L'unité du sous-continent indien réside essentiellement dans ses densités colossales, la prééminence de la population rurale et son sous-développement global ; pourtant, force est de constater que l'Asie du sud s'avère en fait pétrie de divergences et d'inégalités. Ainsi, en Inde, un habitant sur 4 vit en ville, contre 9% au Népal et au Bhoutan ; la part de l'industrie dans le PIB atteint 27 % au Sri Lanka, contre 20% seulement pour les Etats montagnards essentiellement agricoles... Le miracle pendjabi contraste quant à lui largement avec l'agriculture tribale ou celle des régions quasi désertiques... De toute évidence, l'Asie du Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh, Bhoutan, Népal, Sri Lanka, Maldives) connaît d'importants différentiels de développement.
En quoi l'Asie du Sud apparaît-elle comme un espace foncièrement hétérogène, et comment expliquer cette grande diversité, au demeurant présente à diverses échelles ? (...)
[...] Aux côtés de l'ouest du Sri Lanka très tourné vers l'exportation des rives de l'Indus, du quadrilatère d'or indien, toutes zones intégrées dans les réseaux au maillage relativement bien développé, figurent des espaces fort délaissées, en marge de cette ouverture, comme l'Inde centrale, les régions périphériques du Pakistan ou encore le nord et l'est du Sri Lanka, sans parler du Népal et surtout du Bhoutan, encore très fermés sur eux-mêmes, avec des infrastructures peu développées et peu adaptées au monde moderne. Au contraire, le dynamisme de régions portuaires telles que Karachi, Chittagong ou les grands ports indiens est remarquable. On le voit, les disparités régionales sont très importantes dans le domaine économique ; bien plus, il risque même de s'accentuer * Désormais, pour finir, une brève typologie, mettant en lumière les différenciations régionales de l'Asie du Sud peut être envisagée. Analysons d'abord les espaces les plus avancées et développés, sur les plans humain et économique. [...]
[...] IL s'agit d'expliquer l'existence de si fortes concentrations de populations dans ces régions. Les avantages du milieu, climatiques ou physiques, ne sont bien sûr pas négligeables : en effet, une forte pluviosité attire les populations (littoraux indiens par exemple) : les montagnes, par leur relief, sont peu favorables à une agriculture intensive, alors que les plaines alluviales littorales, de l'Assam par exemple ou les sols noirs, très riches, du Deccan, sont plus faciles à mettre en valeur. Les zones trop sèches (désert du Thar, Baloutchistan, Rajasthan) découragent l'installation. [...]
[...] Ces pays sont essentiellement ruraux, mais d'importantes variations sont repérables : si le taux d'urbanisation du Bhoutan est de celui de l'Inde est de 25%. Au demeurant, dans cette dernière, les chiffres relatifs (parmi les plus faibles du monde) contrastent fortement avec les données absolues : 217 millions d'urbains, soit l'équivalent de la population états-unienne ! Cependant, cette urbanisation est inégale. En Inde se détachent trois vastes régions urbaines, commandées par une métropole : Calcutta, Bombay, Chennai, toutes trois développées sous la colonisation. [...]
[...] Le textile reste partout majoritaire, en particulier dans le Maharastra, au Pendjab, dans le Sud de l'Inde (Tamil Nadu), suivi de l'agro-alimentaire et, globalement, de la chimie. Les principales régions industrielles sont les espaces d'influence de Calcutta (cependant en déclin), de Bombay, Chennaï et New Delhi ; le Nord-est de l'Inde, qui présente un riche sous-sol, mais aussi le Pendjab, où fleurissent des industries légères (souvent stimulés par les capitaux obtenus grâce aux surplus agricoles, dans un véritable cercle vertueux, puisque l'industrie stimule à son tour l'agriculture, par la mécanisation), dans la Damodar, au Gujarat (Industrie lourde) D'autres régions sont bien sûr bien moins dynamiques : Baloutchistan, Laquedives, Etats montagnards (seulement 10% environ de PIB industriel et de main-d'œuvre dans le secteur secondaire Le credo Libéral, adopté dans les années 1980 par le Sri Lanka, et dans la décennie suivante par les autres régions, renforce encore les disparités régionales déjà existantes : le désir de rééquilibrage s'efface, comme pour l'agriculture ; le rôle de l'Etat est fortement remis en question. [...]
[...] Au-delà de disparités interétatiques, éclatent des divergences internes. Ainsi, en Inde, les Etats Bimaru (Etats malades : Bihar, Madhya Pradesh, Rajasthan, Uttar Pradesh) sont de loin les moins avancés, tandis que les Etats dyu Sud (Kerala notamment) peuvent être comparés au Sri Lanka. De plus, le niveau de développement s'avère globalement (mais pas systématiquement) meilleur en ville. De surcroit, la croissance démographique, pas homogène en Asie du Sud, contribue à creuser les disparités régionales : plus forte dans les Etats musulmans (Maldives surtout), elle est bien plus faible dans le Sud de l'Inde ; les Etats Bimaru sont là encore fort mal placés, avec une croissance démographique galopante. [...]
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