Même amputée d'un quart du territoire de l'ex-URSS, la Fédération de Russie demeure le plus vaste État de la planète avec plus de 17 millions de km². L'espace russe se définit, au sens strict, comme une portion délimitée de l'étendue terrestre, qui se caractérise donc avant tout par son immensité.
Mais l'immensité d'un pays n'est pas forcément un atout en soi et dépend surtout de qu'en font les hommes, d'autant plus que dans le cas de la Russie, de nombreux obstacles contrarient la mise en valeur des richesses naturelles. « L'espace russe, en tant qu'étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction » (R. Brunet) est donc modelé par les hommes, par leurs activités aussi bien que par leurs milieux naturels et les héritages de l'époque soviétique.
Quelles sont les logiques d'organisation spatiale induites par les nombreux atouts et contraintes de l'espace russe ?
[...] Il s'agissait de créer de nouvelles unités de production dans les régions vierges, toujours plus à l'Est, plutôt que d'intensifier et de rationaliser les activités des régions déjà développées. Ce type de développement, qui s'est révélé coûteux et a connu maints échecs, n'est plus de mise aujourd'hui. Il a induit d'énormes gaspillages, l'épuisement de gisements et la déshérence de nombreux sites industriels. L'environnement a été saccagé, faisant de la Russie le pays le plus pollué au monde (la région de Tchernobyl irradiée en 1986 ; dans la mer d'Aral, la plupart des déchets radioactifs correspondent aux restes des sous-marins soviétiques de la Flotte du nord, etc.). [...]
[...] Maîtriser de telles distances reste un défi technique et financier permanent. Si la partie européenne est relativement bien desservie en infrastructures, la partie asiatique l'est beaucoup moins, à l'exception de ses marges méridionales le long du Transsibérien et du BAM. Cette immensité peut donc nuire à la cohésion territoriale ; par exemple, elle limite l'efficacité du pouvoir central vis-à-vis de régions éloignées qui seraient tentées d'en profiter. L'espace russe est ainsi vaste et difficile à maîtriser, surtout à cause des contraintes naturelles Les rigueurs climatiques rendent difficile la mise en valeur de l'espace russe La Russie est marquée par une forte continentalité. [...]
[...] La proche Sibérie pourrait offrir une ouverture et des possibilités d'expansion, mais la population se tourne plus volontiers vers Moscou Les périphéries lointaines La Sibérie méridionale et occidentale constitue une périphérie exploitée. L'axe du transsibérien a suscité, depuis un siècle, un peuplement relativement important au sud de la Sibérie. Certaines régions profitent de leur richesse en matières premières comme la région d'Irkoutsk. Leurs exportations sont rentables, mais elles ne suffisent pas à garantir leur développement. Les ressources peuvent s'épuiser et leur extraction est parfois coûteuse. [...]
[...] À la fin de l'hiver, la raspoutitsa réduit d'immenses espaces à l'état de marécage et les déplacements deviennent hasardeux, en particulier dans la grande plaine de Sibérie occidentale. En revanche, les camions peuvent circuler l'hiver sur les rivières gelées. Dans les régions méridionales de la Russie, c'est la sécheresse qui devient l'obstacle majeur à la mise en valeur. La conquête des terres vierges par l'ancien régime communiste, dans les steppes arides qui bordent les déserts d'Asie centrale et la mer Caspienne, s'est révélée un échec sur le plan agricole. [...]
[...] Toutefois, dès le milieu des années 1980, des associations de défense de la nature ont été créées. Elles ont travaillé à la mise en place d'un comité d'État pour la protection de l'environnement qui introduit régulièrement dans les textes de loi et les règlements des préoccupations écologiques. Le souci de rationaliser l'utilisation du potentiel naturel doit devenir une préoccupation première de l'État afin d'imposer, avec l'aide d'investisseurs étrangers, de nouvelles logiques aux responsables économiques et aux administrations régionales. Rappelons tout de même que sans la signature de la Russie en 2004, le protocole de Kyoto ne serait pas rentré en vigueur. [...]
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