Histoire de la géographie scientifique

Résumé du document

A la fin du XIXe siècle, une approche systématique des relations entre les hommes et la nature fonde la géographie scientifique. Les oeuvres pionnières d'Humboldt et de Ritter ont mis l'accent sur les relations entre la nature et les sociétés, que Lamarck et Darwin ont analysé sous l'angle de l'évolution des espèces en fonction du milieu.
Cette discipline, diversement pratiquée, est, au-delà de la nomenclature et de la description de la diversité des territoires, bien illustrée par le Tour de la France par deux enfants, les travaux de Reclus, de Levasseur et de quelques géologues (...)

Extraits

[...] Seules les plus aptes survivent, ce qui ne procède nullement d'un projet divin. Cela explique le scandale provoqué par les idées de Darwin auprès des autorités ecclésiastiques. Pour la géographie, les idées de Darwin concernant le transformisme sont d'une importance mineure. Par contre, l'adaptation met au premier plan les liens entre le milieu naturel et toutes les formes du vivant. Les géographes français ne suivent pas Darwin aveuglément : le caractère mécanique et aléatoire renforçait l'idée d'un déterminisme naturel peu compatible avec la liberté et l'initiative propres aux hommes et aux sociétés. [...]

[...] Réputation usurpée si l'on se fonde sur la plca de la géographie dans l'enseignement allemand avant 1870. Mais les universités allemande prennent vite quelques années d'avance : toutes sont pourvues d'une chaire de géographie entre 1870 et 1890 ; et surtout, un Institut privé, le Justus Perthes Geographisher Anstalt de Gotha, avait été à l'origine d'importants progrès scientifiques réalisés avant 1870 et concrétisés par l'édition de revues et d'atlas. C'est en grande partie sur ce modèle allemand que se fondent les éditeurs français : en témoigne la collaboration instituée entre Hachette et F. [...]

[...] Les idées d'initiative, d'effort et d'habitude, sont au cœur de la réflexion de Vidal en géographie humaine. De l'évolutionnisme à la géographie : Haeckel et Ratzel L'essentiel de l'influence exercée par l'évolutionnisme sur la géographie s'exprime dans l'écologie. Le terme est crée par Ernst Heinrich Haeckel, zoologiste allemand qui soutient d'abord une thès ed e doctorat en médecine. Après avoir rencontré Darwin, Haeckel diffuse les idées transformistes et crée le mot écologie pour désigner les relations des animaux avec les milieux. [...]

[...] Deux possibilités : > faire une géographie idiographique, c'est à dire écrire de multiples monographies. Cette voie est empruntée par la géographie régionale (aujourd'hui qualifiée de géographie des territoires) > faire une géographie nomothétique, qui consiste à poser sur l'espace terrestre tout entier une grille de lecture thématique (la population, le volcans, l'agriculture . ) afin de dégager des formes et des facteurs de répartition, des analogies, des régularités. C'est la voie empruntée par la géographie générale (aujourd'hui qualifiée de thématique) Ces 2 méthodes ne sont pas si nettement opposées, et l'éventuelle antinomie fut même récusée par Vidal de la Blache ne voyant dans cette distinction qu'une différence d'objectifs : établir des typologies pour l'une (la géographie générale) ou brosser le tableau de telle ou telle contrée pour l'autre (la géographie régionale). [...]

[...] De fait, Vidal proposait une solution scientifique simple : les lois générales se combinent de manière originale à l'échelle régionale, et l'étude locale doit retrouver l'expression particulière des lois générales L'établissement des liens entre nature et société A. Le poids de la tradition marxiste En France dans la première moitié du XIXe siècle, la géographie était considérée comme une simple nomenclature, un exercice de mémoire n'exigeant pas de réflexion particulière, ce qui revenait à placer délibérément la géographie hors du champ scientifique. Cette attitude était celle de nombreux spécialistes. Cela contribue à expliquer le difficile repérage de la géographie dans le champ scientifique. [...]