Vidal et ses disciples ont créé l'école française de géographie, toute entière fondée sur l'analyse des rapports entre les milieux naturels et les sociétés. Cependant, cette approche globale, a été confrontée à l'approfondissement de chacune de ses deux composantes : les sciences de la nature d'une part, sous l'impulsion d'Emmanuel de Martonne, celles de la société d'autre part, avec Jean Brunhes et Albert Demangeon. A cela s'ajoutait l'évolution propre à la géographie coloniale, progressivement transformée en géographie « tropicale ». ces évolutions scientifiques, parfois précoces, furent contemporaines de l'organisation de la géographie universitaire sur l'ensemble du territoire national.
Malgré le faible nombre de ses spécialistes, la discipline révèle sa richesse et développe son audience internationale, notamment à travers la publication de la Géographie Universelle conçue par Vidal et mise en oeuvre par ses disciples. L'école française de géographie domine la scène mondiale de la discipline entre les deux guerres. Elle connaît un âge d'or. En France, elle doit l'essentiel de son audience et de son développement à son ancrage dans le système de formation, et à la reconnaissance d'une compétence particulière : l'analyse localisée des caractères propres d'un espace, que la nature et l'histoire économique et sociale permettent d'expliquer (...)
[...] Méthode : repérer les analogies à la surface de la terre par le moyen de la comparaison. Ce souci permanent de retrouver des lois générales privilégie un objet : la géographie physique. L'interdépendance des différentes parties du globe est révélée par les mouvements de l'atmosphère et les courants marins. Les relations de cause à effet ne sont clairement établies que dans le domaine de la géographie physique. Ce privilège s'explique par la difficulté éprouvé à exprimer des lois générales de la société. [...]
[...] La géographie en pratique Une géographie empirique tournée vers l'histoire : faites de la géographie, ne perdez pas votre temps à vous demander ce qu'elle est disait R. Blanchard à ses élèves. L'âge d'or est celui que le doute épistémologique n'effleure pas. L'exercice de la déduction comme de l'induction ne s'appliquait aisément qu'à la géographie physique d'une région et notamment à sa géomorphologie. La géographie humaine de la même région ne pouvait s'adresser qu'à l'histoire, faute d'un recours à des logiques économiques, sociales ou culturelles, méconnues ou très floues. [...]
[...] C'est depuis la capitale que de Martonne exerce ses talents d'organisateur de la géographie. Appliquant le modèle germanique, de Martonne avait fondé le laboratoire de Géographie de Rennes en 1902. A l'échelle française, il a introduit dès 1905 la pratique de l'excursion inter-universitaire annuelle. Ces déplacements sont sources d'échanges entre les membres d'une même communauté qui entretiennent des relations avec des géologues et des botanistes. Ces excursions sont à l'origine des Journées géographiques que l'actuel Festival de Saint- Dié a éclipsées. [...]
[...] On trouve là quelques unes des principales idées directrices de la géographie des lois de l'espace des années 1990. et l'on trouve chez Brunhes une analyse de l'espace fondée sur la trilogie points-lignes-surfaces, qui annonce cette même géographie. Malgré son indéniable succès aux Etats-Unis not, la Géographie humaine de Brunhes suscita quelques réserves de la part de Vidal (trop de rigueur). C'est à travers les travaux de géographie régionale que le groupe vidalien et la géographie furent identifiés par la communauté scientifique. [...]
[...] Or, dès sa nomination, Vidal sollicite et obtient le droit de n'enseigner que la seule géographie. Vidal s'initie alors totalement aux oeuvres de Ritter et de Humboldt et, dès 1874, se rend en Allemagne. Le deuxième tournant dans sa carrière intervient en 1877. Nommé à l'ENS, il y reste 20 ans, il y enseigne sa géographie à une partie de l'élite de la Nation et parvient à la séduire. Surtout, il saisit l'opportunité de former les futurs professeurs de géographie. [...]
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