En 1978, lors de la conférence d'Alma Ata, est proclamé l'objectif ? sinon le devoir ? impérieux de lutter contre les inégalités sanitaires « socialement, économiquement et politiquement inacceptables ».
Mais si, selon l'OMS, « bonne santé et bien-être exigent un environnement favorable harmonieux dans lequel tous les facteurs physiques, économiques, sociaux, politiques et esthétiques reçoivent leur place », et si « l'environnement est la clé d'une meilleure santé », force est de constater que la maîtrise de l'environnement, jugée indispensable à une amélioration conséquente de la santé dans le monde, s'avère plus ou moins marquée selon les territoires concernés (...)
[...] Il s'agit de tenter de cerner en quoi les différentiels de maitrise territoriale, environnementale produisent de la non-homogénéité, à diverses échelles, sur le plan des risques sanitaires ; en toile de fond, le rôle du niveau de développement s'avère, on le verra, tout à fait majeur. Après voir envisagé la dialectique à l'échelle régionale, nous l'étudierons à l'échelle locale, le raisonnement scalaire nous semblant particulièrement à même de mettre en évidence la subtile interaction d'échelle auxquelles confrontent en permanence le couple santé / environnement. [...]
[...] Pour autant, les menaces pesant sur la santé apparaissent, à la lecture des cartes souvent complexes aidant à la compréhension des processus de différenciation spatiales, s'avèrent profondément territorialisés, à toutes échelles, le marquage social et politique étant fondamental : Si, plutôt que de maitrise de l'environnement, il faudrait plutôt parler de contrôle, de pratiques et de gestions du territoire plus ou moins adaptées, reste que celle-ci s'avère en tous cas asymptomatique et n'est pas parfaite, tant il est vrai que même dans les pays développés, l'équité n'est pas assurée. De fait, en termes de risques sanitaires, le clivage majeur se situe au niveau du développement. Partout, les pauvres (du Tiers Monde comme des pays riches) sont les plus exposés aux risques sanitaires impliquées par de plus faibles moyens économiques, culturels - de maitrise de l'environnement. [...]
[...] Tel n'est pas le cas d'une ville comme Dhaka, où la succession de crises cholériques n'a toujours pas convaincu les autorités à réagir pour améliorer le contrôle de l'environnement et ses conséquences sanitaires. Deuxième partie. Pour autant, si la dialectique maîtrise de l'environnement / risques sanitaires est particulièrement frappante à l'échelle régionale, elle l'est tout autant à l'échelle locale, et notamment urbaine, où de profonds différentiels se font sentir. Tout d'abord, cette dialectique s'avère très nette lorsque l'on étudie les modalités du marquage social de l'espace, en fonction de la désirabilité, de l'attraction ou de la répulsion alimentée par le territoire et ses caractéristiques environnementales. [...]
[...] La catastrophe de Tchernobyl, survenant dans un Etat en déliquescence, va également en sens et souligne avec force le rôle crucial de la maitrise de l'environnement dans le domaine sanitaire. La prévention, en la matière, est centrale, comme l'illustre le cas de la canicule de 2003, en France, où une ville comme Marseille a affiché une surmortalité inferieure à la moyenne nationale (55 malgré un net désavantage en termes climatiques, et ce grâce à une efficace culture du risque, qui a permis une gestion adaptée des crises environnementales à impact sanitaire. [...]
[...] Le réseau, plus ou moins dense d'infrastructures sanitaires a un impact puissant su la maitrise de l'environnement et de ses dangers, en ce qu'il permet, en cas de nécessité, de réagir plus ou moins efficacement. La répartition des infrastructures est fort différenciée ; ainsi, en France, où la centralité est privilégiée, le maillage (infrastructurel de soins , de transports) est beaucoup plus dense en centre-ville qu'en périphérie, dans les banlieues proches, tandis que c'est l'inverse aux Etats-Unis, ce qui engendre une certaine discrimination socio-spatiale, dans la mesure où l'offre s'adapte généralement à la demande, au pouvoir d'achat, ce qui accentue les difficultés de maitrise, pour les populations moins aisées (notamment, aux Etats Unis, les afro-américains ou les latino-américains), de leur environnement, qui souffre de lacunes en termes de couverture géographique de prestations, lacunes qui charrient des risques sanitaires conséquents. [...]
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