Dissertation de Géographie proposant une approche épistémologique de la discipline. Elle tend à montrer de quelle façon l'utilisation du paysage comme outil géographique permet de mieux comprendre les enjeux de cette matière interdisciplinaire.
[...] Le paysage et le raisonnement géographique Le terme géographie provient du grec ancien gê (Terre) et graphein (écrire). Faire de la géographie, est-ce seulement écrire la terre, et ce dans le but de la décrire ? La géographie n'est-elle pas avant tout un raisonnement ? Le raisonnement, de façon générale, implique la recherche de trois buts fondamentaux : il permet de prendre une ou plusieurs décisions concrètes ; de tester la validité d'un argumentation ; mais aussi de construire une démonstration ou un théorème en vue de la validation d'une hypothèse. [...]
[...] Pour conclure, le paysage du géographe, contrairement à celui du paintre, n'est pas une fin mais un moyen : il n'a pas seulement sur lui un regard esthétique, mais c'est aussi un outil lui permettant de construire son raisonnemnt, de prendre des décisions concernant l'aménagement de l'espace terrestre, d'ancrer son savoir dans une réalité matérielle et de nourrir sa réflexion au sujet de débats sur les liens entre nature et culture dans sa pluridisciplinarité. Le paysage est donc, et c'est peut- être le propre de la géographie, au carrefour des savoirs, entre sciences naturelles et sciences humaines et sociales. [...]
[...] Les réseaux et les distances cartographiques, par la médiation du changement d'échelle, deviennent seulement symboliques. Mais la véracité rendue par le paysage est elle aussi discutable : in visu, notre vision de la portion de l'espace ne peut pas dépasser les cadres de la photographie ; in situ, la distance que nous estimons entre deux points peut être erronée du fait de la présence d'un lac qui échappe à notre perception, ou notre perception peut se heurter aux limites d'une forêt d'immeubles dans le centre de grandes villes comme Lyon ou Paris. [...]
[...] Le paysage n'est donc pas, comme le suggérait le géographe Vidal de La Blache, une image identique pour chacun, le simple reflet de l'adaptation de l'homme à son envirronnement, mais une réalité pleine de subjectivité qui provoque une envie et un besoin chez les acteurs géographiques de prises de décisions concernant l'aménagement du territoire. D'autre part, l'utilisation par la géographie du paysage permettent de mettre à l'épreuve des argumentations opposées au sujet de l'épistémologie de la discipline (c'est-à-dire de son étude critique). [...]
[...] Les géographies comportementales et marxistes privilégient quant à elles une approche de sciences sociale. Le paysage permet d'argumenter à ce sujet : il montre qu'une portion de l'espace est toujours le résultat de l'action conjointe de l'humain et de la nature : pour comprendre un espace, il faut bien-sûr étudier sa géomorphologie (un paysage de montagne est différent d'un paysage de plaine), la climatologie (le paysage est différent en fonction du temps qu'il fait) mais aussi la sociologie (pour comprendre comment un groupe d'humains territorialise un espace, par exemple comment les Corses ressentent un attachement fort à leur espace de vie), l'économie (qui fait que les banlieues parisiennes de l'Est, par leur taux de chômage, offrent un tout autre paysage que Neuilly). [...]
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