Le XVIIIe siècle est une période de réformes importantes avec l'arrivée des Bourbons sur le trône espagnol. En effet, en 1713 prend fin la Guerre de Succession d'Espagne qui est le théâtre de l'affrontement entre les Habsbourg d'Autriche et les Bourbons de France pour la succession de Charles II (1665-1700), ces derniers sortent vainqueurs et le duc d'Anjou devient Philippe V roi d'Espagne. A défaut d'être une grande puissance continentale européenne, l'Espagne se concentre alors sur ces colonies. L'Empire colonial espagnol est alors divisé en trois vices royautés, celles de la Nouvelle-Espagne (1535), du Pérou (1544) et de Nouvelle Grenade (1717) puis plus tard du Rio de Plata (1776). Cet empire connait après les années 1750 une forte croissance démographique, contrairement à la métropole qui elle est en déclin aussi bien démographiquement qu'économiquement. Les réformes vont avoir pour but d'inscrire le modèle absolutiste des Bourbons dans les colonies notamment en essayant notamment de réformer les pouvoirs territoriaux intermédiaires.
[...] Par ce fait les cabildos se positionnent comme les représentants des territoires. La disparition du corregidor, permet aussi aux municipalités d'avoir des pouvoirs plus importants sur l'espace urbain et rural permettant aux cabildos de jouer une juridiction complète sur tout le district ce qui nous permet de parler de véritable territoire municipal. On peut aussi voir à travers les municipalités un processus d'autonomisation avec l'institution municipale qui s'étend à de nombreux sujets inégalement répartis sur l'ensemble du territoire et qui par ce fait empêche l'identification d'une ligne hiérarchique entre les municipalités et les niveaux d'administration étatiques qui doivent contrôler l'activité des institutions locales. [...]
[...] Toutes les réformes visant à centraliser le territoire ont échoué de par l'importance des pouvoirs locaux en tant que freins à la création d'un véritable Etat-nation centralisé. Ainsi, le pouvoir des élites créoles et des municipalités loin d'être affaibli est renforcé notamment par les guerres et le système représentatif, car ils ont réussi à se réapproprier le modèle de la nation libérale . La dispersion de la souveraineté en différents corps territoriaux rend ainsi difficilement gérables les nouveaux régimes républicains. F. Morelli, Territoire ou nation ? [...]
[...] On assiste aussi à l'acquisition du fuero militaire aux Créoles pour les attirer au sein des milices, le fuero étant un privilège. C'est une immunité juridique face aux tribunaux civils et pénaux donnant un statut juridique spécial en leur permettant d'échapper à la justice ordinaire. Ce statut leur donne des privilèges tels que la possession d'armes, l'accroissement de leur prestige et une réputation sociale. Ces milices américaines sont levées et financées par les grands propriétaires terriens ou les municipes à travers les réseaux corporatifs ou clientélistes. [...]
[...] Les élites créoles par ce fait maintiennent leur pouvoir sur la société via l'occupation des postes dans l'armée et les milices. Il permet aussi dans le cadre des officiers miliciens à un moyen d'ascension sociale. On remarque aussi aussi par ce fait que la quasi-totalité des forces de la région est contrôlée par des Américains transformant les mouvements d'indépendances en guerre civile. ( L'Espagne entre 1811 et 1820 n'envoie que quelques troupes, car les forces présentes royalistes ou indépendantistes sont essentiellement américaines). [...]
[...] L'élite créole réagit en se concentrant sur les institutions locales comprenant les municipalités et les milices. Un compromis est trouvé après les événements de 1765, la Couronne renonce à sa mainmise politique en échange d'une augmentation de la fiscalité. Les réformes visant à centraliser le pouvoir étatique sont donc en échec, car elles n'ont pas permis d'affaiblir les oligarchies qui s'emparent des institutions administratives inférieures bénéficiant de la légitimité des intérêts locaux. De la chute de la monarchie à la Constitution de Cadix (1808-1812) Le 10 mai 1808 Joseph Bonaparte est nommé roi d'Espagne par Napoléon après l'invasion de la péninsule ibérique par les troupes françaises. [...]
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