce à la présence de la plus grande centrale hydroélectrique suédoise : le contraste est majeur entre les indéniables difficultés d'aménagement, et la vitalité de cette cité pourtant peu peuplée. [...]
[...] Ces éléments caractéristiques sont des éléments fondateurs de l'identité nordique, avant tout portuaire. Car cette mise en valeur ancienne des littoraux, en dépit des contraintes, est désormais un phénomène producteur d'espace, et la trame essentielle de l'organisation spatiale en Baltique. Le caractère difficile, mais indispensable de cette mer, a déterminé la croissance de cités puis de pôles littoraux liés par des routes maritimes anciennes : de cette vie insulaire nordique est née une trame urbaine originale mais discontinue. A l'échelle régionale, ce sont bien les littoraux qui sont polarisants, comme l'illustre la Suède : en plus d'un gradient Nord/Sud –valable surtout pour le Norden- fait jeu un gradient littoral/intérieur, si bien que Stockholm, Göteborg et Malmö concentrent de la population suédoise. [...]
[...] Mais c'est finalement la remarquable organisation de la Hanse qui a donné son ampleur passée aux cités baltiques : elle reprit sur les rives de la Baltique de florissants comptoirs existants, bénéficiant de la protection de ses ressortissants groupés en ligues et de la liberté des échanges conquise sur le verrou danois. L'union Lübeck-Hambourg dominait le réseau commercial maritime, tandis qu'à l'Est les comptoirs se regroupaient en bases régionales favorisant les liens avec l'intérieur, comme à Riga, Reval, Saint-Pétersbourg, approvisionnant les foires de Novgorod ou de Dorpat. C'est ainsi une véritable culture du réseau, combattant ou utilisant les Etats, fondée sur la langue germanique et des liens croisés entre populations, qui s'est constituée sur ces rivages en relation lointaine avec la Mer du Nord, la Caspienne ou la Mer Noire. [...]
[...] Le réseau urbain des rivages baltiques demeure donc de second rang en Europe, bien inférieur aux potentialités marchandes que l'histoire lui a léguées. Les villes riveraines de la Baltique sont en effet le fondement de l'organisation régionale septentrionale, héritées d'une tradition urbaine vivace. La vocation marchande et portuaire de villes tout de même modestes et relativement peu nombreuses est le fruit de dominations anciennes, de la succession historique de diverses influences qui ont plus ou moins revivifié des structures déjà en place. [...]
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