Espace public, société, circulation automobile, tourisme, ville de Paris, Les Mots de la Géographie, Roger Brunet, pratique individuelle, action des pouvoirs publics, spécificité locale, dynamique mondiale, espace urbain, niveau de développement, société démocratique, espace européen
Le projet actuel de la mairie de Paris d'aménager la rue de Rivoli permet de rendre compte du lien étroit entre les espaces publics et les sociétés où ils se trouvent. En effet, cette initiative consiste en la réduction de la circulation automobile à une seule voie, l'élargissement du couloir de bus et la création d'une piste cyclable à double sens. En cela, elle répond à une volonté de rendre la partie monumentale de la ville plus accueillante pour les touristes, de mettre en valeur cette monumentalité, et de diminuer les nuisances sonores pour les riverains.
(..)
Il faut donc se demander si les espaces publics sont spécifiques aux sociétés dans lesquelles ils sont insérés, ou bien s'ils connaissent certaines normes et tendances communes, c'est-à-dire s'il existe une uniformité relative de ces espaces à travers des sociétés différentes. En parallèle, les espaces publics doivent être différenciés pour mieux saisir l'influence respective des sociétés et des dynamiques mondiales, et ce sur quoi elle s'exerce. Ainsi, dans quelle mesure les espaces publics sont-ils le produit des différentes sociétés qui les accueillent ?
[...] L'auteur met en lumière l'existence d'un espace intermédiaire, entre l'espace privé et l'espace public, où se déroulent des activités qui se rattachent au privé ou à l'intime. Ainsi, les cérémonies de deuils prennent souvent place dans des cours communes, ou même dans la rue. De la même manière, il y a fréquemment des commerces informels à même la rue. La rue se mue en un espace semi-privé : des communautés y pratiquent des activités qui semblent relever du privé ou de l'intime, tout en assumant leur publicité. [...]
[...] Par ailleurs, cet aspect symbolique des espaces publics centraux, commun à toutes les sociétés, éclaire les pratiques, également partagées, qui y ont lieu. Ainsi, ces espaces accueillent manifestations, protestations, et rassemblements : leur position centrale et leur fonction symbolique permettent d'accroître la visibilité et l'impact de ces évènements. Lors du Printemps arabe, les protestations ont pris place dans de tels espaces. Les grandes places de divers pays ont ainsi été investies : la place Tahrir au Caire en Egypte, la place de la Perle à Manama au Bahreïn. [...]
[...] Malgré des différences considérables, les espaces publics des différentes sociétés se rejoignent sur certains points. Les pratiques qui y sont associées, mais aussi leurs statuts et leurs fonctions connaissent une certaine similarité. Cela est d'autant plus vrai que ces espaces sont parcourus par des individus qui viennent parfois de sociétés différentes. Dans le contexte de mondialisation, les espaces publics, particulièrement les espaces publics centraux des grandes métropoles mondialisées, constituent un creuset de populations diverses, ce qui engendre une uniformisation des pratiques. [...]
[...] En effet, les pratiques de ces espaces diffèrent d'une société à l'autre. D'autres facteurs spécifiques à chaque société, comme le niveau de développement ou la nature du régime politique, influent également sur les espaces publics, et en font des espaces caractéristiques des sociétés qui les accueillent. Cependant, ils sont aussi déterminés par certaines normes ou certaines pratiques communes à des sociétés différentes, il y a une certaine uniformité, issue de la colonisation et de la mondialisation. Les espaces publics sont à la fois produits des sociétés dans lesquelles ils sont insérés, mais également construits par des tendances à l'échelle mondiale : ce paradoxe apparent souligne l'actuelle mutation de ces espaces, soumis à des dynamiques contradictoires. [...]
[...] Ces espaces publics créés sur le modèle européen sont demeurés, au sein de sociétés désormais indépendantes. Ainsi, la place centrale, qui met en valeur la monumentalité des bâtiments aux alentours, à l'origine européenne, se retrouve désormais dans le monde entier. Par ailleurs, le modèle européen, outre sa diffusion par la colonisation, s'est également répandu car il était une source d'inspiration pour des sociétés non européennes. Par exemple, le khédive d'Egypte et du Soudan Ismaïl Pacha fit construire la place Tahrir dans la seconde moitié du XIXème siècle conformément au modèle européen : celle-ci est bordée par des bâtiments au caractère monumental, et est le point de convergence de rues droites et bordées d'arbres percées à la même époque. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture