Les statistiques sont éloquentes : la population latino-américaine aux Etats-Unis ne cesse d'augmenter. En 1970, les Etats-Unis comptaient 9 millions d'hispaniques, 14,6 millions en 1980, soit 6,4% de la population et environ 32 millions en 2000, et 12% de la population, principalement concentrés dans le Sud du pays. Bien plus, selon les estimations des démographes, la minorité hispanique devrait dépasser celle des Noirs entre 2005 et 2010. C'est pourquoi on parle de plus en plus aujourd'hui d'hispanisation des Etats-Unis. Dès lors, quelle est la réalité de cette notion d'hispanisation ? Dans quelle mesure sert-elle à construire deux communautés distinctes (l'anglo-saxonne et la latino) ? Et comment la replacer dans l'environnement plus général de la mondialisation et de l'intégration régionale ?
[...] La notion d'hispanisation fait aussi référence au mythe de la frontière, constitutif de l'identité américaine. Les Etats-Unis se sont toujours servi de cette notion (reprise par Roosevelt, Kennedy) pour se définir. Selon David Campbell, les Etats-Unis constituent, dans un pays où être américain n'est pas défini clairement, la communauté imaginée par excellence, où la frontière et le discours de la menace jouent un rôle central dans la formation d'identité ainsi que dans les problématiques d'inclusion et d'exclusion. La communauté latino et le mythe de l'unité Contrairement à d'autres groupes raciaux ou ethniques, les Hispaniques ne partagent ni histoire ni race commune. [...]
[...] La menace d'un vaste lobby latino-américain, brandie par les partisans de la fermeture des frontières, est donc très largement une vue de l'esprit. Pourtant, si on parle d'hispanisation, c'est que la crainte de cette menace existe bien. Le discours de l'hispanisation s'accompagne donc de mesures concrètes visant à diminuer l'immigration latino-américaine, et symboliquement à (re)donner à la culture anglo-saxonne une place dominante. II. L'hispanisation en question : craintes et réactions Les réactions américaines Pour endiguer l'immigration latino, et réduire la visibilité des Hispaniques aux Etats-Unis, toute une série de mesures est progressivement mise en place, surtout dans les Etats du Sud. [...]
[...] mais qui ne constitue pas une minorité unifiée La communauté hispanique aux Etats-Unis ne fonctionne pas comme une communauté unifiée. Il n'existe pas de réseaux de diasporas, du moins pas encore. La participation aux élections est encore très faible. Malgré la loi de 1982 qui autorisait la traduction des bulletins de vote en espagnol dans les circonscriptions à forte densité hispanique, il n'y a aujourd'hui que 18 élus hispaniques au Congrès, soit des représentants (pour 12% de la population). D'autre part, on ne peut pas parler de lobby latino au Congrès. [...]
[...] Les latinos : une minorité montante mais pas forcément unifiée Une présence bien réelle dans le Sud des Etats-Unis Les chiffres : Les Hispaniques aux Etats-Unis sont aujourd'hui 32 millions, c'est-à-dire 12% des 268 millions de nord-américains. Selon les projections, en 2005, les Hispaniques deviendront la minorité la plus importante du pays et seront plus de 36 millions, alors que les Noirs seront 35 millions. Les Projections nationales de 1995-2050 situent le groupe hispanique en 2030 comme le plus nombreux des Etats-Unis, supérieur même aux blancs d'origine anglo-saxonne. Ainsi, les Etats-Unis sont le septième pays hispanique en population. [...]
[...] Sur le plan économique, la zone le long de la frontière mexicaine peut devenir une zone cohérente aussi bien culturellement qu'économiquement, et est déjà qualifiée par certains diplomates américains de quatrième membre de l'ALENA (Tomithy C. Brown, The Fourth Member of NAFTA : The US-Mexico Border The Annals of the American Academy, mars 1997). Bibliographie Isabelle Vagnoux, Les Hispaniques aux Etats-Unis, coll. Que sais-je ? Latinos en los Estados Unidos in Cuadernos Americanos, sept.-oct Tomás Calvo Buezas, La minoría ascendente : Hispanos en los Estados Unidos de América in Cuadernos de realidades sociales, janv Hispanics in America at 2000 in Social Science Quarterly, mars 2000. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture