Dans un premier temps, il conviendra donc de s'intéresser au rôle et à la place de l'exode rural dans l'urbanisation de l'Afrique subsaharienne. Puis, il faudra se demander en quoi l'exode rural aggrave la crise urbaine, en favorisant certaines formes d'urbanisation spécifiques liées au statut d'étrangers des nouveaux arrivants. Enfin, il sera nécessaire d'examiner les différentes réactions des pouvoirs publics à ce problème, tout en ayant à l'esprit la question des moyens réels dont ils disposent pouvant être mis au service de leurs objectifs...
[...] On aboutit ainsi à une extension tentaculaire de la ville illégale, qui relève plus d'une forme de périurbanisation que de croissance de la ville dans ses limites à proprement parler. En effet, la ville illégale en vient à gagner la campagne dans ses fronts les plus avancés. D'ailleurs, certains bidonvilles constituent dans certains cas de véritables villages urbains, où l'agriculture revêt une place primordiale, comme à Lumbashi, où l'on a pu voir s'est précocement mis en place un système agro-urbain dans les années 1980, combinant cultures vivrières, arboriculture et petit élevage. [...]
[...] Aujourd'hui, cette ségrégation ethnique et raciale est relayée par un ségrégation socio- économique entre riches et pauvres. On observe ainsi des cas de figure où les populations les plus aisées occupent généralement les quartiers immédiatement péri-centraux ou la vieille ville coloniale, et adoptent un mode vie à l'européenne, alors que les populations les plus pauvres, le plus souvent issues directement de l'exode rural et qui ne se sont pas encore fait de situation en ville, s'entassent dans la périphérie urbaine, dans de véritables bidonvilles. [...]
[...] ( Pendant longtemps, l'exode rural a alimenté la mono-macrocéphalie des pays d'Afrique subsaharienne. En effet, l'exode rural a commencé avec les premières indépendances à partir de 1945, où les ruraux sur le départ préféraient directement gagner la capitale, lieu de l'identité nationale et de la nouvelle modernité du pays. Mais depuis, l'exode rural s'est réorienté vers les villes secondaires, nourrissant ainsi une urbanisation plus diffuse à l'échelle du pays et un réseau urbain plus équilibré : ces villes ne servent certes que de relais à l'exode rural, mais reçoivent aussi des délestages de la part des villes les plus importantes, en termes de décentralisation des pouvoirs, ce qui en fait des pôles urbains régionaux importants : Logiques de l'exode rural et vecteurs ( L'exode rural qui alimente l'urbanisation est généré par un effet de PUSH & PULL : la ville devient un espace attractif et fait de la campagne en contrepartie un espace répulsif. [...]
[...] En effet, l'économie informelle est basée sur la consommation de produits ou de services. Or en cas de crise, la consommation diminue fortement, ce qui ne manque pas d'affecter gravement l'économie informelle, qui est la première touchée, et qui de plus n'est pas soutenue par d'éventuelles mesures économiques étatiques. On assiste ainsi à des poussées conjoncturelles de pauvreté humaine dans les bidonvilles, qui laissent penser que les néo-citadins peuvent connaître momentanément des conditions de vie pire que lorsqu'ils vivaient à la campagne, qui leur fournissait au moins un minimum de produits alimentaires. [...]
[...] Par ailleurs, la ville représente un espace de relatif confort, dans la mesure où les populations accèdent quelquefois à l'eau et à l'électricité, absentes à la campagne. Il ne faut pas non plus oublier la dimension culturelle de la ville, qui offre un accès à des loisirs modestes tels que le cinéma, pour les pays les plus chanceux. Comparativement, il est normal que la campagne devienne répulsive : elle est en effet marquée par la précarité parfois extrême des conditions de vie, et par le poids de la tradition, qui fait peser notamment sur les femmes et les jeunes une chape de plomb. [...]
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