Les quartiers du centre ville sont sortis du marché foncier porteur, les ressources fiscales qu'ils prodiguaient aux mairies ont diminué comme neige au soleil à l'instar des villes nord-américaines dans les années 60 et 70. Tout un ensemble de représentations négatives leur sont associées parmi les couches aisées des populations, surtout dans les très grandes villes, pollution, bruit, absence de verdure et surtout confusion entre pauvreté illégalité et violence, circulation et consommation de drogues. « Comme si la détérioration du centre-ville (de Sao Paulo en l'occurrence) était synonyme ou conséquence du fait que les gens pauvres y habitent (...) l'habitation populaire dans le centre est devenue synonyme de taudis, de précarité et d'anomalie (...) », a écrit, pour les résumer, Nabil Bonduki, lorsqu'il était membre du Conseil Municipal de la mairie de Sao Paulo et Président de la Comissao des Estudos sobre Habitaçao na Area Central. Les concepts de mixité sociale et spatiale, associés à celui de stratégie ont dominé le champ de la recherche et des projets urbains, seul le second est affirmé partout en Amérique Latine. Le premier est une valeur polémique. Pourquoi est-il impensable dans nombre de ces villes dont nous parlons ici, qui connaissent les extrémismes sociaux les plus forts du monde mais qui créent des formes de convivialité comme les carnavals et les fêtes.
[...] Mexico face à un des défis majeurs de la réhabilitation Le logement figure parmi les questions importantes et délicates qui se posent actuellement dans le cadre de la récupération des centres historiques des métropoles d'Amérique Latine. Durant toute la seconde moitié du 20ème siècle, les centres anciens ont connu pour certains un dépeuplement important, pour d'autres une paupérisation et une taudification croissante. A l'exception de certaines portions récemment investies par des activités financières ou touristiques, souvent quasiment vides d'habitants à la nuit tombée, ces espaces sont désormais essentiellement peuplés par des résidents très humbles: migrants, personnes âgées, enfants des rues et groupes sociaux qualifiés de vulnérables. [...]
[...] Il n'en demeure pas moins qu'en terme d'accès à la ville, pour les catégories modestes, cette rénovation immobilière présente un grand intérêt. Dans un secteur central au niveau d'équipement très bon, qui constitue par ailleurs l'un des principaux réservoirs d'emplois dans la ville; l'existence d'une offre de logements neufs à caractère social est précieuse et totalement inédite. Quelles étaient, jusqu'à présent, les possibilités pour les ménages peu fortunés (mais très solvables) qu'acquérir un logement neuf, si ce n'est en très lointaine périphérie, dans cette immense portion de la ville qui s'étend dans l'Etat de Mexico ? [...]
[...] Toutes deux se situent même en partie dans le périmètre le plus vaste qui définit le centre historique. C'est précisément dans Doctores que la rénovation immobilière s'avère la plus étonnante et que le plus grand nombre de logements a été autorisé en l'espace de deux ans et demi: quelques 3800. Il s'agit pourtant d'un des lieux les plus malfamés de la ville, connu comme une zone de non-droit dans laquelle la délinquance fait partie du quotidien. Alors que dans l'arrondissement de Benito Juarez ou dans Miguel Hidalgo; deux autres circonscriptions qui font partie de la ville centrale la majeur partie des logements neufs construits depuis deux ans est destinée aux classes moyennes, la rénovation dans les colonias populaires du pourtour du centre historique est avant tout sociale. [...]
[...] Enrayer cette évolution passe par une modification de l'équilibre entre attributs de la propriété privée et prérogatives de puissance publique. Classes sociales et politiques urbaines au Brésil : Aujourd'hui, comme avant la période républicaine, les autorités considèrent la ville d'un œil anxieux, en identifiant, dans son supposé désordre, l'origine des problèmes sociaux. Hier, la crise sanitaire était une conséquence de ce désordre, aujourd'hui, c'est la violence. Dans les 2 cas, le désordre émanerait à chaque fois des couches populaires et des lieux qu'elle occupe. [...]
[...] Alors que le secteur face aux jardins de l'Almeda voit surgir des logements de standing, la rénovation immobilière à peine quelques dizaines de pâtés de maisons plus au Sud est essentiellement populaire. D'une certaine manière, cette dynamique qui caractérise le pourtour modeste du centre historique ne peut-elle pas offrir un contrepoids à la gentryfication prévisible du centre ? Elle montre, en tout cas, que l'embourgeoisement n'est pas la seule voie pour cet espace, si l'on se place à une échelle un peu différente, celle d'un centre élargi. [...]
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