L'histoire et les origines de la « Grande Muraille de Chine »

Résumé du document

Ce que nous appelons communément aujourd'hui la « Grande Muraille de Chine » ne représente en fait qu'une partie de son existence, et ne pointe qu'un morceau de son histoire. Nous faisons principalement référence aux murailles bâties sous la dynastie Ming. Mais l'œuvre monumentale, et marquante – aussi bien pour les Chinois eux-mêmes que la vision qui en a été donnée aux Occidentaux – remonte bien plus loin dans le passé et débute dans la préhistoire avant l'existence même de l'empire de Chine.
Nous distinguerons ainsi dans cette étude quatre périodes différentes de construction des murailles (subdivisions généralement admises).
La première concerne les murailles érigées pendant la période des Printemps et Automnes, puis des Royaumes combattants : ces « proto-murailles » voyant pour la plupart le jour entre les différentes principautés de la période et adoptant ainsi un rôle très défensif (et dans quelques mesures : contre les barbares septentrionaux).

Extraits

[...] Guy Boiron note une expression chinoise incarnant cet état d'esprit : nei wai you bie intérieur et extérieur sont bien distincts) ; il ne doit pas y avoir de mélanges, mais plus tôt une séparation radicale. Cependant, il convient de nuancer cette interprétation. En effet l'usage de la Muraille est à double rôle : elle assure la cohésion interne de l'empire en s'ouvrant comme un rempart aux peuples nomades, les Barbares qui ne sont pas Chinois. Cependant l'efficacité militaire à proprement dît de la muraille est relativement lâche. La Muraille est étanche, et cette étanchéité relative apparaît aussi dans l'incapacité de la frontière à délimiter les zones de diffusion de traits culturels majeurs. [...]

[...] Elle en fait relativement tournée vers intérieur et affirme l'émergence du nouveau centre : celui d'un empire centralisé. A l'extérieur de la muraille se trouvent nécessairement des peuples barbares dont l'appartenance humaine est couramment mis en doute. La littérature chinoise nous donne de multiples exemples de la revendication d'une supériorité culturelle et morale sur les autres peuples. On comprend alors que cette instrumentalisation à des fins de politique intérieure contre-balance la vision facilement répandue d'une frontière (incarnée par la muraille) contre les voisins du Nord. [...]

[...] Arrive alors Modu, le successeur de Touman, qui règne de 209 à 174 AE. La puissance des Xiongnu et leur unité s'accrurent considérablement sous le règne de Modu. Ils parvinrent à attaquer Liu Bang, fondateur de la dynastie Han. Dans ces conditions un traité vit le jour, qui marque l'apparition d'une politique qui se répétera par la suite du côté chinois : cèle de l'apaisement via des alliances imbriquées par des liaisons matrimoniales. Les Chinois semblent alors être tributaires des Xiongnu à qui ils devaient fournir de la soie, des produits artisanaux, du riz et de l'or, en plus de princesses chinoises. [...]

[...] Les offensives contre les Xiongnu cesseront ainsi pratiquement à partir de la dissolution du grand empire des Xiongnu en 43. A partir de cette date, des populations Xiongnu sinisées se rallieront aux Han. À partir des ralliements progressifs de tribus Xiongnu aux Han on constate une désagrégation du système de défense du Nord-Ouest. Le célèbre général Cao Cao a su rallier une partie des Xiongnu à sa cause : certains d'entre eux avaient même adopté un mode de vie semi-agricole, pendant que d'autres étaient mobilisés dans les armées de l'Empire chinois. [...]

[...] Histoire et origines de la Grande Muraille de Chine Ce que nous appelons communément aujourd'hui la Grande Muraille de Chine ne représente en fait qu'une partie de son existence, et ne pointe qu'un morceau de son histoire. Nous faisons principalement référence aux murailles bâties sous la dynastie Ming. Mais l'œuvre monumentale, et marquante aussi bien pour les Chinois eux-mêmes que la vision qui en a été donnée aux Occidentaux remonte bien plus loin dans le passé et débute dans la préhistoire avant l'existence même de l'empire de Chine. [...]