« Le XXIème siècle sera celui du vieillissement démographique avait annoncé Alfred Sauvy. Il s'agirait, pour mieux comprendre cette affirmation et surtout les conséquences qui découleraient d'une telle évolution démographique, d'analyser la fécondité (au sens large) dans la population mondiale, depuis le milieu du XVIIIème siècle.
En effet, la fécondité doit être étudiée dans un schéma global d'évolution, et c'est justement ce qui permet de mieux évaluer les relations diverses qu'entretiennent démographie, croissance économique, et transformations socioculturelles, dans les pays développés et dans ceux en voie de développement. Il s'agit donc de tirer des enseignements de l'étude de la fécondité dans la population mondiale, depuis le milieu du XVIIIème siècle, pour comprendre la situation actuelle et éventuellement agir sur les comportements démographiques.
Ainsi, l'étude de la fécondité dans la population mondiale depuis le milieu du XVIIIème siècle, nous enseigne que la démographie obéit à un schéma universel d'évolution, la transition démographique, qui comporte cependant des décalages et des variations dans le temps et l'espace, et qui doit être relié aux transformations économiques, sociales et culturelles majeures. Il s'agira ensuite d'analyser les tendances démographiques des pays développés depuis le milieu du XXème siècle dont les conséquences globales, posent la question du rôle de l'Etat dans les politiques démographiques et notamment migratoires, compte tenu des décalages avec les pays en développement.
[...] D'autre part, la fécondité est une donnée que l'on peut plus ou moins facilement contrôler mais que l'on ne maîtrise pas toujours, et avec laquelle il faut donc composer. Enfin, elle est intimement liée aux évolutions à la fois économiques, sociales et culturelles et doit être prise en compte par les gouvernements. En Europe, le vieillissement s'accélère (G. Calot le montre bien en introduisant le concept d'âge relatif) et le risque de décroissance démographique est patent. L'Union Européenne ne doit-elle pas mettre en œuvre une véritable politique migratoire active et concertée ? [...]
[...] Il faut commencer par définir la transition démographique. C'est, selon J. C. Chesnais, le passage d'un régime démographique traditionnel (fécondité et mortalité fortes) à un régime démographique moderne (faibles fécondité et mortalité) en deux étapes, avec d'abord une baisse de la mortalité puis une diminution de la fécondité. En France, ces deux étapes furent néanmoins simultanées dès 1750/1760. Différentes explications peuvent être apportées à cette baisse précoce de la natalité : la suppression du droit d'ainesse, la lenteur de la Révolution industrielle, la diffusion d'un modèle malthusien de la bourgeoisie vers le peuple, la baisse de la mortalité infantile Mais la théorie de la modernisation améliorée par Beaver se propose d'accéder à une compréhension plus globale du phénomène, d'accéder aux facteurs déterminants de la transition démographique. [...]
[...] Au Mexique, c'est plutôt une politique de baisse de la natalité active qui explique le passage d'un ISF de seulement 2,5 aujourd'hui. Les pays asiatiques ont eux aussi connu une transition démographique précoce (en comparaison avec les pays en développement). C'est lié, explique L. Tabah, aux caractéristiques socioculturelles de la région (polygamie non pratiquée, nuptialité tardive, acceptation de la contraception ) et aux valeurs confucéennes. Mais cela est également lié aux progrès de l'agriculture (Révolution verte), à l'existence de structures étatiques efficaces et au développement économique. [...]
[...] Finalement, si la hausse de la population durant la période du baby boom a permis dans un premier temps, le renouvellement générationnel, une main d'œuvre jeune, nombreuse et qualifiée (avec massification scolaires et objectif affiché d'égalité des chances dans les années 1950 en France) et la prise en charge des personnes âgées avec la mise en place de politiques de vieillesse et des retraites par répartition, cette houle démographique pourrait poser de graves problèmes compte tenu des indices synthétiques de fécondité aujourd'hui (large potentiel de décroissance démographique à la base de la pyramide). Le vieillissement de la population dans les pays développés pose donc des difficultés en termes de dynamisme, de productivité (bien qu'il n'y ait pas d'étude précise sur la productivité des séniors), de dépenses de santé, de retraites, de mobilité des seniors sont propriétaires de leur appartement). C'est aussi l'apparition d'une nouvelle catégorie sociale (H. Mendras), qui aux Etats-Unis est mobilisée (l'Association américaine des personnes retraités a 35,5 millions d'adhérents). [...]
[...] D'où l'importance, pour le retour à un certain dynamisme démographique dans les pays développés, d'une politique volontariste, comportant à la fois une politique novatrice et une politique migratoire ouverte mais sélective (J.C. Chesnais) mais aussi l'importance du développement pour l'équilibre démographique dans les pays en voie de développement. Ces pays vont en effet être confrontés à un vieillissement démographique, plus ou moins proche selon les caractéristiques nationales, qu'ils vont devoir gérer. Mais pour le moment, une grande partie de ces pays en développement doit plutôt s'occuper d'une population jeune nombreuse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture