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Il est frappant de constater à quel point le monde turcophone se présente comme une mosaïque. Le géographe se heurte en effet sans cesse à des hétérogénéités multiples : c'est que chaque Etat d'Asie centrale, pourtant turcophone mais agité de volontés nationalistes, tient à légitimer son territoire et ses frontières. Or la présence de fortes minorités (Kurdes, Lazes, Tcherkesses, etc.) repose sans cesse la question du fondement de l'unité nationale - ceci aboutissant parfois même à la création de territoires autonomes, comme c'est par exemple le cas en Russie (Tchouvatchie, Tatarstan) ou en Chine (Xinjiang). A vrai dire, il semble que tous les facteurs habituels d'homogénéité tendent à créer des ruptures et des différences : le fond linguistique commun se subdivise en dialectes jaloux de leurs spécificités (ouzbek, azéri), l'Islam en courants originaux et composites (soufi, sunnite, chiite), etc. Bref, que ce soit au niveau politique, culturel ou humain, le monde turcophone se présente comme un ensemble juxtaposant vides et pleins, différences et similitudes. Notre réflexion passera donc par l'étude des frontières (qui sont loin de toujours représenter des limites) et des aires (qui ne coïncident pas forcément avec les territoires), mais aussi des acteurs et des flux qui, s'ils sont fortement polarisés, pourraient créer des îlots d'homogénéité. Autrement dit, il convient d'étudier les discontinuités dans la répartition géographique non seulement des populations turcophones, mais aussi des éléments culturels qui font de ces territoires des mosaïques. A cet égard, ne pourrions-nous pas penser que le monde turcophone, fort a priori d'une homogénéité de fond, tend de plus en plus à évoluer vers une hétérogénéité de fait - notamment à cause d'acteurs incapables d'arriver à un compromis sur les éléments qui pourraient constituer une identité commune ? Nous constaterons dans un premier temps que les diverses ethnies au sein des Etats leur confèrent un caractère hétérogène ; cela nous mènera à analyser les causes de l'échec de l'unité culturelle dans cette aire turcophone. Enfin, il conviendra de se pencher sur l'évolution de cette dialectique entre vides et pleins, notamment au regard des flux.
[...] Ces derniers ont tous en commun un fond linguistique commun, même si les dialectes diffèrent. Mais il faut également évoquer le cas de régions autonomes, véritables enclaves à l'intérieur d'Etats non turcophones : ainsi en Russie, par exemple, la république de Sakha (ou Yakoutie) au Nord-Est de la Sibérie, ou encore les territoires frontaliers de la Tchouvatchie, du Tatarstan et du Bachkortostan (versant occidental de l'Oural) ; il en va de même en Chine pour la région autonome ouïghoure du Xinjiang (Nord-Ouest). [...]
[...] Mais les acteurs semblent incapables de les trouver, et ce fond commun sert souvent en définitive à renforcer les particularismes. Quoi qu'il en soit, le monde turcophone se présente en effet comme un ensemble de vides et de pleins, et les flux actuels, fortement polarisés, tendent à aggraver ce fait. [...]
[...] Portons notre attention sur les dynamiques qui travaillent le monde turcophone : nous étudierons tout d'abord les diasporas qui confèrent à celui-ci une dimension mondiale. Il faudra également analyser le pendant de celle-ci, à savoir les flux touristiques et leur impact sur la Turquie. Enfin, nous évoquerons les conflits et les déplacements de populations qui peuvent en résulter, ainsi que les phénomènes de migrations internes. L'émigration ouvrière se présente comme un des atouts de l'ouverture contemporaine de la Turquie à un espace mondialisé ; elle remonte à la phase de croissance massive des années 1960, et s'organisait alors principalement autour du pôle allemand. [...]
[...] Pour témoins, les taux d'urbanité de l'Azerbaidjan (environ et de la Kirghizie Ces retards de développement s'expliquent parfis par des conditions naturelles peu propices : ainsi le Turkménistan, recouvert à 90% par le désert du Karakoum, possède seulement 24.000 km de routes et 2440 de voies ferrées ; 27% de la population est sous le seuil de pauvreté (le salaire moyen est de 14 et le chômage a atteint 60% en 2004. De fait, seuls trois axes de communication routiers relient la partie Nord à la partie Sud du pays ; la pauvreté ne permet pas de remédier aux rigueur du climat. Quant à la Turquie, nous pouvons constater un gradient Est-Ouest : défini par W. D. [...]
[...] Mais peut-on appliquer cette unité à l'ensemble de l'Asie centrale ? C'est que différentes conceptions de la religion émergent : Islam chiite en Azerbaïdjan, sunnite sur le reste de l'espace turcophone, toujours avec cette composante soufi. Evoquons également l'Islam combattant, celui des Talibans, à la lisière de notre espace (Nord du Pakistan). Bref, là encore, une aire générale qui transcende les différents territoires politiques se dégage ; mais des particularismes semble-t-il insurmontables fragmentent celle-ci. Il n'est donc guère étonnant que les tentatives des nationalismes panturcs aient jusqu'à présent échouées ; étudions de plus près celles-ci. [...]
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