Avril 1994 au Rwanda. Alors que la guerre civile secoue le pays depuis 1990, les extrémistes hutus lancent l'ordre à la population hutue de massacrer la totalité des Tutsis, accusés d'avoir assassiné le président Habyarimana. En 3 mois, d'avril à juillet, près d'un million de personnes, tutsis et « traîtres hutus » sont exterminés pour la plupart à la machette, dans ce pays plus petit que la Belgique qui comptait à l'origine 10 millions d'habitants.
De nombreuses études ont été effectuées sur les tueurs du génocide : qui sont-ils, comment expliquer ce déchaînement de violence ? Il y a moins de recherche sur les « sauveteurs » dans ce massacre. Quelle définition donner au « sauvetage » ? Utilisons celle énoncée par J. Semelin : « on définira le sauvetage comme l'ensemble des pratiques clandestines ou non, visant à dissimuler juridiquement ou physiquement l'identité des personnes recherchées et/ou à organiser leur fuite en un lieu où celles-ci seront en sécurité » . Dans le contexte rwandais où ceux qui ne tuent pas risquent des représailles voire la mort, où chaque personne connaît l'identité de son voisin – en particulier dans les villages où habite une grande partie de la population -, et où les massacres frappent tellement rapidement qu'il est difficile de réagir, on trouve tout de même quelques témoignages de personnes ayant réussi à sauver des Tutsis.
Dans la plupart des cas, les stratégies offensives sont délicates à mettre en œuvre compte tenu du déséquilibre des forces entre génocidaires armés et à la tête du réseau administratif du pays, et les résistants qui ont des moyens extrêmement limités. Ainsi, la lutte qui s'organise est principalement défensive. L'étude des actes de sauvetages, qualifiés dans cette étude aussi d'actes de résistance, car en oppositions avec la politique dominante, menés par les Hutus lors du génocide, principalement sur la base de témoignages relatés dans les ouvrages, permettra d'avoir une réflexion plus large sur ces actes : par quoi sont-ils motivés ? Y a-t-il une « spécificité rwandaise » dans le sauvetage des victimes ? De même, que nous apprennent les actes de sauvetages des Tutsis sur les caractéristiques de la guerre au Rwanda ?
[...] Dans les campagnes the violence followed a different path [ . ] Soldiers, professional militia, and National Police continued to play a leading role in perpetrating violence, but rural residents also did their part.”[18] . Cette participation va très loin : des témoins nous racontent que même des enfants ont été amenés à tuer Ainsi, Le travail des massacreurs n'était pas considéré comme un crime au Rwanda, c'était effectivement la loi du pays, et chaque citoyen était responsable de son application Dans le même temps, les Tutsis ne pouvaient presque que compter sur les Hutus pour se sauver : ce niveau d'intimité physique et sociale ne laissait souvent pas d'autres choix aux Tutsis que de compter sur autrui pour éviter la mort Les actes de sauvetages sont donc primordiaux pour les victimes. [...]
[...] L'extermination des Tutsis est ainsi présentée par les médias comme un travail nécessaire à la survie de la majorité celui-ci est banalisé par les extrémistes et leurs discours. De même, la préparation technique au génocide est engagée au début des années 1990. C'est ainsi que la machine à tuer se met en place avec le recrutement et l'entrainement des tueurs : milices interahamwe, dont la plupart des membres sont des jeunes Hutus désabusés, et soldats du réseau Zero. Les futures victimes sont aussi repérées. Les extrémistes dressent ainsi des listes de traîtres hutus, tandis que les Tutsis sont localisés dans les villages. [...]
[...] Paris : Cherche midi. UNESCO Fuji, Sauveteurs et sauveteurs-tueurs durant le génocide rwandais, dans La résistance aux génocides : de la pluralité des actes de sauvetage / Jacques Sémelin, Calire Andrieu, Sarah Gensburger, les presses de sciences- po Marie-Louise Kagoyire, d'après Dans le nu de la vie de Jean Hatzfeld, Editions du Seuil, octobre 2000 Citation recueillie par Kabwete Mulinda Charles, d'après un témoignage de Mutwarasibo, relaté dans Le sauvetage dans la zone frontière de Gishamvu et Kigembe Paroles de Lee Ann Fujii dans Rescuers and killer-rescuers during the Rwanda genocide : Rethinking standard categories of analysis Témoignages tirés de Le sauvetage dans la zone frontière de Gishamvu et Kigembe au Rwanda, Kabwete Mulinda Charles Semelin, Introduction à La résistance aux génocides : de la pluralité des actes de sauvetage / Jacques Sémelin, Calire Andrieu, Sarah Gensburger, les presses de sciences-po idem Emmanuel Viret, Les musulmans de Mabare pendant le génocide rwandais, dans La résistance aux génocides : de la pluralité des actes de sauvetage / Jacques Sémelin, Calire Andrieu, Sarah Gensburger, les presses de sciences- po idem Marie-Louise Kagoyire, d'après Dans le nu de la vie de Jean Hatzfeld, Editions du Seuil, octobre 2000 Histoire de Téophile Hakizimana, relatée dans Rwanda, Mémoire d'un génocide. [...]
[...] Quelle résistance des officiels Rwandais au génocide : description de témoignages Les actions d'oppositions de certains militaires, entre désobéissance et résistance, sont à décrire ici. Quand le génocide commence beaucoup de militaires, en particulier ceux du sud où le mélange entre les deux ethnies est plus marqué, craignent pour la vie de leurs proches. Ainsi, quand ils ont un poste important, ils emmènent leurs connaissances au camp, où ils croient que ceux-ci seront plus en sécurité, comme les gendarmes du camp de Kayiru (Kigali) et Bigogwe (Gisenyi). [...]
[...] Comment s'y répètent, s'y prolongent, s'y refondent les institutions qui définissent l'expérience normale d'une société ? Il s'agit d'abord de caractériser le contexte dans lequel s'est perpétré le massacre des Tutsis : pourquoi parler de génocide ? Quel rôle les civils ont-ils dans le conflit ? Ensuite, sera abordée la question des actes de sauvetages en eux-mêmes : par qui, de quelle manière ont-ils été élaborés (nous nous basons principalement sur des témoignages de rescapés et de sauveteurs pour quelles raisons. [...]
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