Essai de géographie culturelle basé sur différentes entrevues de personnes de la communauté gaie de Montréal. On parle ainsi de la territorialité de l'identité homosexuelle. Partie d'une territorialité de l'exclusion, cet essai retrace le regard actuel que portent des homosexuels sur le Village gay de Montréal, notamment leur perception symbolique du Village, leurs pratiques particulières, leurs différents sentiments vis-à-vis d'eux-mêmes et de la société et essaye de comprendre le cheminement identitaire et l'intérêt d'un quartier spécifiquement gay.
[...] Mais on peut dire que le lieu devient complètement masculin, dans la mesure où il y a une séparation entre les hommes et les femmes dans les toilettes, séparation propice à ce type de relations durant quelques minutes. C'est un terme inventé qui signifie être un adulte dans le corps, mais toujours un adolescent dans l'esprit. 450 est l'indicatif téléphonique de la banlieue. Jean Le Bitoux, Hervé Chevaux et Bruno Proth : Citoyen de seconde zone : Trente ans de lutte pour la reconnaissance de l'homosexualité en France (1970-2002). Paris, Éditions Hachette p. Vol ! 83, septembre 1987, pp.177-188. [...]
[...] Il reste d'ailleurs, encore aujourd'hui, des reliques qui sont fréquentées par une majorité d'homosexuels anglophones. Le fait que le Village se cherche dans la ville est assez atypique, mais, sans vouloir faire de l'anthropomorphisation, le Village est bien à l'image de la communauté LGBT ; il s'est cherché. Cette approche de l'espace montre dans un certain sens que le Village n'est pas un quartier immuable, qu'il a évolué, et peut-être, qu'il est passé d'un stade déconstruit à un stade beaucoup plus organisé, soit d'une territorialité de l'exclusion qui nécessité un certain replis identitaire sur soi-même à une territorialité de la revendication passant par une plus grande visibilité et une plus grande fierté. [...]
[...] La territorialité est partie d'une identité sexuelle commune et d'une exclusion sociétale. Aujourd'hui, les symboles et les imaginaires sont parfois très positifs, comme le drapeau de la communauté, mais aussi très dépréciatifs comme les drogues, les lieux malfamés de drague, et ce rapport toujours avec la vie au court terme, à l'apparence, un peu comme si l'homosexuel devait rester jeune, beau, insouciant, un adulescent[7] en quelque sorte. Et d'ailleurs, Florian et Sébastien ont tous deux confié avoir une hantise de vieillir. [...]
[...] Florian dit que le Parking est place soit une appropriation forte. Et de l'autre côté, moins clinquant à l'intérieur, il y a les peep-shows, les saunas pas très fréquentables pour beaucoup de personnes, des cinémas de passe, etc. La sodomie est, pour les gays, quelque chose qui revient souvent dans le discours. C'est, selon leurs termes, une pratique sexuelle généralisée qui ne l'est pas chez les hétérosexuels Personnellement, je nuancerai ce propos, mais effectivement, malgré certaines statistiques, c'est bien une pratique largement répandue. [...]
[...] C'est une manifestation, même si trop militante aux yeux des plus jeunes, qui reste fondatrice du sentiment d'appartenance à une communauté homosexuelle comme disait Jean Le Bitoux. Ainsi, l'occupation d'un territoire crée une territorialité de la revendication ; et la territorialité, c'est une certaine visibilité et donc un certain pouvoir. C'est le passage de l'ombre à la lumière, de la vie privée à la vie publique, de la frustration culpabilisatrice à la fierté extravertie. On peut parler de libération de la sexualité des femmes, comme on pourrait parler de la libération des homosexuels, voire LGBTsexuelle dans la mesure où les transsexuels ont aussi leur place dans la communauté, ainsi que les bisexuels. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture