En géographie, il n'est pas rare d'étudier, par une pensée dualiste, l'organisation de l'espace. En effet, de nombreuses analyses tendent à structurer les oppositions spatiales et les relations entre les sous-ensembles territoriaux par la détermination de différentes catégories du monde. Ces découpages du monde sont appuyés sur des phénomènes de domination et d'antagonisme. Le modèle "centre-périphéries" illustre bien cette idée d'interaction hiérarchique entre les espaces ; le centre possède des capacités de production, d'innovation, d'attraction tandis que la périphérie va se poser négativement par rapport au centre et va se définir comme une aire marginale, écartée, sous-équipée et dominée. Et il en est de même en ce qui concerne le modèle "sous-développé-sur-développé".
Cette vision des choses n'est pas totalement erroné cependant elle reste schématique voire réductrice. Mais alors comment appréhender le concept de frontière aujourd'hui ? La configuration spatiale peut et doit se comprendre aujourd'hui par une interaction mais également par l'existence d'espaces de transition et d'interpénétration qui ne sont pas particulièrement inférieurs aux espaces de références (...)
[...] L'espace intermédiaire doit donc se comprendre comme un espace de séparation mais en même temps de jonction entre deux systèmes, sans pour autant faire de ce type d'espace, une espace vide dont le propre serait l'inactivité. En effet, ces espaces assurent un rôle important de transition et de relais entre et avec leur environnement. Il y a donc une réelle interaction. Cet espace va même jouer le rôle très important de l'interface dans leur entreprise de régulation des échanges. L'espace intermédiaire ne va donc cesser de s'inscrire dans un concept flou puisqu'il se caractérise par une zone graduelle de transition entre deux systèmes sensiblement opposés. [...]
[...] C'est le cas de la littoralité, de la continentalité ou de l'urbanité par exemple. L'espace intermédiaire est donc un espace frangeant. Pour illustrer cette rupture, Amor Belhedi nous signale que de nombreux préfixes sont utilisés. En effet, on utilise le préfixe sub pour désigner cette rupture dans le processus (subaride, sublittoral, subcontinental, subhumide . etc) mais également le préfixe semi (semi-urbain) ou péri (périphérie, périurbain). Tout cela pour dire que le passage au sein de l'espace intermédiaire est un décalage par rapport au système de référence. [...]
[...] L'espace intermédiaire est un espace de vie avant tout. C'est le lieu d'un vécu, d'une reproduction de pratiques socio-spatiales. Un espace où le vécu, l'être humain doivent y trouver une place et une pertinence en s'adaptant à ses structures. Ce type d'espace est un donc un espace vivant dans lequel les enjeux sont de plus en plus important d'un point de vue géographique, économique, politique, institutionnel, idéologique et humain. Ici, nous finirons en citant Etienne Duval, psychosociologue à Lyon: S'il n'y avait dans l'écriture, le blanc pour séparer les mots, la lecture et le déchiffrement du sens seraient impossible Belhedi (Amor), Repères pour l'analyse de l'espace, publication en 1998, Cahier du Ceres pages. [...]
[...] Et ces espaces intermédiaires sont souvent drainés, exploités par les espaces centraux dont ils constituent à la fois la soupape de sécurité et un espace frontière. A ce stade de notre réflexion, nous pouvons prendre l'exemple du Canal de Dabara à Madagascar, pour illustrer nos propos. A Madagascar, dans la région du Menabe central, existe un canal (le canal de Dabara); ce canal va du delta de Morondava jusqu'en amont, la plaine de Mahabo. Entre ces deux zones, il existe une zone intermédiaire assurant la transition, le passage. [...]
[...] Quel est l'espace intermédiaire? Nous pouvons indiquer, afin de répondre à cette question, que passer de l'espace public à l'espace privé sous entend quitter un groupe social, un rôle, un statut, une pratique pour se préparer au nouvel espace à venir, au nouvel univers que l'on va intégrer. Se trouver dans n'importe quel lieu suppose une adaptation de l'individu (tenue, posture, gestes, pratiques sociales . Et c'est précisément à cette transformation que sont voués les porches, allées, halls, vestibules, escaliers, ascenseurs, couloirs . [...]
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