Dans Les phénomènes de discontinuités en géographie, Roger Brunet définit la notion de discontinuité en relation avec celle du seuil, ou « l'existence de points (dans l'espace ou dans le temps) à partir desquels une évolution saute brusquement, en changeant de rythme, voire de sens ou de nature, qui a été mise en évidence dans de nombreuses sciences. ». Discontinuité entend rupture et limite établie entre les deux éléments en rupture, mais Roger Brunet souligne également l'existence de différents types de discontinuités, variant du fait de l'évolution spatiale, temporelle, et souvent même des deux. Ainsi cette notion s'inscrit dans le territoire de l'Asie du Sud Est, dans la mesure ou cette « région entre deux géants » (située entre l'Inde et la Chine) est très caractérisée par un incroyable aspect de mosaïque. En effet, très tôt berceau d'une civilisation, ce carrefour entre l'Orient et l'Occident a été par la suite le point de convergence d'influences diverses (et parfois, voire souvent opposées) qui ont aboutit à former l'ensemble hétéroclite connu sous l'appellation récente d'Asie du Sud Est. Dés lors, on en vient à dire que du fait de facteurs physiques, historiques, et sociaux, l'Asie du Sud Est se présentait comme un espace potentiel d'intensité des interactions (a priori la discontinuité est ferment de diversité, on peut de fait y introduire l'idée d'échange). Ce n'est pourtant pas tout à fait le cas, puisque que cet ensemble se révèle surtout être le lieu d'une hiérarchie sociale en « rapports de force » (en alignement sur un modèle dit « mondial »). Ce phénomène s'explique par l'intervention d'héritages naturels et historiques, ce qui relève d'un certain déterminisme naturel et de l'empreinte civilisationnelle et colonialiste ; mais aussi par la mise en valeur des sociétés qui a accentué les discontinuités, notamment dans la répartition humaine, l'organisation étatique et l'urbanisation. C'est enfin l'émergence d'un « modèle spatial asiatique » qui porte le caractère discontinu de l'Asie du Sud Est en présentant une échelle sociale différentiée, où s'enclave tout particulièrement le fait de la ségrégation.
[...] C'est avant tout en accentuant l'amélioration de pôles bien définis (pour le commerce, l'exploitation de ressources) que les puissances coloniales ont renforcé une structure centre/périphérie déjà existante autrefois. Par exemple pour le cas de Bangkok, même si la Thaïlande n'a pas été colonisée, la tendance était de concentrer tout le développement du pays dans la ville. Cette politique des autorités de drainage du dynamisme vers Bangkok a été pour beaucoup impulsée par le traité Bowring, signé avec les Anglais au 18e siècle, un traité commercial. [...]
[...] Mais ces facteurs, bien que déterminant n'ont pu être mis en valeur que du fait de la colonisation anglaise qui a joué un rôle de levier pour l'ascension et la modernisation de Singapour (dans un but d'exploitation). La colonisation est ainsi un autre ferment de la région, responsable de la pérennité des discontinuités mais aussi de l'émergence de nouvelles. L'Asie du Sud Est a subi la colonisation des nations européennes (et américaine pour les Philippines, après les Espagnols) qui ont découvert en cette région un réservoir incroyable de richesses variées. [...]
[...] Moi, ça me posait beaucoup de problèmes de voir tous ces gens dans la misère. C'est vrai qu'ensuite, tu vis à côté, tu t'y fais, même si c'est injuste, de toute façon on ne peut pas y faire grand-chose. C'est vrai aussi que Manille est une ville assez épouvantable : c'est immense, pollué, embouteillé S'y déplacer est assez cauchemardesque Il en ressort que la ville type de la région, joue le rôle de révélateur des réalités sociales du pays, au même titre les desakotas (dans un sens campagne à la ville font ressortir une autre réalité : celle de la discontinuité dans les activités, l'idée de zonage des fonctions (surtout caractéristique à Singapour), le tout sur une surface assez restreinte, ce qui produit un effet de fragmentation assez remarquable. [...]
[...] Néanmoins le gouvernement vise à éduquer unanimement la langue vietnamienne. En Thaïlande, une unité concrète est presque observable car c'est uniquement la langue siamoise qui est traitée dans le milieu scolaire. En Birmanie, la question est plus problématique, un seul groupe domine, en particulier au plan politique: il s'agit des Birmans, qui représentent 69% de la population nationale officiellement, mais il serait possible que le chiffre véritable soit entre 55 et ce qui donnerait aux minorités une part de 40 à 45%. [...]
[...] Laquelle junte tente de rebaptiser le pays du nom de Myanmar, envers et contre l'opposition démocratique et avec l'opinion tacite, soit naïve soit complice, de la presque totalité de la communauté internationale. Cette forme de disparité se retrouve, dans un certain sens, dans les milieux urbains, et constitue la ségrégation urbaine. La ville en Asie du Sud Est est un espace incroyablement fragmenté. Porteuse des héritages du colonialisme, mais aussi des civilisations asiatiques, elle constitue réellement une mosaïque, à l'image de la ville de modèle mondial d'aujourd'hui, autrement dit une ville de quartiers formant une communauté diversifiée. [...]
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