Au lendemain du démantèlement de l'URSS et de l'indépendance des pays baltes, en 1991, les perspectives de renouer des liens anciens, effacés par cinquante années de Guerre Froide, ont conduit les acteurs de la région de la Baltique et les observateurs étrangers à évoquer ce que pourraient être les liens fédérateurs de cet espace : Nathalie Blanc Noël s'inscrit dans cette tendance en affirmant que « le seul lien unificateur entre les éléments de la diversité pluridimensionnelle qui caractérise la région de la Baltique est la mer » (Changement de cap en mer Baltique, 1992).
Interroger cette affirmation, c'est non seulement examiner la capacité de la mer à fédérer cet espace disparate, mais aussi confronter cette vision des choses aux situations actuelles. Depuis 1992, année marquée par la création du Conseil des Etats de la Baltique, de profonds changements ont affecté la région baltique : la totalité des espaces riverains, à l'exception des quatre régions russes, ont en effet intégré l'Union Européenne, dont une des vocations est d'intégrer les Etats membres et de mettre en œuvre des dynamiques de cohésion entre les espaces. L'unification par l'Union Européenne n'est-elle pas aujourd'hui une logique plus lourde que l'unification par la mer Baltique ? La région baltique peut-elle construire une identité propre au sein de l'« Europe des 25 » ? On parle en effet désormais d'un « Arc baltique », comme on parle d'un « Arc atlantique » et d'un « Arc méditerranéen ».
Nous examinerons d'abord la diversité pluridimensionnelle de la région, le lien maritime et les nouvelles structures unificatrices mises en place depuis 1992. Nous montrerons ensuite les logiques qui font de cette région, longtemps marquée par de profondes fractures, une aire récente de coopération. Enfin, nous verrons que la mer n'est pas le seul enjeu des dynamiques territoriales récentes, et que, en dépit des processus à l'œuvre, les perspectives d'unification sont encore lointaines.
[...] Si on combine ces critères, on constate que chaque entité nationale présente autour de la Baltique peut se prévaloir d'une identité spécifique. - Quant aux contrastes socio-économiques, ils opposent les pays de l'ex- bloc de l'Est et ceux de l'ex- bloc de l'Ouest, avec des gradations à l'intérieur de chaque catégorie. o Ainsi, si l'on considère l'Indice de Développement Humain le groupe occidental se classe entre le 2ème et le 19ème rang mondial, occupés respectivement par la Suède et l'Allemagne (dont le rang s'explique par le poids de la réunification), tandis que le groupe oriental se situe entre le 36ème et le 50ème rang mondial, occupés respectivement par l'Estonie et la Russie. [...]
[...] Enfin, nous verrons que la mer n'est pas le seul enjeu des dynamiques territoriales récentes, et que, en dépit des processus à l'œuvre, les perspectives d'unification sont encore lointaines. La Baltique est-elle une mare nostrum ? Des disparités de toutes natures Des contrastes géographiques Les dispositifs de peuplement et l'organisation des espaces se font selon des modèles variés. - Du Danemark à la Lettonie, en passant par la Suède, la Finlande et l'Estonie, ce sont les rivages maritimes (littoraux rocheux) qui abritent les grandes villes, dont les capitales (Copenhague, Stockholm, Helsinki, Tallinn et Riga). [...]
[...] D'autres structures unificatrices - Dès 1974, à la faveur de la détente la raréfaction des ressources halieutiques et la prise de conscience de l'état environnemental désastreux de l'écosystème marin de la Baltique (désignée par les Nations Unies comme la mer la plus polluée du monde donne lieu à la Commission d'Helsinki (HELCOM) : c'est la première structure de coopération qui réunit les 9 Etats riverains de la Baltique, mais elle se limite encore à des questions purement écologiques. La Convention d'Helsinki pour la protection de la mer Baltique, signée en 1974, entre en vigueur en 1980 et renégociée en 1992. [...]
[...] C'est la première instance de coopération régionale post-Guerre froide. Le CEB a joué un rôle actif dans la transition des ex-pays communistes en instaurant une sorte de tutorat des pays de l'Ouest sur ceux de l'Est, pour que ces derniers mettent en place les rouages d'un Etat (notamment une constitution et un droit) : celui de la Finlande sur l'Estonie, de la Suède sur la Lettonie et du Danemark sur l'Estonie. Au sommet de Kalmar de 1996, il a défini trois domaines d'action prioritaires : la consolidation de la démocratie dans les pays qui venaient d'y accéder, l'intégration économique et la protection de l'environnement. [...]
[...] De même, les dynamiques liées aux initiatives privées (investissements, délocalisations d'entreprises) ne font pas de la mer leur théâtre d'action premier. On investit en Estonie ou en Pologne, et plus généralement dans ce qu'on appelle la nouvelle ceinture manufacturière de l'Union Européenne, non pas parce que ces pays sont au bord de la Baltique, mais parce qu'il y a là une main d'œuvre bon marché et compétente et des marchés à conquérir. III) Quelle place pour la Baltique dans la nouvelle union ? [...]
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