Historiquement, c'est en tant que fournisseur de produits agricoles que l'Amérique latine s'est intégrée au commerce mondial. Dans le cadre de structures agraires profondément inégalitaires s'est développée une agriculture spéculative destinée à faire rentrer des devises. Mais des millions de petits paysans sont ainsi restés sur la route du développement. C'est cette situation qui définit la question agraire en Amérique latine. Des tentatives de réforme agraire ont eu lieu mais les résultats sont mitigés. Aujourd'hui la question agraire n'est toujours pas résolue et le malaise agricole a tendance à alimenter la crise sociale dans les villes, qui regroupent aujourd'hui une majorité de la population en Amérique latine.
[...] Elles ont permis dans la plupart des pays l'émergence d'une classe moyenne agricole. L'exode rural a été ralenti, mais n'a pas disparu et dans tous les pays les paysans les plus pauvres continuent à s'entasser dans les bidonvilles des grandes villes. Une des causes du relatif échec des réformes agraires a été l'incapacité de l'État à assurer le suivi technique et financier de la réforme. Les réseaux de distribution et les marchés n'ont pas été organisés. Les grands propriétaires terriens, grâce à leur lien avec l'appareil d'État, ont su limiter les conséquences de la réforme ou la détourner à leur avantage. [...]
[...] La dernière fut entreprise au Nicaragua en 1979 lors de la révolution sandiniste. Au Brésil, en Colombie et au Venezuela, les dirigeants ont choisi, plutôt que de redistribuer des terres, d'encourager la colonisation de terres vierges. Les résultats À l'exception de Cuba où la réforme agraire fut radicale, les réformes agraires ont eu dans les autres pays pour conséquence d'obliger les grands domaines à se moderniser et à se concentrer sur les terres réellement exploitées. Les grands propriétaires ont également été incités à investir une partie de leur richesse dans l'industrie nationale et de favoriser ainsi l'industrialisation. [...]
[...] En effet, la baisse des cours des matières premières agricoles est directement répercutée sur les producteurs. Tant et si bien que les cultures de coca, par exemple, sont les seules cultures commerciales dont le commerce mondial (certes illégal) se maintient à un niveau permettant la survie des agriculteurs. Mais, ces cultures ont pour conséquence de graves dérèglements des sociétés des pays concernés, notamment avec le développement de la violence. C'est le cas, par exemple, en Colombie. La persistance des mouvements paysans Le Mexique, premier pays à avoir au début du siècle pratiqué une réforme agraire, compte plus aujourd'hui de paysans sans terre qu'en 1910. [...]
[...] Par ailleurs, l'analphabétisme limite la vulgarisation des techniques modernes. L'agriculture traditionnelle est une agriculture de subsistance sans lien avec l'agriculture spéculative. Incapables de survivre dans ces conditions, des millions de paysans n'ont d'autre solution que l'exode vers les villes du continent, première étape pour beaucoup de l'émigration vers l'Amérique du Nord. Transition L'existence de millions de paysans trop pauvres pour avoir accès à la consommation a toujours posé un immense problème à des économies qui cherchent à se développer. Conscients que l'agriculture traditionnelle était un frein au développement, les dirigeants des pays d'Amérique latine ont tenté, en impulsant des réformes agraires, de trouver des solutions pour sortir de l'impasse. [...]
[...] Conclusion Avant d'être un problème économique, la question agraire est une question sociale. Elle est née de la profonde inégalité dans la distribution des terres, inégalités qui ont pour origine la conquête coloniale au XVIe siècle. Les réformes agraires ont échoué parce que, fondamentalement, elles ne voulaient pas remettre en cause l'ordre social. Parfois même, surtout après la révolution cubaine de 1959, elles ont été conçues pour éviter les changements sociaux radicaux. Aujourd'hui, les États, représentant les intérêts des classes privilégiées, ont abandonné l'idée même de réforme et laissent jouer le marché. [...]
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