La politique d'immigration canadienne

Thèmes abordés

Politique d'immigration canadienne, politique gouvernementale, Dominique Daniel, Acte de l'Amérique du Nord britannique, démographie, multiculturalisme, mesures discriminatoires, sécurité nationale, assimilabilité, main d'oeuvre

Résumé du document

Dès qu'on parle du Canada, on ne peut faire abstraction de l'enjeu de l'immigration qui est au centre de sa politique gouvernementale. En effet, à l'échelle internationale, on attribue le qualificatif de "pays d'accueil", un endroit où tous sont les bienvenus peu importe l'origine ethnique ou la croyance religieuse, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Selon Dominique Daniel, les décennies succédant l'entrée en vigueur de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, en 1867, marquent l'âge d'or de l'immigration canadienne. Cet acte marque l'officialisation du statut de dominion du Canada, la création de sa constitution et la formation d'une confédération de provinces (Daniel, Dominique, 2003, p.2). Avant le XXe siècle, la politique d'immigration canadienne ne posait pas encore de restrictions. L'objectif principal était d'augmenter la démographie sur ce vaste territoire canadien. Le XXe siècle amènera avec lui la création des lois de 1906 et de 1910. Ces dernières vont entraîner, tout d'abord, la mise en place des premiers instruments politiques de sélection visant à déterminer les étrangers qui seront jugés "désirables" ou "indésirables".

Extraits

[...] Ce passage reflète bien ce concept de robinet et sa mise en application : Si la  politique de robinet  est bien appliquée, nous, la bourgeoisie, pourrions nous bien protéger contre l'affaiblissement du système capitaliste qui nous donne des privilèges, au moins à moyen terme et à l'intérieur de nos pays riches quand le besoin se fait sentir nous pouvons faire venir du  cheap labour  (noir, brun ou jaune) ; dans le cas contraire, nous pourrions laisser entrer les immigrants de couleur les plus qualifiés et, bien sûr, nos frères et sœurs anglo-saxons et gaulois qui ont déjà les mêmes prétentions socio-économiques que nous. Finalement nous pourrions nous servir des immigrants comme des boucs émissaires quand il y a des crises qui troublent l'économie de nos pays riches. [...]

[...] De plus, la population, à l'époque n'objectait quasiment pas quant à leur application. Les gouvernements promouvaient ces campagnes discriminatoires et elles étaient accueillies par tous. Même le gouvernement libéral de Laurier n'en fit pas exception, un système supposé être démocratique (Reg Whitaker p. 10,). Cela nous amène à nous questionner sur les facteurs qui ont été mis de l'avant pour justifier ce rejet de certaines catégories  d'étranger   ; quels sont les arguments dont se sont servis les dirigeants de l'époque ou encore qu'est-ce qui était jugé comme étant des causes acceptables pour que le rejet d'autrui soient autant normalisé ? [...]

[...] Ensuite, cette discrimination a été justifiée par une question de  capacité d'absorption  . Ce passage sur le discours du Premier ministre Mackenzie King en 1947 définissant la politique du gouvernement durant l'après-guerre le reflète bien : Le gouvernement cherchera [ . ] à assurer une sélection méticuleuse et l'intégration définitive d'immigrants, et ce en nombres qui n'excèdent pas la capacité d'absorption de notre économie nationale  . Il poursuivait en insistant sur la volonté du  peuple canadien  de ne pas provoquer de  changements fondamentaux dans la composition de la population  et en soulignant que l'immigration d'Asiatiques créerait inévitablement des problèmes économiques et sociaux qu'il fallait éviter. [...]

[...] On peut, de ce fait, dire que  les mesures radicales prises tout au long de ces années reflètent, une fois de plus, la très large autonomie de l'Exécutif, peu limité par des contrôles législatifs et judiciaires  (Ibid. p.5). Aussi, cela soulève également le fait que les pratiques du gouvernement étaient tout à fait en contradiction avec les idéaux prônés pour lesquels la nation se battait officiellement,  et la préférence marquée pour les immigrants de race et de culture proches de la norme anglo-saxonne fut totalement discréditée par les atrocités dérivant du nazisme  (Dominique Daniel p.5). [...]

[...] https://www.erudit.org/en/journals/llt/2011-v68-llt68/llt68rn01.pdf Struthers, James. La crise des années 1930 au Canada . [...]