Sous-développement de l’Afrique, pauvreté, famines, sida, guerres, acculturation, deshumanisation, Sylvie Brunel
Ecrire sur l'Afrique n'est pas chose aisée car ce continent de trente millions de km² s'attachant à l'Asie par l'isthme de Suez et s'ouvrant sur la Méditerranée par la pointe du Maroc offre l'apparence d'une certaine unité mais est aussi une terre de contrastes, si bien qu'il est préférable de le décliner au pluriel tant les disparités sont fortes ; ne dit-on pas « un continent, des Afriques » ? C'est en Afrique que les traits du sous-développement apparaissent les plus marqués: pauvreté, famines, sida, guerres… scandent son quotidien entretenant un afro-pessimisme et confortant sa position marginale à l'égard des pays industrialisés qui sont au cœur de la mondialisation. L'histoire de l'Afrique est d'ailleurs une succession de traumatismes : trois Traites depuis le VIème siècle déportant et asservissant des dizaines de millions d'hommes, puis, l'esclavage à peine aboli, voici que les Européens décident de coloniser le continent
[...] Lorsque les droits d'usage des sociétés traditionnelles rencontrent le droit administratif de l'État-nation détenu par un ou plusieurs groupes légitimes - détenteurs de ce droit, car appartenant à l'espace ainsi délimité des conflits pour le contrôle des ressources peuvent avoir lieu. Même en Côte-d'Ivoire, la mort du père fondateur de la nation montre que le pouvoir qu'on croyait fonctionner de façon autonome était en réalité dépendant du leader. B. Le poids de l'histoire Le fait que le continent soit le continent du sous-développement tiendrait moins aux déterminismes géographiques qu'au poids de l'histoire. En effet, les traites négrières ont induit une saignée démographique que nul ne peut ignorer : 60 millions d'Africains auraient été victimes du commerce triangulaire. [...]
[...] Et le déterminisme géographique ? L'Afrique des vides est une Afrique hostile : elle couvre les espaces désertiques ou subdésertiques aux marges Nord du continent, mais aussi elle le prend en écharpe depuis le Soudan jusqu'à la Namibie. Cette diagonale du vide africaine sépare très nettement les deux zones les plus peuplées d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique de l'Est avec de fortes densités autour des Grands Lacs. La forêt dense n'est guère plus favorable à l'implantation de l'homme même si son occupation est inégale selon les régions. [...]
[...] Or, partout, la guerre est un facteur aggravant du sous- développement à commencer par les famines qu'elle instrumentalise comme nous le rappelle Sylvie Brunel dans Famines et politique, publié en 2002. Car la décennie du chaos c'est aussi toute une série de crises que le continent doit surmonter comme les fléaux sanitaires et les famines. Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix ont vu le continent africain plonger dans la récession et la misère au point de pouvoir parler de sous- développement dans nombre de pays africains encore aujourd'hui. Où peut-on trouver les explications ? II . [...]
[...] Parmi eux, quatorze sont africains. Pour autant, l'Afrique ne se réduit pas à ce constat d'échec. D'abord parce que, comme nous le dit Philippe Hugon, ses trajectoires sont plurielles : aucun des critères retenus n'est aussi alarmant concernant l'Afrique du Nord ; si tous s'inscrivent dans une logique de mal-développement, les critères attribués au sous-développement ne leur correspondent aucunement. C. Des retards aggravés dans la décennie du chaos Plus que toute région au monde, l'Afrique subsaharienne est en proie dans les années 1990 à une instabilité chronique. [...]
[...] Aujourd'hui on peut dire qu'elles sont appropriées par les Africains comme les marques et les limites des identités nationales. C'est alors dans ce cadre que les états ont entrepris leur construction nationale et un certain nombre d'entre eux l'ont fait avec succès. En Côte-d'Ivoire, le président Félix Houphouët-Boigny prend soin de veiller à ce que chaque ethnie du pays, et on n'en compte pas moins d'une soixantaine, soit représentée dans l'administration ivoirienne. Économiquement, il décide, à partir de 1960, de s'appuyer sur une agriculture exportatrice de produits tropicaux : grâce au café et surtout au cacao, dont le pays est devenu le premier producteur mondial, le produit national brut par tête triple de l'indépendance à 1972, dépassant celui de tous les autres pays d'Afrique noire à l'exception de l'Afrique du Sud. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture