Pratiques syncrétiques, kamis, sanctuaire, laïcs, contemplation
Le shintoïsme ou shintô tout court intrigue. Il est ignoré ou presque, n'existe qu'au Japon et n'a jamais pu s'exporter. Les pratiques syncrétiques y sont répandues depuis longtemps et beaucoup de Japonais ne savent plus très bien ce qu'il en est ni où ils en sont.
La religion shintô se présente comme le culte de divinités locales vénérées depuis la lointaine origine, les kamis. Ce sont des forces, des présences de la nature supérieures à la condition des humains et pouvant habiter pour un temps des lieux ou des végétaux (une montagne, un rocher, un fleuve, un arbre, une forêt, le vent, la mer...), ou encore des défunts particulièrement considérés de leur vivant – ainsi le premier shogun du clan Tokugawa, Ieyasu, et son prédécesseur et adversaire, Hideyoshi, se sont vus déifiés à leur mort, respectivement en 1616 et 1598, tout comme l'empereur Meiji (en 1912) et son épouse (en 1914).
[...] Tout le reste appartient au profane, et d'abord la nature. Paysan et païen ont la même étymologie latine, comme sylvestre et sauvage et les grands défrichements monastiques dans l'Europe du XIIe siècle n'étaient pas seulement d'ordre végétal. Au Japon, temples et sanctuaires ne font que cristalliser ou manifester la présence de divinités qui sont partout chez elles, dans la forêt et la campagne comme dans la cité. Pas de tunnel de métro qui ne se perce, pas d'immeuble dont on creuse les fondations sans invocation publique et cérémonielle des kamis de l'endroit auxquels on apporte tous apaisements. [...]
[...] Le shintoïsme, religion nationale au Japon Le shintoïsme ou shintô tout court intrigue. Il est ignoré ou presque, n'existe qu'au Japon et n'a jamais pu s'exporter. Les pratiques syncrétiques y sont répandues depuis longtemps et beaucoup de Japonais ne savent plus très bien ce qu'il en est ni où ils en sont. La religion shintô se présente comme le culte de divinités locales vénérées depuis la lointaine origine, les kamis. Ce sont des forces, des présences de la nature supérieures à la condition des humains et pouvant habiter pour un temps des lieux ou des végétaux (une montagne, un rocher, un fleuve, un arbre, une forêt, le vent, la mer . [...]
[...] Les prêtres shintô ne sont pas des religieux, mais des laïcs élus par la communauté. L'architecture shintô repose sur une structure simple : de puissants pilotis, enfoncés très profond dans le sol, et une toiture à double pente couverte de chaume ou de bois, selon les principes de base de la maison japonaise traditionnelle. A l'intérieur de l'enceinte sacrée, toujours précédée d'un portique (torii, littéralement perchoir aux oiseaux), le sanctuaire shintô est clos et interdit d'accès : c'est la demeure d'un kami, y pénétrer serait violer son domicile. [...]
[...] Les premiers sanctuaires shintô ont été temporaires, on les détruisait après la cérémonie. La tradition se maintient, tous les vingt-cinq ans, pour le sanctuaire de la déesse mère à Ise, sur la côte du Pacifique. Très tôt les Japonais ont su composer avec la nature et se sont attachés à ménager ses divinités. Les kamis sont généralement bienveillants, pour autant qu'ils soient régulièrement honorés on leur prête une certaine susceptibilité. L'espace où s'exerce leur influence est signalé par un torii, balise plutôt que porte (il n'a jamais de seuil protecteur que l'on doive franchir, comme si souvent en Orient). [...]
[...] Le shintô ignore les monastères, l'ascèse et la contemplation. Lors des fêtes religieuses, le kami est promené dans une châsse de longues heures au milieu de la foule. Le shintô a été érigé en doctrine d'Etat au début de l'ère Meiji, par opposition au bouddhisme, religion étrangère l'empereur devenant son grand prêtre. Si ce lien identitaire à forte connotation nationaliste a été rompu par les Alliés à la fin de 1945, le shintô a retrouvé depuis toute sa vigueur. Robert Guillain consacre un chapitre d'Aventure Japon à décrire une cérémonie shintô d'une grande puissance, la nuit, à Ise. [...]
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