En ce qui concerne la pauvreté, l'Amérique Latine est marquée par des situations très différentes et souvent très inégalitaires, que ce soit à l'échelle continentale, nationale, régionale ou urbaine. Ces situations différentes montrent qu'en Amérique Latine, la géographie de la pauvreté (soit la localisation et les contions de cette pauvreté) résulte de facteurs historiques, culturels, économiques, sociaux, politiques et géophysiques. Ces facteurs se sont combinés ou ont indépendamment amené certains pays, certaines régions ou certaines villes à devenir des poches de pauvreté. Il peut sembler étonnant de parler de « géographie de la pauvreté », mais la géographie devient dans ce contexte l'expression de la combinaison des facteurs qui ont amené à cette localisation de la pauvreté dans le sous-continent. Cette géographie de la pauvreté est de plus influencée par les effets de la mondialisation, auxquels s'ajoutent les conséquences des réformes agraires entreprises dans les années 80.
Comment peut-on expliquer la géographie de la pauvreté en Amérique Latine par des facteurs culturels, historiques, économiques, sociaux et politiques ?
Quelles sont les conséquences des réformes agraires des années 70-80 et de la mondialisation sur cette géographie de la pauvreté à l'échelle du sous-continent ?
[...] L'impact économique de certaines crises fut donc déterminant quant à la concentration de la pauvreté dans certaines zones. De même, les facteurs sociaux (héritage des structures traditionnelles agraires ou de tradition esclavagiste) sont, on l'a vu, déterminants. Enfin, le facteur politique entre aussi en jeu, ce que nous allons voir à travers l'exemple des réformes agraires des années 80, dont les conséquences sont à présent additionnées aux nouveaux phénomènes dus à la mondialisation. En effet, les réformes agraires des années 80 (ou la modernisation conservatrice et le décalage croissant entre les villes et les campagnes latino-américaines furent à l'origine d'un exode rural massif, qui accéléra, nous le verrons, le phénomène des bidonvilles en créant des poches de pauvreté dans les périphéries urbaines. [...]
[...] Le phénomène est identique dans le nord-est du Brésil, où l'absence d'un réel marché solvable du fait de l'héritage esclavagiste constitue un frein pour les investissements nationaux ou internationaux. Parallèlement, certains pays des Caraïbes, qui ne se sont jamais remis de la période coloniale, constituent de véritables poches de pauvreté, comme Haïti, où le taux de population vivant au-dessous du seuil de pauvreté fait partie des plus élevés du monde. On note donc que le poids des facteurs historiques et culturels est considérable quant à la géographie de la pauvreté en Amérique Latine. [...]
[...] Dureau, V. Mouëset, E. Mescluier -Civilisation Latino-Américaine, J. Massandro, A. [...]
[...] De même, au Nordeste, les graves sécheresses survenant une ou deux fois par siècle dans le Sertão et les sécheresses moins importantes mais plus régulières (tous les 10 ans) favorisent la fragilisation de catégories sociales déjà défavorisées. Si ces facteurs expliquent en partie la géographie de la pauvreté en Amérique Latine, il est nécessaire de prendre en compte l'impact d'autres facteurs économiques, politiques et sociaux. En effet, l'Amérique Latine fut victime de crises économiques dont certaines régions ne se sont jamais remises, comme le Nordeste après la fin du cycle du sucre, ou qui ont entraîné une paupérisation d'une partie de la population qui est alors venue peupler les bidonvilles, comme en Argentine en 2000-2001. [...]
[...] Il peut sembler étonnant de parler de géographie de la pauvreté mais la géographie devient dans ce contexte l'expression de la combinaison des facteurs qui a amené à cette localisation de la pauvreté dans le sous-continent. Cette géographie de la pauvreté est de plus influencée par les effets de la mondialisation, auxquels s'ajoutent les conséquences des réformes agraires entreprises dans les années 80. Comment peut-on expliquer la géographie de la pauvreté en Amérique Latine par des facteurs culturels, historiques, économiques, sociaux et politiques ? [...]
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